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Chacun sait que Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance. Nous nous souvenons moins aisément qu’un peu plus loin dans le récit de la Genèse, c’est à partir d’une poignée de poussière du sol que le souffle divin nous créa hommes : “Souviens-toi que tu es poussière et que tu reviendras poussière” (Gn 3, 19). Si Dieu est, nous, nous avons besoin de Lui pour devenir.
Naître de la cendre
Un grain doit mourir pour devenir ce à quoi il est destiné. Il doit quitter son enveloppe naturelle, sa nature initiale pour germer et accéder à cette vie qu’il a en lui et qui lui est promise. Comme le grain est voué à quitter son enveloppe, l’homme est appelé à quitter sa nature — humaine — marquée par le péché pour atteindre son accomplissement divin. Nous avons facilement tendance à penser que l’accomplissement se trouve en nous-même. Le carême est la très juste occasion pour se souvenir que nous ne pouvons que nous épuiser puis nous éteindre si nous persévérons à penser pouvoir vivre seuls par nos propres forces. Retour à la poussière.
Alors pour ne pas laisser notre foi finir en tas de poussière vain, froid et volatile, profitons de l’élan du carême pour nous engager avec toute notre volonté et notre enthousiasme à la rencontre de celui qui nous propose le Salut. Mettons-nous sciemment sur le chemin de celui qui a donné sa vie pour qu’aucun d’entre nous ne soit perdu. Nous construirons alors nos efforts à la lumière de son exemple.
Le Chemin, la Vérité, la Vie
Pourquoi ne pas relire un évangile (au choix mais en entier) pendant ce carême ? Jésus nous montre la direction. Faisons de nous-même des disciples. Suivons la vie publique du Christ : scrutons, écoutons, laissons-nous enseigner, interrogeons-nous. Attachons-nous à celui qui enseigne, qui guérit et qui aime. Attachons-nous à ses pas lorsque sa Passion le mène de la Cène à Gethsémani et jusqu’à la Croix. Soyons de ceux qui l’accompagnent et le soutiennent. Soyons aux côtés de sa mère, la Vierge Marie, avec l’apôtre Jean et les femmes au pied de la Croix. Ayons le courage de contempler le témoignage absolu qu’il livre à la Vérité et qui le conduit de l’obéissance à la souffrance et jusqu’à la mort.
Et soyons là aussi au petit matin de Pâques ! Éprouvons l’incompréhension et les larmes de Marie-Madeleine ne trouvant pas le corps de son Seigneur. Puis partageons avec les apôtres la joie de la résurrection dans toute la grandeur et la beauté de sa lumière. Comprenons avec eux le sens de la venue du Christ et mesurons ce que le don de sa vie nous révèle de son amour pour nous. Le Seigneur nous offre le Salut, à nous de nous donner la peine de le saisir !
Le sens de nos efforts : la conversion
Partage, prière et jeûne sont les piliers du carême pour nous aider dans notre conversion. Ils sont à envisager dans la même optique de don que celle du Christ dans les Évangiles. Nos efforts de carême ne sont pas à considérer comme des résolutions restrictives sans finalité. Ils doivent s’inscrire en vue du don d’un plus grand bien pour ceux qui nous entourent ou pour le Seigneur. C’est dans le don de soi que se trouve la porte étroite. “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime” (Jn 15, 13). Nos efforts de carême doivent nous conduire à aimer mieux, à aimer moins “humainement”, à aimer plus divinement : c’est-à-dire à tenter d’aimer comme le Christ nous a aimé.
Le carême débute avec les cendres et s’achève dans la lumière. Dans les cendres réside donc la promesse de la vie. Recevons-les sur notre front avec humilité et une immense gratitude — nous qui avons connaissance du prix de la victoire du Christ sur la mort. Il s’est abaissé jusqu’à nous Celui qui nous élève avec lui dans l’éternité, suivons ses pas avec courage, espérance et toute notre volonté ! C’est un chemin d’accomplissement et de joie véritable qui nous conduit de la poussière à la plénitude de la Vie !