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Aleteia : Comment est née votre passion pour la photo ?
Apolline Arnaud : J’ai commencé la photo parce que mon père en faisait. Quand j’étais petite, je passais mon temps à lui voler son appareil photo. En 2016, j’ai pris la première photo qui m’a vraiment marquée : c’était une photo de maman qui racontait une anecdote. À ce moment-là, elle a levé les yeux au ciel, avec les mains jointes devant elle. On aurait dit qu’elle priait. En regardant cette photo, j’ai réalisé qu’un cliché pouvait vraiment transmettre une émotion forte, un fragment du réel.
En janvier 2022, j’ai commencé des séances de couples, de famille et de portraits. J’avais un peu peur, c’était plutôt comme un pari avec Dieu. J’avais 18 ans, j’étais dans ma première année de philo, mais je me suis dit : “Essaye, on verra bien ce qui se passe. Si ça marche, ça marche. Si ça ne marche pas, tu ne perds rien.”. Depuis, j’ai fait 200 séances photos. En octobre 2022, après des mois très compliqués à titre personnel, j’ai décidé d’arrêter mes études parce que je n’étais pas vraiment heureuse. Je suis partie en mission au Bénin trois mois. En rentrant, j’ai pris la décision d’être photographe à plein temps.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience humanitaire au Bénin ?
Au Bénin, je m’occupais d’enfants dans une école à côté d’Abomey et j’aidais les professeurs à donner des cours. La photo là-bas, c’était un peu difficile car beaucoup pensent que lorsqu’on les prend en photo, on leur vole l’âme. Je ne pouvais donc pas trop prendre de photo dans la rue. En revanche, l’association Espéra avec laquelle j’étais partie m’avait demandé de prendre des photos des enfants dans l’école où je travaillais. J’ai voulu transmettre tout ce que j’ai pu vivre là-bas par des clichés.
Je pense que la photo qui m’a le plus marquée est celle d’un enfant de trois ans qui me regarde, car son regard est si pur qu’on peut voir Dieu à travers. Ces clichés transmettent la simplicité d’enfants extrêmement pauvres, mais qui ont une joie de vivre que l’on ne trouve nulle part en France.
Vous êtes croyante. Qui vous a transmis la foi ?
Mes parents m’ont toujours élevée dans la foi, et c’est pour ça que j’ai toujours cru en Dieu. Ils nous ont appris à remercier Dieu, et à prier en permanence. Papa priait beaucoup le chapelet, maman écoutait beaucoup de musique chrétienne. J’ai vraiment été bercée par cette foi vécue et transmise en famille. J’ai cinq frères et sœurs et les déjeuners de famille sont toujours enflammés par des débats sur la foi. Mes parents ont fondé le mouvement Hopeteen, des journées d’évangélisation de jeunes par les jeunes. J’y suis moi-même engagée avec une quinzaine de jeunes responsables. Une vie de prière et de service nous est alors demandée.
Comment vous ressourcez-vous au quotidien ?
J’écoute beaucoup de louange, je prie tous les matins une dizaine de chapelet en allant à la gare et je dis des petites prières quotidiennes à Dieu. Mais surtout, je suis tout le temps en train de parler à Jésus, comme cet ami qui m’accompagne toute la journée. Ma journée est toujours bercée par ces petits rappels que Dieu est présent dans ma vie. Je me ressource aussi grâce à la photo, à mes amitiés et à ma famille. Ce sont ces relations-là qui m’aident beaucoup à grandir. Ce sont de vrais moments de ressourcement, où je suis pleinement moi-même et où je peux avoir des discussions sur la vie et sur la foi. Je sais que ce sont des personnes qui vont beaucoup m’aider et ils sont pour moi de vrais petits rayons de Dieu.
Pouvez-vous nous parler d’une retraite qui vous a marquée et aidée dans votre chemin de foi ?
C’était l’été dernier, à Paray-le-Monial, au forum des jeunes. C’était une période compliquée. Je faisais encore mes études, mais je n’étais plus heureuse alors que je faisais tout pour l’être. J’étais donc en colère contre Dieu. Je criais contre Dieu en l’accusant d’injustice. Finalement, j’ai compris que peu importe ce que je vivais, Dieu était vraiment à côté de moi, et me prenait dans ses bras dès que je pleurais.
Ce qui me ressource, c’est de savoir que Dieu gère.
À 20-25 ans on doit prendre des décisions qui ne sont pas faciles. Il y a des épreuves. La foi est un vrai combat, mais c’est important de savoir que dans ce combat, le premier à prendre l’épée et à nous défendre, c’est vraiment Jésus. Il nous protège dans ses bras pleins d’amour. Ce qui me ressource, c’est de savoir que Dieu gère. En rentrant à Paris, je voulais marquer quelque part que Dieu ne m’abandonne jamais. Alors, je me suis fait tatouer une croix sur le poignet, et quand je la vois, je me souviens de cette intuition.
Est-ce qu’être photographe de mariage a également renforcé votre foi et a changé votre regard sur l’amour ?
Ça a profondément changé mon regard sur l’amour. C’est en photographiant des mariages que j’ai vraiment pris de “grosses claques” dans ma vie personnelle. Quand je voyais ces couples se marier, si purs et si aimants, j’ai compris ce qu’était l’amour. Dieu nous appelle à cet amour quotidiennement. Il ne nous appelle pas à moins. J’ai compris qu’on est appelé à aimer et à tout donner pour l’autre. Entendre tous les samedis des homélies sur le mariage, des échanges de consentement, m’aide énormément dans mes réflexions pour ma vocation plus tard. J’ai vraiment compris ce qu’était l’amour pur et saint, ce à quoi Dieu nous appelle.