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Camille Bavarde : “S’émerveiller devant les petites choses, c’est ce qui me rend heureuse”

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Camille Bavarde

À 26 ans, Camille a créé sa propre marque de vêtements pour enfants, au style résolument rétro.

Anne-Sophie Retailleau - publié le 27/10/23

Elle vient de lancer sa marque de vêtements pour enfant, quelques mois seulement après son mariage. Camille Bavarde témoigne de sa foi lumineuse, nourrie par un sens de l'émerveillement qui la pousse à chercher le Beau dans la simplicité du quotidien.

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Aleteia : Vous avez récemment quitté votre travail pour créer “Désirés Provence”, une marque de vêtements pour enfant. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer ?  
Camille Bavarde : Cela faisait un moment que j’avais en tête l’idée de me lancer. C’était un cri du cœur, je commençais vraiment à me lasser de mon métier. En arrivant à Toulon il y a trois ans, j’ai commencé dans le recrutement. Je me suis rendu compte que ce métier n’était pas fait pour moi, notamment parce que ce n’était pas assez créatif. J’ai appris à coudre en 2021. Et à la fin de l’année 2022, je me suis dit : “Il faut que je me lance, j’en ai très envie, mais je ne sais pas quoi faire”. Le 31 décembre, j’étais avec des amis et j’ai dit à tout le monde, “Vous allez voir, 2023, c’est mon année, ça y est, je me lance !” Je suis rentrée chez moi, et je me suis dit que ce n’était pas tout d’avoir parlé, mais que maintenant il fallait agir. Alors j’ai décidé de tout confier au Seigneur. Je suis allée dans l’église à côté de chez moi, j’ai déposé un cierge à saint Joseph, en lui disant que je voulais faire quelque chose de mes mains, mais que j’étais perdue. En en dix jours, j’avais mon idée, mon projet, mon logo, le nom de la boîte, j’avais tout, c’était incroyable ! J’ai confié ça au Seigneur, et pouf, c’est tombé du Ciel !

Et ensuite ?
Et puis une fois que j’avais mon idée et mon projet, il fallait que ça se mette en place concrètement. J’étais en CDI, confortable, bien payé. On a beau avoir un super projet, ce n’est pas facile de se dire qu’on va quitter ce confort-là, même si ce boulot ne m’épanouissait plus. Je ne voulais pas me lancer complètement dans le vide, ne plus avoir de revenus. Je ne savais pas comment j’allais faire, j’avais peur de demander une rupture conventionnelle à mon entreprise. Alors pareil, j’ai de nouveau confié tout cela, j’ai essayé de m’abandonner. Et deux ou trois semaines plus tard, ma boîte me proposait une rupture conventionnelle. Incroyable. Je me rappelle très bien en avoir parlé avec mes parents, leur disant: “Franchement saint Joseph, il a de l’humour ! C’est un peu extrême, je ne m’attendais pas forcément à ça comme réponse, mais pourquoi pas !”

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La première collection de Désirés Provence, sortie en septembre 2023.

Je suis très sensible aux clins Dieu. Pour ce qui concerne le lancement de ma boîte, j’ai été complètement guidée, je n’ai jamais été seule. Autre chose, je n’avais pas beaucoup d’argent pour commencer mon projet donc je ne savais pas comment j’allais le financer, ça me stressait un peu. Et c’est alors que j’ai reçu un courrier d’une ancienne boîte dans laquelle je n’étais plus depuis plus d’un an, où l’on m’annonçait que j’avais des primes à toucher, et que j’allais donc recevoir une certaine somme. Donc là aussi, ça tombait du Ciel !  

Comment en êtes-vous venue à la couture ?
Quelques mois après être arrivée à Toulon, mes parents m’ont offert une machine à coudre que j’avais demandée pour mon anniversaire. Au début je faisais des petits accessoires, puis je me suis mise à faire mes propres vêtements et je me suis rendu compte qu’en fait, on progresse à toute vitesse. Il y a énormément de ressources sur Internet.  

Je cousais énormément parce que c’était à l’époque où mon fiancé était très absent. Donc c’est allé assez vite et j’ai réalisé que j’aimais énormément ça, je me sentais hyper bien en cousant. Je ne voyais plus le temps passer, j’en oubliais même parfois de manger ! Alors je me suis dit que ce serait incroyable de pouvoir faire ça tous les jours, c’est comme ça que l’idée est venue.  

