Sept jours et sept nuits : c’est ce qu’il a fallu aux restaurateurs et aux archéologues pour mener leurs travaux respectifs à l’intérieur du tombeau du Saint-Sépulcre, exceptionnellement fermé aux pèlerins à cette occasion. Un communiqué émanant de l’archéologue italienne Francesca Romana Stasolla – responsable du chantier – et publié le 7 juillet par la Custodie de Terre sainte en livre les premières constatations :
Les fouilles ont révélé l’aménagement paléochrétien de l’édicule, auquel on accédait par deux marches de marbre blanc. Devant lui s’étendait un sol de dalles de pierres dont des traces ont été retrouvées dans le mortier. Leurs dimensions et leur tracé peuvent être reconstitués. Ce sol se poursuit sur environ 6 mètres vers l’est, jusqu’à rejoindre un plan de grands blocs lithiques blancs, bien lissés, disposés dans le sens nord-sud.
Cette disposition serait donc celle de la Rotonde à la fin du IVe siècle – soit à l’époque de la basilique constantinienne –, comme en témoigne la découverte d’un “trésor de monnaies” sous le pavement, dont certaines ont été émises sous le règne de l’empereur Valens (364-378).
Le communiqué, très technique, poursuit en énumérant d’autres trouvailles, notamment dans la chapelle dite de l’Ange : “un dallage en marbre gris qui reposait directement sur la paroi rocheuse”, mais dont il ne subsiste que des fragments, ainsi que des morceaux de murs orientés nord-sud, correspondant probablement aux “bases des enceintes liturgiques mentionnées également par la pèlerine Égérie, à la fin du IVe siècle”.
À l’intérieur de la tombe, précise encore Francesca Romana Stasolla, les archéologues ont également mis au jour un dallage d’époque médiévale portant “des traces de fréquentation intense qui l’ont rendu extrêmement lisse”. Mais il semblerait que des aménagements avaient été entrepris dès l’ère paléochrétienne pour inciter les pèlerins à visiter la tombe de Jésus. Enfin, des vestiges “de la base de la balustrade de l’enceinte liturgique du XVIe siècle sont apparus” ; on sait que celle-ci est restée en usage jusqu’aux rénovations du XIXe siècle.
Pourquoi ces travaux ?
Il ne s’agit ici que d’un rapport d’étape, le quatrième depuis le début des travaux initiés le 14 mars 2022, après avoir été retardés en raison de la pandémie de Covid-19. À la suite d’un accord conclu entre les trois confessions-gardiennes de la basilique du Saint-Sépulcre – catholique latine, grecque orthodoxe et arménienne apostolique –, décision a en effet été prise de lancer une restauration d’ampleur du pavement de l’éminent sanctuaire, trois ans après celle de l’édicule de la tombe. Usés par le temps et par le piétinement des pèlerins, les 1.000 m2 de pavés du Saint-Sépulcre avaient, de fait, bien besoin d’une cure de jouvence. Le travail des restaurateurs, venus de Turin, consiste donc à nettoyer ces pavés, à les réparer ou à les remplacer. Pour ce faire, la basilique a été divisée en dix zones, rénovées l’une après l’autre, de manière à ne pas trop affecter la vie de la basilique, ni le rythme des offices qui s’y déroulent.
Cette restauration est doublée de fouilles archéologiques, confiées cette fois à une équipe de l’Université romaine de La Sapienza. Objectif : faire parler les sous-sols du Saint-Sépulcre, en repérer les différentes strates, afin de mieux comprendre les évolutions historiques et architecturales du plus important sanctuaire du christianisme.