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“Long comme un carême” dit l’expression, certes tombée en désuétude. Sagesse populaire n’est pourtant pas vérité liturgique : ce temps de pénitence de quarante jours n’est pas le plus long temps privilégié dans l’année liturgique. Hormis le temps “dans l’année” ou ordinaire, qui est comme le fond commun de la prière de l’Église, la période la plus longue est celle qui commence à Pâques : le temps pascal.
Cinquante jours, rien de moins, séparent ainsi la solennité de la Résurrection de celle de la Pentecôte. Pourquoi un tel nombre de jours ? Bien sûr parce que la liturgie juive elle-même place la fête du don de la loi sept semaines après la Pâque. Mais aussi, spirituellement, parce que la pénitence vécue durant les quarante jours précédant le mystère pascal n’est pas un but en soi. En paraphrasant Jésus, l’on pourrait dire : “le Carême est fait pour l’homme, et non l’homme pour le Carême”. La pénitence, l’aumône, la prière et les efforts assortis n’ont pour objet que de grandir en liberté, de sorte qu’au troisième jour chaque fidèle puisse proclamer avec une foi nouvelle que Jésus est l’unique Sauveur.
Victoire sur la mort
Plus encore, cette longue méditation du mystère de la résurrection du Christ manifeste que c’est bien cette victoire sur la mort qui soutient toute vie chrétienne. S’y attacher particulièrement durant ces (longs) jours est une manière de se maintenir dans l’espérance et la foi tout le reste de l’année. C’est également le sens des lectures que la liturgie fait entendre à la messe. En lisant les Actes des apôtres, les chrétiens admirent la foi des apôtres et l’action de la grâce dans l’histoire : la résurrection fut une réalité agissante au Ier siècle, pourquoi ne le serait-elle pas en 2024 ?
Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi.
En proclamant l’évangile de saint Jean – notamment le discours d’adieux (chapitres 14 à 16) et la prière sacerdotale du Christ (chapitre 17) – l’Église comprend que le Fils est désormais auprès du Père, mais qu’il envoie son Esprit-saint sur la terre. Ce “Défenseur” “qui restera avec vous pour toujours” promet Jésus (Jn 14, 15). Qui ajoute en priant pour les hommes : “Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi […]. Ils ont véritablement connu que je suis sorti de toi […]. Je prie pour eux […] pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi.” (Jn 17, 6-10). Le temps pascal qui s’ouvre désormais n’est pas de trop pour accueillir l’œuvre et la prière du Christ et laisser travailler la grâce dans un cœur libéré par la pénitence quadragésimale.