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Le collège des Bernardins accueille à partir de ce mercredi 28 février “Stat Crux”, une exposition de François-Xavier Boissoudy aux toiles grand format entièrement consacrées à la Croix, est intitulée. Le peintre médite à l’encre, à sa manière, calme et profonde. Au pied de la Croix. “Voilà donc mon travail, comme une boue qui serait visitée par la lumière, sachant juste où je voulais que la lumière soit figurée par l’absence de peinture”, explique celui qui a travaillé pieds nus et debout sur ses œuvres. “Jésus Christ est le centre du cosmos et de l’Histoire”, écrivait le pape Jean Paul II en en-tête de sa première encyclique Redemptor Hominis. Chacune des œuvres présentées aux Bernardins fait jaillir au cœur du spectateur cet écho profond, comme une vérité sur l’homme.
Stat Crux. Le verbe latin exprime la solidité de la station debout, la permanence, le fait de demeurer ferme quelque-soit la fébrilité alentour. C’est à ses lavis, à son encre diluée que François-Xavier de Boissoudy enjoint de signifier cette devise des Chartreux, qu’au fil de son parcours artistique il a faite sienne : stat crux dum volvitur orbis, la Croix demeure tandis que le monde tourne. Le “Stat Crux” est un état. C’est comme en passant, comme y passant tout entier, avec son langage à lui que le peintre parvient à conjuguer la fugacité de nos vies et la permanence du Christ.
Ces œuvres sont une catéchèse
L’exposition comprend deux séries de tableaux, à l’encre sur papier. La première exprime la puissante attraction exercée par la Croix. Le Christ de Boissoudy attire tout à lui. Son halo aimante ceux qui entourent la Croix. En lâchant prise, ils lâchent du lest et semblent s’élever vers le supplicié, illuminés à leur tour. Ces œuvres sont une catéchèse, leur contemplation ne laisse aucun doute : les personnages qui entourent le Christ ne décollent pas par eux-mêmes jusqu’à lui, aucun moteur, aucune hélice à leurs pieds. La condition de possibilité pour fréquenter de près celui qui est élevé de terre, réside dans leur démission à eux-mêmes et dans l’acceptation d’autre chose.
La seconde série est une collection de visages du Christ. Ce visage du Christ en Croix, en face duquel le spectateur s’élève à l’invitation du peintre, révèle la profondeur de son expression à ceux qui, constatant l’absence d’hélices à leurs pieds, entrent par leur oui dans le mouvement précédent.
Doux dans leurs transparence, forts dans ce qu’ils expriment, ses lavis sont convaincants. Si quelque chose parfois aimerait y résister, protester, comme une antique habitude contestataire, force est d’admettre que Boissoudy renouvelle le genre. Ce qui résiste alors, c’est le désir de procéder autrement, avec ses propres moyens et sans la Croix si possible! Mais rien n’y fait, du fracas des arguments vainement lancés, émane doucement la lumière entêtante de l’œuvre dans sa profonde signification : la permanence de la Croix dans les cœurs qui acceptent d’en accueillir le mystère et que l’encre de Boissoudy permet de refléter.
Pratique
20, rue de Poissy
Ancienne sacristie
Du 28 février au 6 avril 2024
Du lundi au samedi de 10h à 18h
Un livre d’art intitulé Stat Crux et consacré à l’exposition paraît en parallèle aux Éditions Première Partie. Il rassemble les œuvres de François-Xavier de Boissoudy et les textes de Martin Steffens, philosophe, Sylvie Germain, romancière et essayiste, Robert Redeker, philosophe, Olivier Kaeppelin, critique d’art, Didier Pourquery, journaliste et essayiste, et Paule Amblard, historienne de l’art.