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Comme souvent pour les tableaux, l’histoire de la Vierge du Sacré-cœur d’Ajaccio commence par une commande. Le peintre Théodore Géricault (dont l’œuvre la plus connue est Le Radeau de la Méduse) reçoit en 1820 la commande d’une peinture sur le thème de La Vierge du Sacré-Cœur, destinée à la cathédrale de Nantes. Trop occupé ou peu intéressé par le sujet, il en confie secrètement la réalisation à Delacroix. Le peintre, totalement inconnu du grand public, n’a que 22 ans et accepte de travailler comme s’il était Géricault.
Après la Vierge des moissons de l’église d’Orcemont, Eugène Delacroix continue avec cette Vierge une série d’œuvres d’inspiration religieuse, comme viendront plus tard la Pieta de Saint-Denys-du-Saint-Sacrement ou le Christ au jardin des Oliviers, de l’église Saint-Paul-Saint-Louis.
Les tribulations d’une toile refusée
La toile est envoyée à Nantes, mais se voit refusée par le nouvel évêque. Quelques années après, le tableau est offert à la ville d’Ajaccio par le roi Charles X, suite à la demande du préfet d’obtenir un tableau de maître pour la cathédrale. Entre temps, il change de nom pour devenir Le triomphe de la Religion. Il reste attribué à Géricault. D’ailleurs, aucune signature ne permet d’identifier l’auteur. L’installation se fait dans la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption, mais Paris ne garde aucune trace de l’envoi en Corse.
La supercherie est révélée par un journaliste en 1842, mais ses révélations restent inaperçues et rien ne bouge jusqu’en 1930. À l’occasion de la préparation d’une grande exposition au musée du Louvre, le conservateur du musée Fesch identifie le trésor contenu dans la cathédrale. Il tentera de faire déplacer le tableau dans le musée. L’affaire ne se fait pas et le Delacroix part au musée du Louvre pour l’exposition et une restauration complète. A son retour sur l’Ile de Beauté, il finit par être affecté au musée Fesch.
Avant la deuxième guerre mondiale, l’huile sur toile est mise à l’abri dans la chapelle impériale du Palais Fesch, si bien cachée qu’elle tombe à nouveau dans l’oubli, d’autant que les archives du musée disparaissent.
Elle réintègre sa place initiale dans la cathédrale dans les années 50, mais ses aventures ne s’arrêtent pas là : elle échappe miraculeusement à un incendie qui se déclare à quelques mètres, en 1995.
Depuis 2002, Le propriétaire en est la Collectivité Territoriale de Corse, qui n’envisage nullement de la déplacer, considérant que les œuvres d’art d’inspiration religieuse ont une place privilégiée dans les églises et cathédrales. À bien y regarder, le geste de la Vierge au Sacré-Cœur ne serait-elle pas une préfiguration de La liberté guidant le peuple ? Cette œuvre mondialement connue verra le jour neuf ans plus tard…