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11.107 jours de captivité, 11.107 jours de travaux forcés et de prison. Voilà le calvaire qu’a traversé au XXe siècle le cardinal albanais Ernest Simoni. Un “martyr vivant” aujourd’hui âgé de 95 ans à qui le pape François a rendu un vibrant hommage lors de l’audience générale de ce mercredi 14 février.
Ernest Simoni est né en 1928 en Albanie. Il a grandi dans une famille simple et pauvre mais profondément croyante. À dix ans, il a réussi à entrer au collège des franciscains de Troshani. Mais alors que le jeune homme étudie, le dictateur Enver Hoxha arrive à la tête du pays instaurant le communisme d’État. Hoxha fait alors de la religion une obsession et la déclare illicite. Tandis que l’insécurité et la violence progressent dans le pays, le collège des franciscains est saccagé en 1948 par les forces communistes qui le transforment en lieu de tortures pour des prisonniers.
Malgré la répression, dans le cœur du jeune homme naît la vocation de prêtre. Le régime, révulsé par un tel choix, décide alors de l’envoyer enseigner dans un village perdu dans la montagne avant de l’obliger à faire deux ans de service militaire. Ernest Simoni persiste, il sera prêtre quoi qu’il en soit. En 1956, il est enfin ordonné et exerce son ministère dans le diocèse de Scutari au nord-ouest de l’Albanie.
Les prêtres sont les ennemis de la Nation
La nuit de Noël de 1963, nuit où le Christ dans son amour infini changea la face du monde en se faisant homme, la vie de Don Ernest Simoni bascule à son tour. Après sa messe à Barbullush au nord de l’Albanie, il est arrêté au nom de sa foi : “Les prêtres sont les ennemis de la Nation”. Sans autre forme de justice, sans aucun procès, il est condamné à mort. Sa peine est finalement commuée à 25 ans de prison et de travaux forcés.
Si le Christ lors de sa Passion porta une croix de bois, Don Ernest Simoni porta une petite pioche qui résonnera de longues années dans les mines albanaises. Dans les murs de sa prison, il grave la preuve de son abandon total : “Ma vie est Jésus“. Malgré la torture et la souffrance, il continue son ministère en cachette auprès des prisonniers en célébrant des messes et en confessant. De nouveau condamné à mort en 1973, il échappe à l’exécution grâce aux témoignages de prisonniers et de gardiens en sa faveur.
En 1981, il est “libéré” de ses fers. Ce n’est que de ses fers, car s’il n’est plus prisonnier, Don Ernest est toujours considéré comme un “ennemi du peuple”. Il est alors envoyé dans les égouts de la ville de Scutari pour y travailler. Après la chute de la Russie, les régimes communistes européens tombent tous un par un jusqu’au tour de l’Albanie, le 5 septembre 1990.
Modèle de foi et d’humilité
Ce n’est pas souvent que le pape François pleure. Mais face à Don Ernest, il a laissé couler ses larmes. C’était le 21 septembre 2014, dans la cathédrale de Tirana. Cet homme, dont les mains sont marquées par des années de souffrance, a trouvé la force de dire : “J’ai tout pardonné à mes bourreaux, car c’est du passé”.
En 2016, touché par le parcours de ce prêtre à la foi de géant, le pape François le fait cardinal, le premier de l’histoire de l’Albanie, alors qu’il n’est même pas évêque. Depuis, Don Ernest est vêtu de rouge. Rouge comme son martyr.