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Le compte à rebours est lancé. Dans un an jour pour jour, le 8 décembre 2024, Notre-Dame de Paris reprend du service. Une date ne doit rien au hasard : le 8 décembre l’Eglise fête l’Immaculée Conception. C’est donc sous le regard aimant de la Vierge Marie que la cathédrale rouvrira ses portes. Alors que la croix vient tout juste d’être hissée au sommet de la flèche de Notre-Dame le 6 décembre, le chemin parcouru depuis le tragique incendie du 15 avril 2019 a été long et sinueux.
Cinq ans que les flammes ont ravagé la belle cathédrale mais aussi cinq ans que des centaines d’hommes travaillent à sa reconstruction. Aujourd’hui, près de 1.000 personnes, compagnons, artisans d’art et encadrants, sont mobilisés partout en France sur cette historique restauration à l’identique de ce chef-d’œuvre de l’art gothique. A moins d’un an cette réouverture tant attendue, où en est le chantier ? Qu’a-t-il été accompli jusqu’à aujourd’hui ? Que reste-t-il à faire ?
42.000 m2 de décors peints
“Après deux années consacrées à la sécurisation de l’édifice, aux études de projets puis à la préparation et à l’attribution des appels d’offre, les travaux de restauration battent leur plein”, déclarait il y a un an,le général Jean-Louis Georgelin, ancien président de l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, qui avait mené les travaux de cette restauration tambour battant. Grande figure du chantier, il a disparu dans un tragique accident en juillet 2023. C’est Philippe Jost, 63 ans, directeur délégué de l’établissement chargé de ce chantier, qui lui a succédé.
Trois grands types de travaux sont toujours en cours. Dans la cathédrale, le nettoyage et la restauration des décors peints, au total 42.000 m2, est bien avancé. Les échafaudages ont été démontés et laissent désormais apparaître toute la beauté et la richesse des volumes intérieurs restaurés. Il reste encore à finir la clôture du chœur, chef d’œuvre sculpté du XIVe siècle. Bientôt sa pierre retrouvera sa blondeur et les peintures des chapelles leur éclat d’origine.
Le grand orgue est de retour
Le grand orgue, nettoyé et restauré en atelier a été remonté en mai dernier. Les 8.000 tuyaux de cet instrument, le plus grand de France, seront ensuite réinstallés un à un. La console, meuble qui regroupe tous les claviers, pédaliers et jeux a été déposée et restaurée pendant plusieurs mois dans un atelier. Les facteurs d’orgue l’ont rapporté en mai 2023 à Paris et hissée jusque sur la tribune grâce à une sapine, un trou prévu à cet effet dans l’échafaudage. Ils l’ont ensuite installée à son emplacement d’origine, devant l’orgue auquel elle est reliée par des commandes électriques.
Les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et du transept, ainsi que les vitraux de la sacristie, n’ont pas été détruits par l’incendie, mais ont été sévèrement encrassés par les fumées. Ils ont été déposés en raison des contraintes du chantier, pour être nettoyés et restaurés dans neuf ateliers de maîtres-verriers en France. Les baies hautes de la cathédrale sont désormais toutes reposées à leur emplacement.
La maçonnerie presque terminée
La restauration des maçonneries et des voûtes effondrées a elle aussi bien avancé. Les maçons-tailleurs de pierre ont refermé la première voûte effondrée dans le transept nord et ont fini de remonter les arcs diagonaux et de l’oculus de la voûte de la croisée du transept. C’était l’opération de maçonnerie la plus importante du chantier s’agissant des voûtes médiévales de la cathédrale. Il ne reste plus que celles de la nef et du chœur toujours en cours de reconstruction. La charpente du chœur est un ouvrage d’une taille exceptionnelle : d’une longueur de 32 mètres, d’une largeur de près de 14 mètres et d’une hauteur de 10 mètres. Depuis le 30 août, les charpentiers ont levé avec émotion les premières pièces en chêne de cette charpente du chœur, restituée selon un dessin et des techniques fidèles à l’ouvrage d’origine du XIIIe siècle. Elle sera en place d’ici la fin de l’année. Les dernières pierres des rosaces du pignon sud, ont été reposées à leur emplacement définitif par les maçons. Ornées de délicats motifs végétaux, leurs pierres ont été sculptées par les artisans, aux pieds même de la cathédrale.
