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490.000 : c’est le nombre de chants que l’abbaye de Solesmes va numériser pour préserver le patrimoine musical du chant grégorien. Cette initiative inédite intervient dans le cadre du projet européen “Repertorium”, financé par le programme Horizon Europe. Débuté le 1er janvier 2023, ce projet veut favoriser la protection des racines musicales classiques de l’Europe au moyen d’outils d’intelligence artificielle. Digitalisés et catalogués, plus de 2.000 de ces chants enregistrés par l’abbaye Notre-Dame de Fidélité de Jouques seront ensuite répertoriés sur l’application Neumz, mise au point par John Anderson, afin de les rendre accessibles au grand public.
L’abbaye de Solesmes avait une place toute trouvée dans ce projet pharaonique. “Nous travaillons sur le chant grégorien depuis 170 ans”, rappelle non sans fierté le père Jacques-Marie Guilmard, moine bénédictin de l’abbaye. “L’histoire, et très certainement la Providence, ont fait que Solesmes est devenue un haut-lieu du chant grégorien.” C’est en effet cette imposante abbaye située dans la Sarthe qui renferme en son sein la plus grande collection de chants grégoriens, grâce à l’œuvre salvatrice de Dom Guéranger. “En 1860, le père abbé de Solesmes a souhaité donner une nouvelle impulsion au chant grégorien dont l’interprétation se dégradait depuis la Renaissance”, explique à Aleteia Dominique Crochu, membre du projet Repertorium. Il envoya donc ses moines dans toute l’Europe pour copier des manuscrits à la main et les photographier. Un travail de titan, qui permit à l’abbaye de Solesmes de répondre plus tard à la demande de saint Pie X : celle de fournir des livres liturgiques comprenant un chant grégorien rénové.
Gardienne du chant grégorien
Les photographies de manuscrits effectuées dès la fin du XIXème siècle ont été consignées entre 1905 et 1914 par groupes de huit, dans de grandes plaques cartonnées de trois millimètres d’épaisseur. “C’est un système de stockage suffisamment efficace qui a permis leur excellente conservation au cœur de l’atelier paléographique de l’abbaye”, détaille Dominique Crochu. Dans cet atelier travaille l’Association de musicologie médiévale, membre français du consortium européen porteur du projet, composé de sept autres associations et universités réparties sur le continent. Créée en 2021, elle s’occupe de l’indexation et de la numérisation des quelque 400.000 photographies, grâce à un outil de reconnaissance optique favorisant l’extraction des données, des paroles à la mélodie.
Une fois cette mission accomplie, les partitions digitalisées seront conservées et disponibles publiquement sur la base de données de l’université d’Oxford nommée “DIAMM”, Digital Image Archive of Medieval Music (Archives d’images numériques de la musique médiévale). “La numérisation des manuscrits, débutée au mois de juin 2023, devrait s’achever en mars prochain”, estime Dominique Crochu. Une tâche minutieuse et de longue haleine, mais qui en vaut la peine. Parmi les chants numérisés, plus de 4.000 n’ont plus été entendus depuis des siècles : l’abbaye de Solesmes endosse à nouveau à merveille sa responsabilité de gardienne du chant grégorien.