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Un sépulcre vide. À Jérusalem, voilà ce que les pèlerins viennent vénérer dans une basilique que les Grecs, davantage tournées vers l’espérance, nomment l’Anastasis ou “résurrection”. Car le tombeau vide est bien le signe que le Christ, crucifié sur le Golgotha abrité aujourd’hui sous le même toit, enseveli ici, a vaincu la mort. Cette expérience, qui met la foi à l’épreuve, tout le monde ne peut pas la vivre en Terre sainte.
Alors, pourquoi ne pas aller au cœur du Berry, à Neuvy, qui a accolé à son toponyme “Saint-Sépulchre” ? Dans ce bourg, l’église Saint-Étienne reproduit en effet l’architecture de la basilique hiérosolymitaine. Le médiévaux, trouvant cet édifice si beau, ou “pulcher” en latin, firent même un joli jeu de mot dans le nom de cette ville de l’Indre. Il faut dire que la rotonde qui prolonge la nef, comme dans la Ville sainte, est une prouesse. Les Amis de la basilique précisent que la réplique n’est pas parfaite : les dimensions sont moindres et les colonnes sont au nombre de 11 contre 14 pour le modèle levantin. 11, comme les apôtres qui supportent l’Église après la traîtrise de Judas.
De précieuses reliques
Ce qui fait surtout la valeur de ce bâtiment de pierres, ce sont les reliques qu’il abrite et qui ont conduit des milliers de pèlerins sur les routes pour venir les vénérer. Depuis 1257, la basilique accueille ainsi une fiole de Précieux sang séché, celui versé par Jésus lors de son agonie et de sa Passion. Liturgiquement honoré le 1er juillet à Gethsémani, il est ici porté en procession tous les lundis de Pâques.
Comme preuve du lien particulier avec l’église-modèle de Jérusalem, le Saint-Sépulchre de Neuvy est aussi dépositaire d’un fragment de pierre du tombeau du Christ. Les deux témoins de la Passion ont été offerts aux fidèles neuviciens par le cardinal Eudes de Châteauroux, légat du Pape. Ce fut pour lui un moyen d’encourager “la dévotion des fidèles qui, pour avoir tous les jours sous les yeux la passion et la mort de Notre Seigneur, ont fondé votre église en l’honneur du Saint Sépulcre”. Au XIe siècle, l’édifice avait d’abord été construit par Eudes de Déols, seigneur local revenant de son pèlerinage.
Rénové par Viollet-le-Duc en 1847, le “Sépulchre” a bien failli perdre ses trésors pendant la Révolution française. C’était sans compter l’ingéniosité du sacristain qui cacha le Précieux sang et le remplaça par… des morceaux de poire cuite ! Grâce à lui, prier avec l’aide de reliques pour méditer sur l’amour de Dieu prêt à mourir pour sauver l’humanité est possible, en plein cœur de la France.