Je savais que j’avais envie de faire quelque chose avec la couture, mais je ne savais pas exactement quoi. Et puis, j’ai eu l’idée de la marque pour enfants, en me mettant à faire des cadeaux de naissance. Cet aspect créatif, c’est extrêmement satisfaisant et épanouissant d’avoir une idée et de la mettre en œuvre, de voir quelque chose de beau naître entre ses mains.  

Vous avez ouvert votre boutique en ligne il y a un mois, comment cela se passe-t-il pour l’instant ?
Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ça marche aussi bien dès le début. J’ai eu de la chance parce que j’ai eu beaucoup de visibilité grâce à des partages sur les réseaux sociaux. C’est super pour l’entreprise, mais aussi pour mon moral, car ce sont de sacrées montagnes russes ! C’était incroyable d’avoir autant de soutien. Mais surtout, ce qui était super, c’est que j’ai eu pas mal de commandes. Et là je réfléchis déjà à une prochaine collection pour cet hiver. 

Comment fait-on pour poser des limites lorsque l’on travaille seul chez soi pour sa propre boîte ?
J’ai de la chance d’avoir mon atelier, une pièce bien à moi où j’ai tout mon bazar. Le soir, je ferme métaphoriquement la porte, tout ce qui est dans l’atelier y reste. La seule chose que je m’autorise est de recoudre des boutons sur le canapé devant un film. Mais sinon, j’essaye de travailler seulement dans mon espace de travail. C’est une chance parce que ce n’est pas le cas pour tout le monde lorsqu’on commence. Et quand je suis fatiguée et que je sens qu’il faut que j’arrête, eh bien je m’arrête, tout simplement.

Où trouvez-vous l’inspiration ?
Je la trouve beaucoup sur Pinterest et sur les réseaux sociaux. Sur Internet, il y a une mine d’informations et d’inspiration. Et puis j’aime beaucoup tout ce qui est vintage. Je suis très attachée à la mode ancienne. Je m’inspire un peu des vieilles photos de famille qu’on peut trouver dans le tiroir de nos grands-parents. Ces images où les bébés étaient habillés de manière assez unique, avec des grands cols.  

“Ce qui me porte, c’est la recherche du beau, qui est notamment dans le détail.”

Je suis attachée à la dimension d’héritage, de transmission. J’aime beaucoup l’idée de proposer des vêtements un peu rétro, qui s’inspirent d’autrefois et qui font le lien avec notre passé. J’aime rajouter des détails dans mes créations, comme des dentelles, des galons. C’est ce qui me rend heureuse dans la couture, de voir ces jolis détails. Aujourd’hui, on est un peu dans une société de la mort du détail, il y a plein de choses uniformes. On s’habille de manière très sobre, uniforme, adultes comme enfants. Ce qui me porte, c’est la recherche du beau, qui est notamment dans le détail.  

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Pour ses créations, Camille s’inspire de la mode d’autrefois, à partir de vieilles photos.

Vous partagez beaucoup cette idée du beau dans les détails de la vie, une photo d’un bouquet de fleurs, d’un rayon de soleil… Quel message voulez-vous faire passer de cette façon ?
Ce sont des petites choses qui me rendent heureuse. La joie est partout. Je vais souvent marcher, le matin. Comment ne pas s’émerveiller quand on arrive à voir toutes ces petites choses ? Je trouve que c’est aussi une manière de rendre grâce, de glorifier Dieu en se rendant compte de la beauté du moindre détail, du moindre rayon de soleil. C’est ça qui fait ma joie au quotidien. Je pense sincèrement que c’est une des clés du bonheur. Quand je vois quelque chose de beau qui me touche, j’ai envie de le partager. Et c’est en lien avec la foi, parce que quand je vois un lever de soleil incroyable, je me dis, “mais comment on fait pour ne pas croire que ça a été imaginé, créé par quelqu’un ? Comment croire que c’est le fruit du hasard ?” J’ai parfois l’impression que j’ai une capacité à remarquer ce que d’autres personnes ne vont pas voir, et ça c’est une chance ! J’ai envie de le partager, et d’être dans une démarche de gratitude. Je crois aussi que ça se travaille, qu’il faut s’entraîner à voir les petites choses. Tout le monde peut avoir cette capacité d’émerveillement. Ça rend heureux ! 

D’où vous vient votre foi ?
C’est assez classique, j’ai grandi dans une famille catholique. J’ai fait du scoutisme, et cela m’a beaucoup portée dans la foi. Ça fait partie des choses qui m’ont permis aussi d’être attentive aux détails. Quand on est dans un camp scout, en plein milieu de la nature, on s’émerveille du ciel, de la lumière, des éléments. J’ai toujours eu la foi, même si j’ai eu des moments où elle était un peu moins intense.

