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Stanislas n’a pas le tempérament d’un enfant rebelle, même s’il découvre progressivement que son inclination à la piété ne convient guère à l’ambition paternelle. La famille Kostka est une des plus puissantes familles polonaises du XVIe siècle et le destin de Stanislas semble tout tracé : travailler dans les hautes sphères de l’État. C’est pourquoi, à l’âge de 14 ans, il est envoyé avec son frère Paul en Autriche, au prestigieux collège jésuite de Vienne, afin de parfaire ses études. Stanislas développe une grande piété et passe de longues heures en prière, malgré les moqueries et les humiliations que son frère lui fait subir. Ce dernier en effet ne supporte pas de voir le jeune garçon prier et assister quotidiennement à la messe pendant que lui va se divertir avec ses camarades.
Le séjour à Vienne conforte Stanislas dans son désir de rentrer à la Compagnie de Jésus. Ce projet met en fureur son père, qui charge alors Paul de surveiller le jeune frère et de tout faire pour le décourager. L’opposition paternelle rend la situation de Stanislas délicate car les jésuites autrichiens refusent de l’admettre au noviciat local, par peur d’éventuelles mesures de rétorsion de la part d’un si puissant personnage.
Une décision radicale
L’entêtement de sa famille oblige le jeune homme à prendre une décision radicale. Pour répondre à l’appel de son Père céleste, Stanislas est contraint de désobéir à son père terrestre. Une nuit de l’année 1567, il s’enfuit à pied de Vienne. Habillé en mendiant, il se rend en Allemagne auprès du Père Pierre Canisius, futur saint lui aussi. Ce dernier comprend que l’insoumission du garçon n’est ni puérile ni irréfléchie, malgré son jeune âge. Au contraire, elle est mue par une inspiration divine.
Se faisant son complice, il envoie Stanislas au noviciat jésuite de Rome, afin de l’éloigner encore davantage de la fureur paternelle. Comme l’a souligné le pape François lors d’une audience générale le 20 septembre 2017, c’est la prière continue, la confession fréquente, l’assistance quotidienne à la Sainte Messe et le travail spirituel sur lui-même qui ont donné au jeune Polonais l’audace de rompre avec ceux qui contrecarraient sa vocation. L’amour du Christ suppose parfois une telle radicalité.
La vie de saint Stanislas est un témoignage de liberté. Cette liberté, qui n’est pas une course à l’aveugle, mais la capacité de discerner le bien ultime, de résister aux conditionnements de la mentalité mondaine, et de rechercher avant tout et plus que tout l’amitié avec Dieu.