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Après l’enlèvement le 19 janvier de six religieuses à Haïti, les catholiques du pays ont organisé ce mercredi 24 janvier une journée de prière et d’adoration pour demander leur libération rapide. Une prière portée par l’ensemble du pays y compris par Mgr Pierre-André Dumas,évêque d’Anse-à-Veau et Miragoâne (diocèse dans lequel l’enlèvement a eu lieu) et qui avait proposé dans la foulée de prendre la place des otages. “Nous prions et nous luttons durement pour faire naitre et soutenir à Haïti l’Espérance, celle qui ne déçoit pas”, confie-t-il à Aleteia. “L’Église, en accompagnant la population, est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour apaiser la souffrance du peuple crucifié dans son histoire.”
Aleteia : Pouvez-vous décrire la situation actuelle à Haïti ?
Mgr Pierre-André Dumas : Haïti traverse depuis quelques années une crise socio-politique et humanitaire aiguë. L’heure est extrêmement difficile et grave chez nous. Nous sommes alarmés et préoccupés par les cas odieux de violence systématique et sélective. Nous avons le sentiment que le pouvoir provisoire, qui est réellement en manque de légitimité, est dépassé par l’ampleur des événements et par la détérioration des structures coercitives de l’État. Les kidnappings récurrents détruisent l’image du pays et font souffrir le peuple. Le dernier exemple est l’enlèvement récents des six religieuses. L’inaction des autorités face à ces attaques témoigne de cette faillite de l’État qui n’est plus en mesure de répondre à ses missions régaliennes de garantir la sécurité publique, de pourvoir à la libre circulation des gens, de protéger la vie et les biens des citoyens, de répondre à ses grandes et dignes responsabilités étatiques. Ceux qui sont aujourd’hui en responsabilité se montrent incapables de garantir un état de droit, maitriser la flambée de violence des bandes criminelles, contenir l’agitation des brigades d’autodéfense et restituer la paix sociale hypothéquée depuis belle lurette.
Nous prions et nous luttons durement pour faire naitre et soutenir à Haïti l’Espérance, celle qui ne déçoit pas.
Comment l’Église peut-elle accomplir sa mission dans ce contexte de violence et d’insécurité ?
Plus de 8.000 personnes ont été tuées au cours de l’année 2023, selon différents rapports de l’ONU. Environ, 25.0000 Haïtiens et Haïtiennes ont connu le déplacement interne ou ont choisi l’exode par un exil humanitaire forcé. Mais l’Église, et plus particulièrement l’Église en Haïti, croit que le règne de la terreur, du chaos et de l’anarchie au nom de la foi n’aura pas le dernier mot. Nous osons espérer pour nos frères et sœurs. Nous prions et nous luttons durement pour faire naitre et soutenir à Haïti l’Espérance, celle qui ne déçoit pas. L’Église, en accompagnant la population, est en train de faire tout ce qui est en son pouvoir pour apaiser la souffrance du peuple crucifié dans son histoire. Elle en appelle au réveil de la conscience citoyenne. Elle invite les filles et les fils du pays à s’asseoir ensemble autour d’une table trouver un large consensus par la concertation et le dialogue. Aussi cherche-t-elle à ouvrir le chemin vers le rassemblement pour une vraie entente nationale entre les Haïti afin de sauver le pays.
L’Église peut-elle jouer concrètement un rôle politique à Haïti ?
Face à cette situation d’indignation que nous vivons et qui plonge le pays dans un cauchemar, l’Église demande aux autorités d’assumer leur responsabilité pour renormaliser la vie de la population, pour rétablir les institutions démocratiques et pour restaurer l’autorité de l’État par un pacte de gouvernance, un plan de relèvement national et un grand projet de développement humain intégral pour tous. Les Haïtiens ont réellement besoin de reprendre en main le destin de leur nation en travaillant ensemble pour la renaissance de leur pays. Et l’Église est à leurs côtés jusqu’au bout.