Lire la Bible, prier chaque jour, ce sont des habitudes qui forgent. Au début ça demande un effort. Et puis petit à petit, ça devient complètement ancré.  

Aujourd’hui, ma foi est en lien avec tous les petits signes de la Providence qui m’émerveillent, me donnent encore plus envie de croire et de faire de mon mieux. Car Il est là et je le vois dans ma vie ! C’est une foi du quotidien de voir ce que Dieu fait dans ma vie chaque jour. Je sais que la prière quotidienne est un basique pour beaucoup de gens, mais pour moi ça ne l’a pas été pendant très longtemps et depuis mes fiançailles, ça a vraiment transformé ma foi. Ma foi s’est beaucoup réveillée depuis mon mariage, grâce à cette démarche de prière vraiment quotidienne. Lire la Bible, prier chaque jour, ce sont des habitudes qui forgent. Au début ça demande un effort. Et puis petit à petit, ça devient complètement ancré.  

Et puis j’ai appris à vraiment m’abandonner, à tout confier au Seigneur. Quand je lui confie tout, c’est beaucoup fluide. Ce n’est pas facile de se mettre dans cette disposition, mais une fois qu’on l’a fait de tout cœur et qu’on se livre à sa Volonté, tout paraît plus simple. Cette démarche d’abandon aide énormément.  

Vous avez l’occasion d’en parler sur les réseaux sociaux. Comment fait-on pour partager sa foi sur Internet ?
C’est lié à l’émerveillement, je pense que la plupart des gens qui sont sur les réseaux sociaux veulent partager ce qu’ils trouvent beau. Ma foi, c’est quelque chose que je trouve super beau. Ça se fait spontanément. Je ne réfléchis pas du tout à l’avance à des sujets, à des idées de post là-dessus. Par exemple quand je vais lire un verset qui me touche, je me dis qu’il faut que d’autres gens en profitent, donc je vais le partager. Mais je n’ai pas l’impression de témoigner beaucoup de ma foi au niveau personnel. J’en ai dit quelques mots au lancement de ma boîte, parce que je trouve ça super beau de voir comment Dieu peut agir dans ma vie ; c’est ça que j’ai envie de partager. En fait, c’est un peu la même mécanique que lorsque l’on trouve une fleur jolie ou un beau coucher de soleil : on veut le partager parce qu’on trouve ça beau, on veut que les gens en profitent.  Partager sa foi, c’est un peu pareil, c’est un élan du cœur.  

Qu’est-ce qui vous fait grandir dans la foi aujourd’hui ?
C’est de voir l’action concrète de de Dieu dans ma vie. Ça me solidifie énormément. J’aime lire aussi des livres un peu plus spi. Récemment j’ai lu Fille de Roi de Gwenaëlle Foillard, qui parle de féminité, de comment grandir en tant que femme avec Dieu. Il y a un autre livre que j’ai acheté et qui est magnifique, c’est Un moment avec Jésus, qui donne une parole par jour. Le livre s’appuie sur des versets bibliques, c’est écrit comme si Jésus s’adressait à nous directement. C’est très doux, très réconfortant.  

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Ce qui me fait grandir aussi, ce sont des comptes Instagram de personnes qui parlent de leur foi. Ça me touche énormément, en particulier lorsque ce sont des femmes et des mères de famille. Et il y a aussi les Américaines qui sont très fortes pour partager sur les réseaux sociaux, beaucoup sont hyper décomplexées sur les questions de foi, c’est super.  Et bien sûr, il y a aussi lire la Bible. Je ne le faisais pas trop avant. Au caté, on ne m’a jamais appris à le faire. Il faut aussi se rendre compte par soi-même à quel point le message est beau.  

Pour vos 26 ans, vous avez posté un message sur Instagram, dans lequel vous disiez avoir enfin trouvé votre place. C’est une chance, pouvez-vous expliquer votre cheminement ?
J’ai grandi dans une famille de cinq enfants, et je suis la petite dernière. J’ai huit ans de moins que ma sœur qui est la plus jeune juste avant moi. Petite, je passais beaucoup de temps avec les adultes. Mes vacances d’été, je les passais chez mes grands-parents, mais je n’avais pas de cousin. Etant entourée d’adultes, je vivais dans la hâte d’en être une à mon tour. Quand j’étais petite, j’avais toujours hâte d’être à l’étape suivante. L’âge que j’ai aujourd’hui, c’était un peu l’âge idéal que j’avais hâte d’atteindre, même si j’ai toujours vécu une vie heureuse jusque-là. C’est lorsque je me suis mariée que j’ai eu ce sentiment d’être là où je devais être, je n’ai plus eu besoin de penser à la suite.

