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Il y a tout juste un an, lors de l’ouverture du synode annuel des évêques chaldéens, le 21 août dernier, à Bagdad, le cardinal Louis Sako avait pointé la nécessité d’un changement des mentalités et du “système national” de son pays, où “l’héritage islamique a fait des chrétiens des citoyens de seconde zone et permet l’usurpation de leurs biens”. Un changement que le Pape François avait déjà appelé de ses vœux en mars 2021, lors de son voyage dans le pays.
Mais les récents événements qui se sont déroulés depuis le mois de mai en Irak montrent combien la communauté catholique chaldéenne, qui compte environ 400.000 fidèles, est de nouveau dangereusement menacée. Des persécutions qui ne viennent plus de l’État islamique mais du gouvernement irakien lui-même.
Début mai, le chef de l’Église chaldéenne, créé cardinal par le Pape en 2018, s’est retrouvé au centre d’une campagne médiatique acharnée, suite à ses déclarations critiques sur la représentation politique de la minorité chrétienne d’Irak. Le patriarche Sako avait critiqué le fait que les partis politiques majoritaires occupaient au Parlement des sièges réservés selon la loi aux composantes minoritaires de la population, dont les chrétiens.
Le 3 juillet dernier, le président irakien Abdel Latif Rashid a révoqué le décret de reconnaissance légale du patriarche des Chaldéens, le cardinal Louis Raphaël Sako, au prétexte qu’il n’était pas conforme à la Constitution. Ce décret présidentiel désignait le cardinal Sako comme patriarche de l’Église chaldéenne et lui reconnaissait le pouvoir d’administrer les biens de son Église. La révocation de ce décret, émis par l’ancien président Jalal Talabani le 11 juillet 2013, lui fait perdre également son immunité en tant que chef religieux.
Selon le media kurde Rudaw, cette décision du président irakien est intervenue après que ce dernier ait rencontré Rayan al-Kaldani, le chef du Mouvement de Babylone, un parti politique dotée d’une milice “les Brigades de Babylone”, se revendiquant comme chrétien mais affilié en réalité aux Forces de mobilisation populaire pro-iraniennes (PMF) et au Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Le but d’Al-Kaldani serait d’écarter le patriarcat chaldéen pour endosser le rôle de représentant des chrétiens dans le pays.
Tollé national
La présidence irakienne, dans un communiqué publié mercredi 12 juillet, a défendu sa décision de révoquer le décret présidentiel, affirmant qu’il n’avait aucun fondement dans la Constitution sous prétexte que les décrets présidentiels ne sont publiés que pour ceux qui travaillent dans des institutions gouvernementales ou des ministères. “Une institution religieuse n’est pas considérée comme une institution gouvernementale, le clerc responsable n’est pas considéré comme un employé de l’État”, énonce le communiqué. La présidence concède néanmoins que “le retrait du décret républicain ne porte pas atteinte au statut religieux ou juridique du cardinal Louis Raphaël Sako, puisqu’il est nommé à ce titre par le Vatican“.
Une décision qui a déclenché un tollé national de la part des membres et des dirigeants des différentes communautés religieuses, chrétiennes mais aussi sunnites, qui ont condamné la manœuvre du Président et qui l’ont décrite comme une attaque directe contre le cardinal Sako. Jeudi 13 juillet, les chrétiens de Mossoul et de la Vallée de Ninive ont organisé une manifestation à Karamles.