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Si l’on écarte les 813 martyrs italiens d’Otrante, massacrés en 1480 par les Turcs et canonisés en une seule fois par François en 2013, le pontife argentin aura élevé à la gloire des autels 99 saints depuis le début de son pontificat. Et certaines de ces canonisations apparaissent plus personnelles à Jorge Mario Bergoglio, premier pape sud-américain et premier pape issu des jésuites.
Ainsi il n’est pas anodin que Mama Antula soit la première sainte argentine de l’histoire de l’Église, elle qui, au XVIIIe siècle, a diffusé la spiritualité ignatienne dans le pays natal de François. Il semble que le pape argentin, qui a aussi décrété sa béatification en 2016, a promu cette cause au dicastère, où plus de 2.000 dossiers sont à l’étude. De la même façon, il est intéressant de remarquer que depuis 2013, après l’Italie, le deuxième pays pourvoyeur de saints est le Brésil avec 31 saints. Mais s’il fallait offrir un panorama des saints de François, voici ce qu’il pourrait être :
Des grands témoins
Depuis 2013, ont été canonisés de grands témoins catholiques, comme Mère Teresa de Calcutta (2016), Mgr Óscar Romero (2018), le cardinal John Henry Newman (2019), ou encore Charles de Foucauld (2022), le “frère universel”. À noter que ce dernier est cher au pape François, puisqu’il compte parmi les inspirateurs de son encyclique Fratelli tutti. “François est le pape des périphéries et il va canoniser Charles de Foucauld, le saint des périphéries”, nous confiait ainsi le postulateur de la cause, le père Bernard Ardura.
Des papes
Le pontife argentin a également porté à la gloire des autels trois de ses prédécesseurs : Jean XXIII (2014), Paul VI (2018) et Jean Paul II (2014), trois papes du XXe siècle et du Concile Vatican II. Ces choix ne peuvent qu’être soulignés, si l’on pense aux nombreuses références du pape François à ce Concile, dont il estime que les fruits restent à être déployés. La cérémonie de canonisation de Jean Paul II et de Jean XXIII a été particulièrement symbolique, puisqu’elle rassemblait place Saint-Pierre rien de moins que quatre papes, avec Benoît XVI sorti de sa retraite pour l’occasion.
Le premier couple marié
Le Pape le plus prolifique en matière de reconnaissance de saints a mis à l’honneur des profils variés : il a inscrit au catalogue des saints le premier couple marié à être canonisé ensemble, Louis et Zélie Martin (2015), parents de Thérèse de l’Enfant Jésus. Il a aussi inscrit deux enfants, frère et sœur, Jacinta et Francesco Marto (2017), les deux bergers voyants des apparitions de Fatima. On peut penser que ces profils tenaient à cœur au 266e pape, qui a souvent confié que la carmélite de Lisieux était sa sainte préférée, et qui a exprimé son attachement particulier à Fatima, où il s’est rendu deux fois.
Des profils atypiques
Des profils atypiques sont ressortis dans les saints de François, comme le carme Titus Bransma (2022), Néerlandais qui fonda la première école de journalisme européenne et fut martyr du nazisme. Le pontife argentin a voulu également proposer des modèles de provenance plus rares, donnant son premier saint au Sri Lanka en la personne de Joseph Vaz (2015), ou canonisant le premier laïc indien, Lazare Devasahayam Pillai (2022). Ces canonisations de figures lointaines, si elles ne sont pas une nouveauté dans l’Église, résonne avec l’attrait bien connu du pape François pour les périphéries.
Des canonisations équipollentes
De façon notable, François a utilisé un certain nombre de fois un procédé exceptionnel, en décrétant des canonisations dites ‘équipollentes’, sans reconnaissance de miracle ou sans cérémonie de canonisation. Cette procédure particulièrement rare, qui est utilisée surtout lorsque les faits relèvent d’un lointain passé, a sans doute permis au pape de propulser des figures auxquels il était particulièrement attaché, tel Pierre Favre (2013), membre du premier groupe de jésuites auprès de saint Ignace de Loyola au XVIe siècle.
Des saints œcuméniques
Dernièrement, en mai 2023, le pontife a annoncé une initiative historique : les 21 martyrs chrétiens, dont 20 coptes orthodoxes tués par Daech en 2015 en Libye, seront inscrits au martyrologe romain. Si l’Église catholique et l’Église copte ont en commun des saints des premiers siècles, il s’agira des premiers saints reconnus par les deux Églises depuis la rupture du Ve siècle. Un signe qui représente “l’œcuménisme du martyre”, dont parle souvent le pape François.