Quand on se marie, évidemment les gens pensent tout de suite “Bon à quand le bébé ?” Mais je me dis que je suis bien où je suis, on vient de se marier, on est super heureux. C’est la première fois de ma vie que je ressentais cet état de bien être entier, sans avoir besoin de me projeter dans l’étape suivante pour avoir des paillettes dans les yeux.  

Vous êtes mariée depuis bientôt un an. Comment avez-vous vécu toute la préparation et ces mois de jeune mariée ?
La préparation au mariage m’a fait mettre beaucoup plus à la prière. Ce n’était pas une période facile parce que l’on était séparé. Mon fiancé était souvent en mer, et la prière m’aidait pas mal. Le mariage est aussi ce qui a fait que j’ai trouvé ma place. C’est une vocation. Et ma mission, c’est d’aimer mon mari, de grandir avec lui. A partir de là, ça m’a paru beaucoup plus facile d’être en lien avec Dieu et d’avoir une vie de prière. Tout ça apporte énormément de paix, et cette paix permet une capacité d’abandon.

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Camille, le jour de son mariage, en 2022.

Et être une jeune mariée, c’est super ! Il y a une vraie pluie de grâces. Se marier apporte une capacité d’amour en plus. Ça me fait penser à une parole de saint Paul dans la lettre aux Colossiens : “Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.” Je crois que c’est vraiment ça le mariage, ce sont tous ces mots mis bout-à-bout. C’est trop beau de le vivre en couple et de se voir grandir chacun. C’est un vrai chemin de sainteté car pour vivre un bon mariage, je pense que c’est important de mettre ces mots-là en pratique.  

De quelle manière votre mariage a pu vous aider à vous lancer dans votre entreprise ?
Je ne sais pas si je peux dire que je n’aurais pas monté ma boîte si je n’avais pas mon mari avec moi, mais ce qui est sûr, c’est qu’il me donne énormément de force. C’est un soutien du premier jour. Il a toujours soutenu ce que je voulais faire, mais de manière intelligente : il ne me dit pas juste que c’est génial, il me donne de vrais conseils, il me dit aussi quand quelque chose ne va pas. C’est ça qui me fait grandir aussi. Je sens qu’il est derrière moi et ça me donne des ailes.

La terre et les racines semblent avoir une grande importance pour vous, vous parlez beaucoup de votre amour pour la France, de vos racines bretonnes ou encore de la Provence. D’où cela vous vient-il ?
La France, c’est un pays merveilleux, avec énormément de paysages différents. Cet attachement est encore une fois lié à la capacité d’émerveillement. On ne peut pas ne pas être attachée à cette terre quand on voit comme elle est belle. C’est très important pour moi d’être en lien avec mes racines, c’est pour ça que je suis autant attachée à la Bretagne. Mes grands-parents viennent de là-bas et j’y pense toujours avec beaucoup de tendresse. Je pense aussi à mes arrière-grands-parents que je n’ai pas connu, j’adore regarder les photos anciennes et me retrouver dans la maison de mes grands-parents. C’est très émouvant de me dire que je touche la même terre que ceux qui m’ont précédée. Et puis la France, ce n’est pas juste la beauté des paysages, c’est aussi tous les gens qui ont partagé cette terre avant nous, qui ont fait ce qu’elle est, que ce soit notre famille, mais aussi tous les grands personnages de l’histoire. Je suis passionnée par l’histoire, je passe ma vie à écouter des podcasts là-dessus ! Et je suis aussi une grande fan de romans historiques.  

Il y a la Bretagne, mais vous avez aussi un grand attachement à la Provence, où vous vous êtes installée il y a quelques années et dont vous avez voulu garder le nom pour votre marque. Pourquoi ?
C’est un endroit magnifique et c’est un une région qui est qui est très inspirante parce qu’il y a une lumière extraordinaire, des couleurs, une vraie douceur de vivre. Mais si je n’avais pas du tout l’habitude de ce climat ! Je me rappelle que lorsque je suis arrivée à Toulon, j’avais peur que la pluie me manque. Je suis une fille de l’automne, j’adore l’automne et l’hiver. On a trois mois infernaux avec la chaleur, mais le reste de l’année, c’est le paradis : les balades l’hiver, l’odeur des pins. J’ai donc voulu donner ce nom à ma marque.  

