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Une rupture. Le Vatican a autorisé ce lundi 18 décembre la bénédiction des couples de même sexe et “en situation irrégulière”. Dans un texte de neuf pages intitulé Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions et publié par le dicastère pour la Doctrine de la foi, l’Église catholique précise les conditions dans lesquelles une bénédiction peut-être accordée à un couple en situation irrégulière. Il s’agit d’une “déclaration”, soit un document d’une grande valeur doctrinale, approuvée par le pape François lui-même, c’est dire l’importance et la portée qu’il revêt.
Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Bénir les couples “en situation irrégulière” et les couples de même sexe, est donc désormais possible mais “sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage”. Pour n’entretenir aucune confusion avec le sacrement du mariage, cette bénédiction ne pourra jamais être accomplie “en même temps que les rites civils d’union, ni même en relation avec eux”. Il ne sera donc pas possible de l’intégrer à une cérémonie laïque ou le même jour que le mariage civil.
Le dicastère prévient aussi que ces bénédictions ne pourront être accomplies “avec des vêtements, des gestes ou des paroles propres au mariage”. Une telle bénédiction peut en revanche trouver sa place dans d’autres contextes, comme “la visite d’un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage”, précise le document. Et le dicastère d’insister : “Par ces bénédictions […] on n’entend pas légitimer quoi que ce soit, mais seulement ouvrir sa vie à Dieu, lui demander son aide pour mieux vivre”.
Cette bénédiction, bien qu’elle ne soit pas ritualisée, “offre aux personnes un moyen d’accroître leur confiance en Dieu”. Dans la courte prière qui peut précéder cette bénédiction spontanée, “le ministre ordonné pourrait demander pour eux la paix, la santé, un esprit de patience, de dialogue et d’entraide, mais aussi la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté.”
Un long débat
En mars 2021, le dicastère pour la Doctrine de la foi avait indiqué que la bénédiction des unions homosexuelles – en tant que relation qui implique une pratique sexuelle hors mariage – ne peut être considérée comme licite. “Il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage […] comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe”, affirmait ainsi le cardinal Luis Francisco Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Mais en octobre 2023, répondant à plusieurs dubia dont une sur la bénédiction des unions homosexuelles, le pape François a entrouvert la porte à des “formes de bénédiction” pour des couples homosexuels, “sans que cela devienne nécessairement une norme” et à condition que ces bénédictions s’accompagnent de “prudence pastorale” et ne transmettent pas “une conception équivoque du mariage”.
Fiducia supplicans souligne répondre à la “vision pastorale du pape François” et explique qu’il faut “élargir” et “enrichir” le sens couramment octroyé au mot “bénédiction”, autrefois réservé au domaine liturgique. “D’un point de vue strictement liturgique, la bénédiction exige que ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu telle qu’elle est exprimée dans les enseignements de l’Église”, reconnaît le nouveau préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Víctor Manuel Fernández, qui voit dans ce “point de vue” le “risque de réduire le sens des bénédictions”. “Le pape François nous a exhortés à ne pas perdre la charité pastorale qui doit passer par toutes nos décisions et nos attitudes et à éviter de nous constituer en juges qui ne font que refuser, rejeter, exclure”, argumente le préfet argentin.
Les bénédictions font partie de la vie de l’Église, elles sont un rappel des bienfaits de Dieu. C’est pourquoi elle comporte toujours “la louange de Dieu pour ses œuvres et ses dons, et l’intercession de l’Église afin que les hommes puissent faire usage des dons de Dieu selon l’esprit de l’Évangile”. Bénir vient du latin bene dicere, “dire du bien”.