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Au Canada, elle se voit proposer le suicide assisté comme remède à sa dépression

Patient in hospital bed

Motortion Films | Shutterstock

J-P Mauro - Cécile Séveirac - publié le 03/09/23

A Vancouver, au Canada, Kathrin Mentler s'est vue proposer l'aide médicale à mourir (AMM), ou suicide assisté, alors qu'elle était venue à l'hôpital pour trouver de l'aide face à ses pensées suicidaires, révèle un quotidien canadien mi-août. Une situation qui interroge, alors que le débat sur la fin de vie se poursuit en France.

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Kathrin Mentler ne s’attendait certainement pas à obtenir une telle réponse du personnel médical de l’hôpital de Vancouver. En juin, cette canadienne de 37 ans s’y rendait pour évoquer sa dépression et les pensées suicidaires qui l’agitent, espérant obtenir une aide psychiatrique. Cependant, elle s’est vu proposer par le clinicien en charge l’Aide Médicale à Mourir (AMM), qui a fait valoir un délai d’attente trop long pour consulter un psychiatre, ainsi que le manque de lits disponibles à l’hôpital, rapporte le journal canadien The Globe and Mail dans un article publié le 9 août.

“Je ne voulais pas me retrouver dans une situation où je penserais à prendre une surdose de médicaments”, explique ainsi Kathrin. “Ce jour-là, mon objectif était de me protéger. Je pensais essayer de me faire admettre à l’hôpital parce que je traversais une crise”, ajoute-t-elle. De son côté, l’hôpital de Vancouver a confirmé que cet échange avait eu lieu, mais a déclaré que le sujet de l’AMM avait été abordé pour évaluer le risque de suicide de Kathrin Mentler. Les médecins sont en effet tenus “d’explorer toutes les options de soins disponibles”, d’après l’hôpital, qui s’est cependant excusé en ces mots : “Nous comprenons que cette conversation a pu être bouleversante pour certains et partageons nos plus sincères excuses pour toute détresse causée par cet incident.”

L’accès au suicide assisté pour les maladies mentales en 2024

“Plus j’y pense, plus je pense que cela soulève de plus en plus de questions éthiques et morales”, confie Kathrin, encore sous le choc. D’autant que le dispositif de l’AMM ne peut légalement être proposé aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale seuls. Le Canada a en effet légalisé l’aide médicale à mourir en 2016 pour les patients dont le décès est “raisonnablement prévisible” et a élargi l’admissibilité en 2021 à ceux atteints d’un “problème de santé grave et irrémédiable” amenant le patient à “ressentir des souffrances physiques ou mentales insupportables (…) qui ne peuvent pas être atténuées”. La législation devait être élargie à nouveau en mars pour rendre l’AMM accessible aux personnes atteintes de maladies mentales, mais le gouvernement canadien a préféré repousser la date butoir d’un an, afin de permettre une étude plus approfondie du sujet. Ainsi, “si votre seul problème médical est une maladie mentale, vous n’êtes pas admissible à l’aide médicale à mourir avant le 17 mars 2024”, peut-on lire sur le site du gouvernement canadien.

Dérives graves et inquiétantes

Si toutes les barrières semblent déjà franchies au pays à la feuille d’érable, le cas de Kathrin Mentler interroge alors qu’en France, le gouvernement travaille toujours sur un projet de loi sur la fin de vie. Dans son rapport rendu le 3 avril dernier, la convention citoyenne pour la fin de vie avait en effet jugé “nécessaire” d’autoriser le suicide assisté et l’euthanasie en France. Mais le projet de loi, qui devait être dévoilé à la fin de l’été 2023, semble piétiner. Dans un avis rendu public le 13 juillet dernier, l’Académie de médecine maintenait quant à elle son opposition à l’euthanasie tout en donnant son accord pour un droit “à titre exceptionnel” à l’assistance au suicide.

Tags:
BioéthiqueEuthanasieFin de vieSuicide
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