C’est parti d’un constat très simple. Je voulais appeler ma marque Désirés, mais je devais rajouter quelque chose pour que ça fonctionne. La plupart des marques rajoutent la mention “Paris”, mais je n’habite pas cette ville, et je voulais trouver quelque chose qui a du sens. Alors la Provence, pourquoi pas ? Même si je serais probablement amenée à déménager au cours de ma vie et que ma boîte ne sera pas toujours implantée au même endroit, j’aime me dire qu’elle restera attachée à la région qui l’a vue naître.  

Si vous étiez un lieu, lequel seriez-vous ?
Je dirais Saint-Nectaire, en Auvergne. C’est un petit village niché en plein milieu de la verdure des volcans auvergnats. C’est une région est extraordinaire, dans laquelle je suis née et où j’ai grandi jusqu’à mes 18 ans, et qui pousse vraiment à l’émerveillement. Et dans ce village, il y a une petite église romane, qui est vrai un bijou perdu au milieu de nulle part. C’est un peu le symbole de de cette nature que j’aime tant et de l’histoire. Une église aussi sublime dans un endroit aussi paumé, c’est assez représentatif de l’histoire de France et de ce qu’ont vécu nos territoires. 

Quels sont vos saints préférés ?
J’aime énormément saint Joseph. Dans ma famille, saint Joseph, c’est le saint qu’on prie pour les choses un peu concrètes de la vie quotidienne. C’est le saint patron des travailleurs, des familles. Donc en fait, il peut agir vraiment dans nos vies, j’en ai moi-même vu les résultats. 

Il faut essayer d’être là où Dieu nous veut, parce que c’est là que l’on sera plus heureux d’une part, et c’est aussi là que l’on fera le plus de bien autour de soi.  

J’ai découvert récemment sainte Thérèse de Lisieux, que je ne connaissais pas bien. Et c’est grâce à ma passion pour l’histoire. Il n’y a pas longtemps, je me suis abonnée à la version payante de Secrets d’Histoire. Il y a un épisode sur sainte Thérèse de Lisieux, et j’ai été très touchée par son chemin de sainteté.  

Une citation qui vous touche ?
La phrase de sainte Catherine de Sienne: “Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier”. Elle me parle beaucoup, c’est ce que j’essaie de vivre au quotidien. Je me suis rendu compte que quand je n’étais pas là où je devais être, j’étais malheureuse et ça me rendait aigrie. Il faut essayer d’être là où Dieu nous veut, parce que c’est là que l’on sera plus heureux d’une part, et c’est aussi là que l’on fera le plus de bien autour de soi.  

Pour finir, que diriez-vous à des jeunes qui sont angoissés par leur avenir, notamment professionnel ?
Plusieurs choses. D’abord, je leur dirais de prier, de confier cela au Seigneur et de se laisser guider, c’est le plus important. Et aussi, de ne pas se laisser avoir par le discours habituel sur ce que signifie réussir. Pour beaucoup de gens, il faut être bon à l’école, faire un grande prépa, et une super école de commerce, avec le risque de se retrouver coincé dans un métier qui ne nous plaît pas pendant des années et des années. Il y a des gens à qui ça convient très bien et c’est super. Mais j’ai l’impression qu’il y a quand même beaucoup de jeunes qui se laissent embarquer dans cette démarche sans réfléchir au fond d’eux-mêmes à ce qu’ils veulent et ce qu’ils désirent profondément. Il ne faut pas se laisser avoir par cette notion de la réussite, qui est surtout de nature financière. C’est dommage de se brûler les ailes en étant malheureux dans quelque chose qu’on a fait parce que toute la société nous a indiqué de le faire.

Et puis il y a une troisième chose, c’est qu’on a toute la vie pour faire ce qu’on aime. Ce n’est pas grave de se tromper. Quand on est jeune, les choix d’orientation peuvent être compliqués. Mais ce n’est pas définitif, ce n’est pas parce qu’on a fait telles ou telles études que on va faire ça toute sa vie. Je suis un bon exemple. J’ai fait des études de psychologie, et aujourd’hui j’ai monté ma boîte de couture, ce qui n’a rien à voir.

Il faut voir les études non pas seulement comme une façon de trouver un métier, mais aussi comme une manière de grandir, au-delà d’apprendre des choses théoriques. Ça a été mon cas pour les études de psychologie, je ne regrette absolument pas, même si je ne suis pas devenue psychologue. Ces études ont quand même forgé celle que je suis. Donc les choix ne sont pas définitifs, et ce n’est pas grave de ne pas savoir tout de suite ce qu’on veut faire. D’autant que l’on peut être sûr d’une chose, et changer d’avis dix ans plus tard.

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