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De mémoire de prêtres, et les prêtres ont la mémoire longue, nous n’avions pas vu cela. Nous étions plus de 300 pasteurs du presbyterium parisien réunis à Lourdes pour quatre jours de pèlerinage, autour de notre archevêque. Il n’y eu “ni grands desseins ni merveilles qui nous dépassent” (Ps 130), mais la simplicité joyeuse que la Vierge, Mère des prêtres, donne au creux du rocher où le Seigneur cacha Moïse qui voulait voir sa Face. Il y a un temps pour parler et un temps pour se taire, un temps pour se manifester et un temps pour se cacher, un temps pour cueillir et un temps pour se recueillir. Il est bon pour quelques jours, au milieu d’une vie occupée, surchargée bien souvent, de se tenir “en paix et silence” (Ps 131) auprès de celle qui aime les prêtres d’un amour tout particulier, car ils sont les images vivantes de son Fils unique.
Une autre parole sur le don des prêtres
Malgré leur pauvreté, malgré leur péché, les prêtres reçoivent par l’ordination un caractère indélébile, une différence “d’essence et non seulement de degré” avec le sacerdoce commun des fidèles, dit le concile Vatican II, qui les configure au Christ prêtre pour le service du peuple de Dieu. Il y a une urgence, en ce temps de confusion doctrinale et de chute spectaculaire des vocations sacerdotales, particulièrement notable à Paris, à retrouver une parole forte sur l’identité du prêtre, sur sa mission et sa grâce spécifique, sur ses engagements particuliers à la chasteté et à l’obéissance.
Sans la conscience de cet appel surnaturel, on ne pourra jamais comprendre l’engagement d’un homme à suivre le Christ dans le don total de sa vie.
Les prêtres ont besoin d’une parole qui ne ressasse pas sans fin ni les scandales souvent anciens de quelques-uns, ni les dangers du cléricalisme, rengaine obsessionnelle qui a trop assombri la joie des pasteurs et jeté une suspicion permanente sur leur engagement. Il est plus que temps d’entendre une autre parole, “bienveillante et constructive” (Ep 4, 29) qui insuffle à nouveau dans le peuple chrétien la conscience du don inestimable du sacerdoce, de sa nécessité absolue pour la vie de l’Église, et du devoir de prier de manière spécifique pour les vocations sacerdotales et religieuses. “Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson” (Mt 9, 38). Un grand merci à notre archevêque d’avoir eu cette audace, ce “miracle” évangélique de nous rassembler pour creuser à nouveau la source de notre engagement sacerdotal à servir Dieu et les hommes !
Renforcés dans le corps sacerdotal
Car il y eut bien un miracle de Lourdes… Celui d’avoir réussi à rassembler des pasteurs de tous âges, occupés aux diverses tâches du ministère, de les faire quitter les soucis du quotidien et les engagements pastoraux pour les mettre à l’écart. “Mettez-vous à l’écart, dit le Seigneur, et reposez-vous un peu” (Mc 6, 31). Aller à la source est un ressourcement de l’âme. Nous avons tous été renforcés dans la conscience d’appartenir à un Corps, encore étonnement jeune concernant le diocèse de Paris. Car il y a un “Corps” sacerdotal, une famille particulière, qui est celle des prêtres autour de leur évêque, à l’image des apôtres autour du Christ. Un Corps de consacrés, qui ne se sont pas engagés pour une vie de plaisirs, ni pour les honneurs du monde, ni pour l’argent et la gloire qui vient des hommes, mais pour suivre le Christ qui mystérieusement, malgré leur faiblesse, les a appelés à agir en son Nom. Nous sommes prêtres par la volonté de Dieu et l’appel de l’Église. Les prêtres que Dieu donne, écrivait le cardinal Lustiger. Sans la conscience de cet appel surnaturel, on ne pourra jamais comprendre l’engagement d’un homme à suivre le Christ dans le don total de sa vie.
Qu’avons-nous fait ? Rien de plus que l’essentiel. Célébrer la messe, réciter le chapelet en procession, vivre le sacrement de la réconciliation, aller déposer un cierge dans l’action de grâce et la prière pour notre diocèse. “Oui, il est bon, il est doux pour des frères, de vivre ensemble et d’être unis !” dit le psaume des montées (Ps 132), que l’on chante le visage tourné vers Jérusalem, icône de l’Église, “la ville où tout ensemble ne fait qu’un” (Ps 121). Ce qui unit les hommes par-delà leur diversité de sensibilités ou d’affinités, leurs antipathies et leurs sympathies, ce ne sont pas d’abord les tables rondes et les débats d’idées, mais le fait de marcher ensemble dans l’unité d’une même louange, dans la communion d’un même pèlerinage.
Une mémoire commune, pleine d’espérance
Qu’est-ce qui participe de l’unité d’un presbyterium ? Sans doute la conscience de racines communes, faites de joies et de peines, d’une mémoire belle et blessée. La figure tutélaire du cardinal Lustiger, la venue du pape Jean Paul II et son discours aux prêtres à la cathédrale : “Soyez heureux et fiers d’être prêtres !”, le discours de Benoît XVI aux Bernardins et la messe qu’il présida aux Invalides, mais aussi les peines, les crises et les détresses dont l’incendie de Notre-Dame a été comme une manifestation spectaculaire, et une promesse de renouveau. Une promesse jaillie des cendres, une mémoire pleine d’espérance, celle que Dieu n’abandonnera jamais son Église et “réjouira la jeunesse” de ceux qui, encore et toujours, malgré tout, “montent à l’autel de Dieu” (Ps 43).