Enfin, les travaux de restitution de la flèche de Viollet-le-Duc et des charpentes disparues sont en cours, à la fois sur l’île de la Cité et en atelier. Le tabouret de la flèche, socle de 15 mètres de longueur par 13 mètres de largeur sur 6 mètres de hauteur, a été acheminé fin mars. Son montage s’est terminé le 15 avril. À cette date symbolique, le public a pu commencer à voir s’élever dans le ciel de Paris l’échafaudage qui entourera la flèche au fur et à mesure de sa construction, jusqu’à la fin de l’année 2023. À terme, cet échafaudage d’un poids de 600 tonnes culminera à 100 mètres, la flèche s’arrêtant quant à elle à 96 mètres, ancré à 30 mètres du sol.
Depuis septembre les gargouilles et chimères recopiées par les sculpteurs ont été reposées. Toutes ces sculptures forment un bestiaire fantastique ! En novembre, la statue du Christ a elle aussi fait son retour au sommet du pignon sud.
Encore des tâches de grande ampleur
Si le calendrier est à priori garanti, il reste néanmoins mille tâches de grande ampleur à mener : achever de restaurer le beffroi nord et y redéposer les huit cloches qui ont été restaurées, terminer le nettoyage des chapelles, remonter surtout la charpente du cœur et de la nef, la fameuse “forêt” refaite à l’identique de la charpente médiévale d’origine et dont l’installation se poursuit à grande vitesse..
“La flèche est le vrai symbole de la reconstruction de la cathédrale”, avait déclaré le général d’armée Jean-Louis Georgelin. “On se rapproche vraiment de la réouverture de Notre-Dame, en décembre 2024. Les Français, les pèlerins et les visiteurs du monde entier retrouveront alors la cathédrale qu’ils aiment, entièrement restaurée, dans le respect de la blondeur de sa pierre et magnifiée par la splendeur retrouvée de ses décors peints !”
En attendant ce moment tant espéré, le Musée du Louvre présente dans la galerie Richelieu une exposition autour du Trésor de Notre-Dame, dont la Couronne d’épines, la relique du clou et le bois de la Croix, et les autres éléments qui ont été sauvés la nuit du 15 au 16 avril 2019. Ce trésor, qui rassemble les objets et les vêtements sacerdotaux nécessaires à la célébration du culte, des reliques et des reliquaires, des livres manuscrits ainsi que d’autres objets précieux offerts par piété, rejoindra ensuite, une fois la cathédrale rouverte, la sacristie néogothique de la cathédrale, construite par Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-Le-Duc de 1845 à 1850 pour les abriter. Avec plus de 120 œuvres, cette exposition offre un condensé de l’histoire de ce trésor, en les replaçant dans le contexte de son histoire millénaire : depuis ses origines au Moyen Âge jusqu’à sa résurrection au XIXe siècle et son épanouissement avec Viollet-le-Duc sous le Second Empire. Le seul et véritable trésor sera de retrouver au cœur de ce lieu un inestimable trésor qu’est la présence réelle de Jésus.
Pratique
– Le Trésor de Notre-Dame de Paris, des origines à Viollet-le-Duc
Du 18 octobre 2023 au 29 janvier 2024 au Musée du Louvre
– « Notre-Dame de Paris : au cœur du chantier » La Maison du chantier et des métiers – Sous le parvis de la cathédrale
– « Notre-Dame de Paris, des bâtisseurs aux restaurateurs » Exposition – A la Cité de l’architecture et du patrimoine (Paris 16ème) jusqu’au 2 juin 2024