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Qui ne s’est jamais émerveillé devant l’une de ces représentations de la crèche où l’âne et le bœuf accompagnés de quelques bergers sont les témoins de la divine naissance ? Et pourtant, cette scène n’allait pas de soi et remonte, non pas aux premiers temps du christianisme, mais au Moyen Âge selon l’inspiration de saint François d’Assise souhaitant rappeler la naissance humble du Christ avec l’institution de la crèche et de ses animaux… Mais que nous dit la Bible précisément concernant cette Nativité ? Luc, dans son évangile (Lc 2,1-21), rapporte que Marie et Joseph se rendaient à Bethléem pour un recensement ordonné par le gouverneur de Syrie nommé Quirinius et l’Évangéliste de préciser leur périple : “Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David”. C’est dans cette ville, Bethléem, que Marie donnera naissance à son enfant, “dans une mangeoire” la salle commune étant comble, souligne encore l’Évangéliste…
Une tradition locale
Un siècle après la naissance du Christ, une tradition locale rapportée par saint Justin entend attester le lieu précis de la naissance de Jésus, lieu quelque peu problématique dans la mesure où à cet endroit un culte était alors rendu à Adonis… Matthieu, néanmoins, dans son évangile confirme, lui aussi, ce lieu de Bethléem et Luc en livre, pour sa part, une description détaillée ; il est en effet possible que l’Évangéliste ait pu recueillir en personne le témoignage de Marie.
Luc dans son évangile donne également un récit très précis pour l’époque de la naissance de Jésus : “Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux”. (Lc 2,7-8). Le contexte humble et collectif du lieu tranche avec l’importance de la scène, le Fils de Dieu va naître dans une étable avec pour témoins des bergers…
25 décembre, 6 ou 7 janvier ?
La tradition romaine catholique a retenu depuis 336 la date du 25 décembre comme étant celle de la naissance de Jésus. Ce jour n’est pas anodin car dans la coutume antique romaine, cette date était celle de la fameuse fête du sol invictus ou Soleil invaincu, fête par laquelle les Romains célébraient le fait que le soleil gagne sur la nuit à l’époque du solstice d’hiver. En se substituant à une fête païenne populaire à l’époque, le christianisme primitif allait imposer une célébration dorénavant non plus fondée sur des raisons cosmiques, mais sur la naissance divine de l’enfant Jésus. Cette tradition ne fut pas, cependant, la seule historiquement : un ancien usage oriental retenait en effet la date du 6 janvier comme étant celle de Noël ; soulignons que les chrétiens arméniens ont conservé depuis traditionnellement cette date sauf à Jérusalem où cette communauté commémore la naissance du Christ le 19 janvier. Par ailleurs, les Églises orthodoxes ainsi que certaines Églises catholiques de rites orientaux retiennent quant à elles encore de nos jours la date du 7 janvier pour célébrer la Nativité en raison de la différence de 13 jours séparant le calendrier grégorien du calendrier julien.
Les Nativités des artistes
S’il est bien un thème de l’art sacré visité avec abondance par les plus grands artistes, c’est assurément celui de la Nativité. Dès les premiers siècles, la naissance de Jésus orne des fresques comme celles très anciennes découvertes dans la catacombe romaine de Priscille au IIe siècle qui représentent sobrement la Vierge Marie allaitant Jésus.
Mais c’est surtout au Moyen Âge que la Nativité va connaître un essor important avec l’introduction du bœuf et de l’âne interprétant extensivement la prophétie d’Isaïe : “Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître. Israël ne le connaît pas, mon peuple ne comprend pas” (Is 1,3). De nombreuses légendes s’inviteront et viendront alors s’ajouter à ces traditions ancestrales qui contrasteront souvent avec la sobriété initiale du récit évangélique.
L’apothéose surviendra notamment avec le baroque qui s’éloignera bien loin des scènes épurées souhaitées par le franciscanisme telle cette éclatante Nativité ou Adoration des bergers peinte par Charles Le Brun, premier peintre de Louis XIV. Cette œuvre à la croisée des chemins entre classicisme français hérité de Nicolas Poussin et baroque italien, pays où l’artiste séjourna, offre pour ce dernier tableau réalisé par Le Brun un traitement virtuose de la Nativité.