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Alors que les élections européennes, prévues le 9 juin 2024, se rapprochent, la majorité des partis politiques français ont déjà officialisé leur tête de liste. François-Xavier Bellamy pour Les Républicains, Jordan Bardella pour le Rassemblement National, Manon Aubry pour la France Insoumise ou encore Valérie Hayer pour Renaissance… Au total, 22 têtes de liste sont connues, parmi lesquelles les Français devront choisir leurs représentants au niveau européen. Un rendez-vous politique crucial, que l’Église catholique appelle à ne pas manquer. “Notre vote, le 9 juin, ne doit pas être un vote de renoncement par l’Europe à sa responsabilité universelle ni un vote de renoncement par notre pays à sa responsabilité à l’égard du monde entier”, a ainsi fr.aleteia.org/tag/lourdes/">Lourdes%5D%20Discours%20de%20cl%C3%B4ture%20de%20l%27Assembl%C3%A9e%20pl%C3%A9ni%C3%A8re%20des%20%C3%A9v%C3%AAques&utm_medium=email&utm_source=Mailjet” target=”_blank” rel=”noopener” title=””>déclaré ce 22 mars Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, dans son discours de clôture de l’Assemblée plénière des évêques de Lourdes. “Il devrait plutôt être un vote qui manifeste notre engagement à servir la liberté de penser et d’agir et d’œuvrer ensemble de notre pays comme de tous les pays”, conclut-t-il.
Un vœu formulé quelques jours plus tôt par la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), à travers une déclaration publiée le 12 mars, dans laquelle les 27 prélats signataires appellent les catholiques à “un vote responsable encourageant les valeurs chrétiennes et le projet européen.” Parmi eux, Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon et premier vice-président de la COMECE. Entretien.
Aleteia : Les catholiques ont-ils le devoir de prendre part aux élections européennes ?
Mgr Hérouard : Je le pense, oui. Les catholiques doivent se sentir concernés par ces élections, et plus largement par la problématique de la construction européenne. Plusieurs catholiques en ont été à l’origine, et de nombreux Papes ont exprimé leur soutien à l’idée européenne. Le projet européen est un projet de paix, qui a quelque chose d’unique dans l’histoire de l’humanité. Au-delà d’être un continent géographique, il s’agit d’un ensemble politique et économique qui essaie de bâtir une unité et une harmonie entre les nations.
Que veut dire la COMECE lorsqu’elle invite les catholiques à voter pour des partis qui “soutiennent clairement le projet européen” ?
Il faut essayer de voter pour des partis ou des listes qui travaillent en faveur du projet européen et qui ne cherchent pas à détruire l’Union Européenne (UE). Nous savons que l’UE n’est pas parfaite, mais nous sommes justement appelés à l’améliorer. Le risque, c’est de dire qu’aucun parti ne correspondra jamais complètement à nos valeurs, et de rester inertes. Nous ne formulons aucune consigne de vote, mais nous croyons que certains partis, qui se trouvent bien souvent dans les extrêmes, ne devraient pas recevoir les suffrages des chrétiens.
Nous sommes obligés de sélectionner ce qui paraît le “moins mauvais” possible dans l’éventail de ce qui est proposé. Ce n’est pas idéal, mais ce n’est pas une raison pour ne pas voter.
J’insiste par ailleurs sur le rôle primordial de la jeunesse : beaucoup de pays, comme l’Allemagne, vont proposer de voter à partir de 16 ans. À partir du moment où la jeunesse a ce droit de vote, il faut qu’elle l’exerce. Beaucoup de jeunes se sentent Européens, et nombreux sont ceux qui pensent que c’est un acquis : la paix, la liberté de circuler, de voyager et d’étudier ailleurs… Mais tout cela est fragile. Aujourd’hui, la guerre est aux portes de l’Union européenne. Il faut donc faire attention à ce que tout cela ne se détricote pas, et c’est justement à eux, les jeunes, de se manifester à travers leur vote. Ils profitent de beaucoup d’aspects de la dimension européenne, et ce sont ces élections qui ont un impact sur la vie quotidienne.
La COMECE souligne pourtant que de nombreuses propositions politiques qui émanent des partis pro-européens ne sont pas toujours “conformes aux valeurs chrétiennes”. N’y a-t-il pas une forme de contradiction à voter pour eux ?
Malheureusement, aucun parti ou un groupe de partis n’incarne tout ce que l’on voudrait qu’il incarne. Par conséquent, nous sommes obligés de sélectionner ce qui paraît le “moins mauvais” possible dans l’éventail de ce qui est proposé. Ce n’est pas idéal, mais ce n’est pas une raison pour ne pas voter. Il faut faire un choix réaliste. Ne pas voter ou voter blanc, c’est aussi laisser les autres choisir à notre place. D’autre part, chacun vote selon sa conscience, mais je pense qu’il faut ici éviter de mettre en avant des questions politiques liées à un agenda national. C’est le cas par exemple des enjeux sur la fin de vie ou de l’avortement qui tiennent de la responsabilité des États, et non de l’UE. La question de l’immigration en revanche, est un enjeu dans lequel s’articule une dimension à la fois nationale et européenne. La COMECE a donc soutenu les efforts mis en avant dans le pacte migratoire en cours de discussion pour que l’on puisse bénéficier d’une politique commune. Des pays comme l’Italie ou l’Angleterre ont prouvé que les arrivées migratoires ne sont pas mieux contrôlées par des politiques nationales seules. Il est donc essentiel de définir des objectifs communs et un certain nombre de responsabilités entre les pays qui sont en première ligne de cette crise migratoire et ceux qui sont moins concernés par ces arrivées, car ces enjeux vont aller croissants.