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C’était à Béthanie, à “une demi-heure de marche environ” (Jn 11, 18) de Jérusalem. “Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : ‘Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider’. Le Seigneur lui répondit : ‘Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée’.” (Lc 10, 38-42). Jésus, ici, n’indique pas à Marthe que ses occupations sont vaines. Comme sainte Thérèse d’Avila qui répétait à ses filles que “Dieu marche au milieu des casseroles”, le Christ n’incite pas Marthe à se détourner des préoccupations légitimes de ce monde. Si elle ne s’était pas affairée, d’ailleurs, à préparer le logis et le repas, Jésus n’aurait pas trouvé un lieu où se reposer. Comme à la foule, sur la montagne, Il invite cependant son amie à “chercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice”, car tout le reste lui “sera donné par surcroît” (Mt 6, 33).
Qui n’a pas redit, à voix haute ou dans son cœur, les mots de Marthe ? “Cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider”. Marthe est debout, elle s’affaire ; Marie est assise, elle écoute. Marthe ne s’oppose pas à Marie, ni Marie à Marthe. Au contraire, leur deux postures se rejoignent dans une même attitude, celle du disciple attentif qui se tient prêt. Aux pieds du Christ, Marie ne rêvasse pas, elle écoute. Elle se rend disponible, dans une écoute active, pour recevoir les paroles du Christ, celles-là même qui sont, comme le dit Simon-Pierre, “les paroles de la vie éternelle” (Jn 6, 68). Ce que Marthe et Marie enseignent à l’Église universelle, c’est aussi d’ordonner ses actions à l’écoute attentive de la volonté de Dieu ; c’est prier, d’abord, pour agir ensuite ; c’est prendre le temps de s’arrêter pour écouter la voix de Celui qui, comme la brise, parle dans le silence. Cesser de s’agiter dans tous les sens, c’est enfin trouver le repos de l’âme en Dieu pour redire, avec Marie de Béthanie : “j’ai choisi la meilleure part, elle ne me sera pas enlevée”.