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Aleteia : Vous avez récemment quitté votre travail pour créer “Désirés Provence”, une marque de vêtements pour enfant. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer ?
Camille Bavarde : Cela faisait un moment que j’avais en tête l’idée de me lancer. C’était un cri du cœur, je commençais vraiment à me lasser de mon métier. En arrivant à Toulon il y a trois ans, j’ai commencé dans le recrutement. Je me suis rendu compte que ce métier n’était pas fait pour moi, notamment parce que ce n’était pas assez créatif. J’ai appris à coudre en 2021. Et à la fin de l’année 2022, je me suis dit : “Il faut que je me lance, j’en ai très envie, mais je ne sais pas quoi faire”. Le 31 décembre, j’étais avec des amis et j’ai dit à tout le monde, “Vous allez voir, 2023, c’est mon année, ça y est, je me lance !” Je suis rentrée chez moi, et je me suis dit que ce n’était pas tout d’avoir parlé, mais que maintenant il fallait agir. Alors j’ai décidé de tout confier au Seigneur. Je suis allée dans l’église à côté de chez moi, j’ai déposé un cierge à saint Joseph, en lui disant que je voulais faire quelque chose de mes mains, mais que j’étais perdue. En en dix jours, j’avais mon idée, mon projet, mon logo, le nom de la boîte, j’avais tout, c’était incroyable ! J’ai confié ça au Seigneur, et pouf, c’est tombé du Ciel !
Et ensuite ?
Et puis une fois que j’avais mon idée et mon projet, il fallait que ça se mette en place concrètement. J’étais en CDI, confortable, bien payé. On a beau avoir un super projet, ce n’est pas facile de se dire qu’on va quitter ce confort-là, même si ce boulot ne m’épanouissait plus. Je ne voulais pas me lancer complètement dans le vide, ne plus avoir de revenus. Je ne savais pas comment j’allais faire, j’avais peur de demander une rupture conventionnelle à mon entreprise. Alors pareil, j’ai de nouveau confié tout cela, j’ai essayé de m’abandonner. Et deux ou trois semaines plus tard, ma boîte me proposait une rupture conventionnelle. Incroyable. Je me rappelle très bien en avoir parlé avec mes parents, leur disant: “Franchement saint Joseph, il a de l’humour ! C’est un peu extrême, je ne m’attendais pas forcément à ça comme réponse, mais pourquoi pas !”
Je suis très sensible aux clins Dieu. Pour ce qui concerne le lancement de ma boîte, j’ai été complètement guidée, je n’ai jamais été seule. Autre chose, je n’avais pas beaucoup d’argent pour commencer mon projet donc je ne savais pas comment j’allais le financer, ça me stressait un peu. Et c’est alors que j’ai reçu un courrier d’une ancienne boîte dans laquelle je n’étais plus depuis plus d’un an, où l’on m’annonçait que j’avais des primes à toucher, et que j’allais donc recevoir une certaine somme. Donc là aussi, ça tombait du Ciel !
Comment en êtes-vous venue à la couture ?
Quelques mois après être arrivée à Toulon, mes parents m’ont offert une machine à coudre que j’avais demandée pour mon anniversaire. Au début je faisais des petits accessoires, puis je me suis mise à faire mes propres vêtements et je me suis rendu compte qu’en fait, on progresse à toute vitesse. Il y a énormément de ressources sur Internet.
Je cousais énormément parce que c’était à l’époque où mon fiancé était très absent. Donc c’est allé assez vite et j’ai réalisé que j’aimais énormément ça, je me sentais hyper bien en cousant. Je ne voyais plus le temps passer, j’en oubliais même parfois de manger ! Alors je me suis dit que ce serait incroyable de pouvoir faire ça tous les jours, c’est comme ça que l’idée est venue.
Je savais que j’avais envie de faire quelque chose avec la couture, mais je ne savais pas exactement quoi. Et puis, j’ai eu l’idée de la marque pour enfants, en me mettant à faire des cadeaux de naissance. Cet aspect créatif, c’est extrêmement satisfaisant et épanouissant d’avoir une idée et de la mettre en œuvre, de voir quelque chose de beau naître entre ses mains.
Vous avez ouvert votre boutique en ligne il y a un mois, comment cela se passe-t-il pour l’instant ?
Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ça marche aussi bien dès le début. J’ai eu de la chance parce que j’ai eu beaucoup de visibilité grâce à des partages sur les réseaux sociaux. C’est super pour l’entreprise, mais aussi pour mon moral, car ce sont de sacrées montagnes russes ! C’était incroyable d’avoir autant de soutien. Mais surtout, ce qui était super, c’est que j’ai eu pas mal de commandes. Et là je réfléchis déjà à une prochaine collection pour cet hiver.
Comment fait-on pour poser des limites lorsque l’on travaille seul chez soi pour sa propre boîte ?
J’ai de la chance d’avoir mon atelier, une pièce bien à moi où j’ai tout mon bazar. Le soir, je ferme métaphoriquement la porte, tout ce qui est dans l’atelier y reste. La seule chose que je m’autorise est de recoudre des boutons sur le canapé devant un film. Mais sinon, j’essaye de travailler seulement dans mon espace de travail. C’est une chance parce que ce n’est pas le cas pour tout le monde lorsqu’on commence. Et quand je suis fatiguée et que je sens qu’il faut que j’arrête, eh bien je m’arrête, tout simplement.
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Je la trouve beaucoup sur Pinterest et sur les réseaux sociaux. Sur Internet, il y a une mine d’informations et d’inspiration. Et puis j’aime beaucoup tout ce qui est vintage. Je suis très attachée à la mode ancienne. Je m’inspire un peu des vieilles photos de famille qu’on peut trouver dans le tiroir de nos grands-parents. Ces images où les bébés étaient habillés de manière assez unique, avec des grands cols.
