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“Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (…) Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger.” (Mt 25, 40) Le frère Godwin s’est-il souvenu de cet enseignement du Christ, alors qu’il était retenu par ses impitoyables geôliers dont l’acharnement a conduit à sa mort ? Enlevé le 17 octobre avec deux autres frères bénédictins du monastère d’Eruku (diocèse d’Ilorin, centre-nord du Nigeria), le frère Godwin a témoigné d’un dévouement sans faille auprès des deux autres moines qui ont survécu. Avant d’être brutalement assassiné le 18 octobre, le religieux a fait en sorte de nourrir ses deux autres frères retenus avec lui en captivité, a témoigné le frère Peter.
Alors que les trois moines venaient de marcher plusieurs heures pieds nus, le ventre vide, leurs ravisseurs leur ont donné deux biscuits pour s’alimenter, craignant que leurs otages ne meurent avant d’obtenir une rançon. Frère Godwin, le seul à avoir une main libre, a pu tendre les deux biscuits au frère Peter et au frère Anthony qui avaient quant à eux les mains liées. “Ils ont momentanément délié la main de frère Godwin pour lui permettre de nous nourrir. Je me souviens de lui tendant les biscuits pour que chacun de nous puisse les croquer à tour de rôle. Je n’oublierai jamais l’amour et le réconfort dans ses yeux quand il nous a nourris”, se souvient le frère Peter dans un entretien à ACI Afrique.
Un enlèvement en pleine nuit
Le 17 octobre, en pleine nuit, neuf hommes armés ont surgi au sein du monastère. Armés de machettes et fusils d’assaut AK-47, ils ont emmené de force les frères Godwin, Peter et Anthony. Pour les trois moines, c’est le début de l’enfer. Epuisés par la marche et les coups assénés par leurs tortionnaires, les moines continuent de prier silencieusement. “Frère Godwin nous avait exhorté à poursuivre nos prières mentales. Nous nous faisions signe de prier en silence car les hommes ne voulaient pas entendre le nom de Jésus.”
La violence atteint un point d’orgue le 18 octobre. “J’ai entendu Godwin crier d’une voix très forte. L’un des hommes a allumé une torche et j’ai pu voir mon frère debout dans une mare de sang. Un gros morceau de bois lui avait transpercé la cheville, mettant sa chair à nu. Alors qu’il luttait pour retirer le morceau de bois de sa jambe, les mains liées derrière le dos, il trébucha et tomba dans une grande fosse”. Peu de temps après, le frère Godwin est abattu. Les deux autres moines sont contraints de jeter eux-mêmes le corps dans la rivière. Libérés le 22 octobre, traumatisés, les frères Peter et Antony tâchent de se remettre progressivement de cette épreuve. “Frère Godwin était mon aîné au monastère. Il m’a guidé à plusieurs reprises. Il était si aimant et attentionné”, confie encore frère Peter. “Je n’ai aucun doute quant au fait que le frère Godwin est au paradis.”