L’université d’été annuelle du Medef, qui s’est déroulée les 28 et 29 août, a été marquée par une lettre du pape François lue par Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, adressée à cette occasion aux chefs d’entreprise français, en ouverture de l’événement. Après le président ukrainien Volodymyr Zelensky en invité superstar l’année dernière, place donc à la doctrine sociale de l’Église, à l’évocation de l’entrepreneur, cheville ouvrière du bien commun, créateur d’emploi, parfois écrasé par les difficultés économiques, dépositaire du capital humain de l’entreprise. Le Pape a évoqué rapidement la figure de saint Joseph le charpentier, et il est vrai que les évocations économiques ne manquent pas non plus dans le Nouveau Testament. Le texte pontifical nous pose en fait cette question : comment se persuader vraiment que les entrepreneurs sont aimés de Dieu, alors qu’ils sont si souvent décriés ?
Le chemin de Zachée
L’Église n’a aucun contentieux avec eux, et il faut faire la distinction entre eux et l’idolâtrie de l’argent et de manière sous-jacente avec le monde des affaires, illustré par leurs représentants que Jésus a chassé du Temple. L’entrepreneur est même appelé à la sainteté ! Deux personnages peuvent nous aider à comprendre le chemin à suivre. Pensons tout d’abord au petit et riche Zachée de Jéricho, ville commerçante, qui cherche à rencontrer Jésus malgré les obstacles : sa taille, et la foule hostile. C’est d’abord cette démarche volontaire qui est éclairante, que Jésus observe, et qui déclenche ensuite le dialogue.
On voit bien ensuite la bonté de Zachée, son envie de partage, sa lucidité pour reconnaître ses erreurs et les injustices commises. Le chemin passe donc par la recherche de Dieu qui nourrit le souci de générosité et de justice, en partageant les fruits de la richesse, par exemple par le juste impôt, par la création d’emploi, ou via la participation aux bénéfices de l’entreprise. Au passage, on peut constater que l’argent n’est pas rejeté mais orienté au bien commun.
Dans la vie de tous les jours
C’est également cet argent qui sert au Bon Samaritain dans la célèbre parabole qui évoque la fraternité. De nouveau dans l’Évangile selon saint Luc, cet homme dont on ne sait absolument rien, et laissé à moitié mort alors qu’il se rend à Jéricho, est sauvé par la compassion — littéralement en grec “pris aux entrailles” — et la générosité de ce Samaritain, qui agit immédiatement mais aussi dans le temps. Il s’agit là de prendre en compte le soin à donner aux autres, non simplement en cas de danger mortel, mais dans la vie de tous les jours, en se souciant de leurs fragilités. L’entrepreneur doit donc fuir l’égocentrisme en considérant sa communauté et sa collectivité, dans un exercice suprême de charité. Un peu de Zachée, un peu de Bon Samaritain : voilà un bon cocktail de rentrée !
Que le patronat français sollicite le Pape pour recevoir son éclairage, montre combien l’Église est légitime à s’exprimer sur les sujets économiques. N’ayons donc pas peur de faire de même et de nous référer à cette pensée sociale chrétienne pour agir, mais aussi éclairer les petits ou grands troupeaux dont nous avons la charge !