“Ce qui me porte, c’est la recherche du beau, qui est notamment dans le détail.”
Je suis attachée à la dimension d’héritage, de transmission. J’aime beaucoup l’idée de proposer des vêtements un peu rétro, qui s’inspirent d’autrefois et qui font le lien avec notre passé. J’aime rajouter des détails dans mes créations, comme des dentelles, des galons. C’est ce qui me rend heureuse dans la couture, de voir ces jolis détails. Aujourd’hui, on est un peu dans une société de la mort du détail, il y a plein de choses uniformes. On s’habille de manière très sobre, uniforme, adultes comme enfants. Ce qui me porte, c’est la recherche du beau, qui est notamment dans le détail.
Vous partagez beaucoup cette idée du beau dans les détails de la vie, une photo d’un bouquet de fleurs, d’un rayon de soleil… Quel message voulez-vous faire passer de cette façon ?
Ce sont des petites choses qui me rendent heureuse. La joie est partout. Je vais souvent marcher, le matin. Comment ne pas s’émerveiller quand on arrive à voir toutes ces petites choses ? Je trouve que c’est aussi une manière de rendre grâce, de glorifier Dieu en se rendant compte de la beauté du moindre détail, du moindre rayon de soleil. C’est ça qui fait ma joie au quotidien. Je pense sincèrement que c’est une des clés du bonheur. Quand je vois quelque chose de beau qui me touche, j’ai envie de le partager. Et c’est en lien avec la foi, parce que quand je vois un lever de soleil incroyable, je me dis, “mais comment on fait pour ne pas croire que ça a été imaginé, créé par quelqu’un ? Comment croire que c’est le fruit du hasard ?” J’ai parfois l’impression que j’ai une capacité à remarquer ce que d’autres personnes ne vont pas voir, et ça c’est une chance ! J’ai envie de le partager, et d’être dans une démarche de gratitude. Je crois aussi que ça se travaille, qu’il faut s’entraîner à voir les petites choses. Tout le monde peut avoir cette capacité d’émerveillement. Ça rend heureux !
D’où vous vient votre foi ?
C’est assez classique, j’ai grandi dans une famille catholique. J’ai fait du scoutisme, et cela m’a beaucoup portée dans la foi. Ça fait partie des choses qui m’ont permis aussi d’être attentive aux détails. Quand on est dans un camp scout, en plein milieu de la nature, on s’émerveille du ciel, de la lumière, des éléments. J’ai toujours eu la foi, même si j’ai eu des moments où elle était un peu moins intense.
Lire la Bible, prier chaque jour, ce sont des habitudes qui forgent. Au début ça demande un effort. Et puis petit à petit, ça devient complètement ancré.
Aujourd’hui, ma foi est en lien avec tous les petits signes de la Providence qui m’émerveillent, me donnent encore plus envie de croire et de faire de mon mieux. Car Il est là et je le vois dans ma vie ! C’est une foi du quotidien de voir ce que Dieu fait dans ma vie chaque jour. Je sais que la prière quotidienne est un basique pour beaucoup de gens, mais pour moi ça ne l’a pas été pendant très longtemps et depuis mes fiançailles, ça a vraiment transformé ma foi. Ma foi s’est beaucoup réveillée depuis mon mariage, grâce à cette démarche de prière vraiment quotidienne. Lire la Bible, prier chaque jour, ce sont des habitudes qui forgent. Au début ça demande un effort. Et puis petit à petit, ça devient complètement ancré.
Et puis j’ai appris à vraiment m’abandonner, à tout confier au Seigneur. Quand je lui confie tout, c’est beaucoup fluide. Ce n’est pas facile de se mettre dans cette disposition, mais une fois qu’on l’a fait de tout cœur et qu’on se livre à sa Volonté, tout paraît plus simple. Cette démarche d’abandon aide énormément.
Vous avez l’occasion d’en parler sur les réseaux sociaux. Comment fait-on pour partager sa foi sur Internet ?
C’est lié à l’émerveillement, je pense que la plupart des gens qui sont sur les réseaux sociaux veulent partager ce qu’ils trouvent beau. Ma foi, c’est quelque chose que je trouve super beau. Ça se fait spontanément. Je ne réfléchis pas du tout à l’avance à des sujets, à des idées de post là-dessus. Par exemple quand je vais lire un verset qui me touche, je me dis qu’il faut que d’autres gens en profitent, donc je vais le partager. Mais je n’ai pas l’impression de témoigner beaucoup de ma foi au niveau personnel. J’en ai dit quelques mots au lancement de ma boîte, parce que je trouve ça super beau de voir comment Dieu peut agir dans ma vie ; c’est ça que j’ai envie de partager. En fait, c’est un peu la même mécanique que lorsque l’on trouve une fleur jolie ou un beau coucher de soleil : on veut le partager parce qu’on trouve ça beau, on veut que les gens en profitent. Partager sa foi, c’est un peu pareil, c’est un élan du cœur.
Qu’est-ce qui vous fait grandir dans la foi aujourd’hui ?
C’est de voir l’action concrète de de Dieu dans ma vie. Ça me solidifie énormément. J’aime lire aussi des livres un peu plus spi. Récemment j’ai lu Fille de Roi de Gwenaëlle Foillard, qui parle de féminité, de comment grandir en tant que femme avec Dieu. Il y a un autre livre que j’ai acheté et qui est magnifique, c’est Un moment avec Jésus, qui donne une parole par jour. Le livre s’appuie sur des versets bibliques, c’est écrit comme si Jésus s’adressait à nous directement. C’est très doux, très réconfortant.