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Le péché rend l’homme au néant, rappelle quelque part Julien Green. Comme Green a raison, et comme il est vrai que le mal ne se réfugie pas dans la révolte, mais dans le silence ! La colère qui se tait, cela s’appelle la haine. L’enfer est un lieu sans parole. Tant qu’il y a du bruit, tant qu’on se dispute, l’espérance n’est pas morte. C’est à cela que je songeais en lisant les propos acrimonieux de certains bons catholiques sur notre saint Père venu à Marseille pour parler de la dignité des pauvres et des déshérités. J’ai lu aussi le bel article, qui n’était pas acrimonieux mais triste, dans lequel le philosophe Pierre Manent explique aux lecteurs du Figaro (le 25 septembre) que François ignore les nations, les nations européennes en tout cas, et que ce parti- pris politique d’un pape pourrait conduire à l’effacement de l’Église elle-même.
La parole à Paul Claudel
J’ignore jusqu’à quel point Pierre Manent voit juste et même jusqu’à quel point il croit ce qu’il écrit, ni jusqu’où l’ange latino-américain qui nous murmure à l’oreille depuis une colline de Rome, et qui nous heurte plus souvent qu’à notre tour, nous qui aimons la France dont l’histoire est l’histoire du christianisme lui-même, cherche à nous provoquer. Ce pape nous dérange, c’est certain. Je me demande si bientôt il ne nous traitera pas de “sépulcres blanchis”, comme Jésus l’a fait. La parole pontificale ne nous pousse pas au silence, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ce que j’ai retenu de la visite de Marseille, c’est ce moment où, à la fin de son homélie du Vélodrome, François a cédé la parole à Paul Claudel :
Je vois l’église ouverte, il faut entrer
Mère de Jésus Christ, je ne viens pas prier,
Je n’ai rien à offrir et rien à demander
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder,
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela
Que je suis votre fils et que vous êtes là…
“Parce que vous avez sauvé la France”
Exquise délicatesse du Pape, que de citer ce grand poète français choisi par Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, pour célébrer le Vendredi saint dans Notre-Dame martyrisée, en pleine épidémie de Covid. La France est en agonie jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas se taire pendant ce temps-là ! Il est à peine douloureux que, sans doute faute de temps, le pape ait omis de prononcer les plus beaux vers de ce magnifique poème :
… vous êtes la Mère de Jésus-Christ, qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance, et le seul fruit.
Parce que vous m’avez sauvé, parce que vous avez sauvé la France
Parce qu’elle aussi, comme moi, pour vous fut cette chose à laquelle on pense
Parce qu’à l’heure où tout craquait, c’est alors que vous êtes intervenue
Parce que vous avez sauvé la France une fois de plus…