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Il s’appelait Younès*, il veut désormais porter le prénom qu’il a choisi pour son baptême : Augustin. Comme son saint patron, Augustin est né sur l’autre rive de la Méditerranée, sous le soleil d’Algérie. Le jeune homme de 26 ans grandit dans une famille kabyle, entouré de ses parents et de ses deux petits frères. La famille est musulmane pratiquante, et le jeune Younès est élevé dans le respect de la religion de ses parents. Pourtant, très tôt, des interrogations apparaissent. “Petit, je me posais des questions existentielles, quelque chose me manquait, se souvient Augustin. Ma mère est très pratiquante, ça a joué un rôle parce que c’était un peu étouffant”.
Une quête de vérité
Au collège, les questions deviennent plus pressantes. “J’ai commencé à chercher, je débattais sur les réseaux sociaux avec des kabyles berbéristes”, une communauté dont les membres revendiquent leur identité kabyle, différente du reste de l’Algérie arabe. À l’université, il décide d’approfondir sa réflexion sur la religion musulmane. “J’ai commencé à remettre en cause l’islam à cause de certaines incohérences, et il y avait des choses violentes dans les hadiths que je n’aimais pas, raconte le jeune homme. Pourtant, je cherchais à m’accrocher, mais j’ai fini par devenir non-croyant.” Augustin se dit d’abord athée, puis agnostique. “Je croyais plus en la science, la cosmologie, je me disais agnostique, ce qui consiste à ne rien affirmer et à admettre son ignorance sur Dieu.” Pourtant, la curiosité est plus forte. Augustin s’intéresse à la philosophie, cherche des réponses aux questions existentielles qui le taraudent. Il trouve une piste sur Internet, grâce à des vidéos qui lui font découvrir le christianisme sous l’angle de la philosophie et de la psychologie. “Croire en un être qui a créé l’univers mais qui n’a pas de relation avec l’homme, et sans morale objective, ça ne sert à rien, remarque Augustin. Et on ne peut pas non plus enfermer Dieu dans un laboratoire !”
La graine est plantée. L’étudiant ouvre la Bible et découvre la vie et le message du Christ. “Le sermon sur la montagne, ça m’a bouleversé. On peut dire “Aimez-vous les uns les autres”, mais qui peut dire “Aimez vos ennemis” ? Ça ne s’invente pas facilement !”, s’interroge Augustin avec passion. “Et puis, Jésus a incarné ses valeurs jusqu’au bout, je comprends pourquoi ses apôtres ont cru en lui, ce n’est pas un homme ordinaire”. Dans le secret, Augustin se met à prier. Il récite d’abord la prière du coeur, qu’il aime tout particulièrement, puis le Notre Père. “Avant, la prière était une obligation, et là je découvre qu’elle est relation avec Dieu.” Augustin garde tout cela dans son coeur, comme un trésor. “Je n’ai rien dit à personne, même à mes amis qui auraient pu l’accepter, explique le jeune homme. Je voulais protéger ce que j’avais trouvé, comme quelque chose de précieux, et je sentais que ma foi était encore trop fragile pour en parler et débattre.”
Quitter son pays pour Jésus
En Algérie, il n’est pas interdit d’être chrétien. Mais la société accepte mal les conversions. “Un Français catholique qui vient en Algérie et qui va à la messe, ce n’est pas un problème, détaille Augustin. Mais pour un Algérien qui se convertit, les gens voient ça un peu comme une trahison.” Discret, le jeune homme est pourtant armé d’une solide détermination. Il veut aller jusqu’au bout de sa quête, et sent qu’il doit quitter l’Algérie. Un an après avoir découvert Jésus, il décide de partir pour la France où il s’installe en 2021. “En Algérie, je sentais que je ne pouvais pas aller au bout de ma recherche, ça aurait été compliqué de faire le catéchuménat”, juge Augustin. Officiellement, il part poursuivre ses études d’informatique. Mais son rêve est ailleurs. “Je voyais les études comme un outil pour partir, mais la vraie raison, c’était dans l’idée de me faire baptiser“, confie-t-il avec un sourire.
En France, il passe d’abord par Marseille, avant de rejoindre Paris. Sur Internet, il fait la découverte des vidéos du frère Paul-Adrien, dont il finit par intégrer l’aumônerie, à Evry. Le jeune homme découvre peu à peu la foi catholique et la vie dans l’Église. “J’ai fait ma toute première messe à l’église Saint-Sulpice, je me souviens avoir regardé sur “WikiHow” pour savoir comment suivre !”, lance-t-il en riant. Puis il finit par se lancer et demande à être baptisé.
“Imiter le Christ au maximum”
Si la foi est une grâce, le catéchuménat n’est pas un long fleuve tranquille. Augustin traverse des périodes de doute, d’inquiétude. Le carême qui précède son baptême est particulièrement éprouvant. “Il y avait le ramadan en même temps, remarque Augustin. Ma famille n’est pas au courant de ma conversion, alors être obligé de mentir, c’est dur.” Mais il s’ancre profondément dans la prière, où il trouve la force de tenir. “Ça m’a beaucoup aidé. Quand on doute, cela veut dire que l’on est trop centré sur soi-même, il faut sortir de soi.” Augustin trouve aussi du réconfort en parlant de ses difficultés avec d’autres catéchumènes issus de l’islam. Il est accompagné par la mission Ismérie, qui soutient les personnes musulmanes désirant se convertir au christianisme.
Recevoir le baptême est toujours un choix radical et à contrecourant, mais cela exige parfois un courage immense et une incroyable capacité d’abandon. Pour les baptisés issus de l’islam, il faut souvent sacrifier beaucoup, jusqu’à sa famille dans certains cas. Celle d’Augustin n’est pas avec lui pour le grand jour, même s’il n’est pas seul. Le jeune homme est baptisé à Paris durant la Veillée pascale, le 31 mars 2024, entouré de ses amis de l’aumônerie. “J’étais un peu stressé juste avant, et ensuite j’ai ressenti une paix totale et beaucoup de joie”, se souvient-il de ce grand moment. Désormais, il porte le nom d’Augustin. “C’est le saint patron d’Algérie, explique-t-il. Mais ses combats me parlent aussi : il s’est battu contre les péchés de la chair, mais aussi contre les philosophies de son temps. J’ai vécu ça moi aussi, avec le New Age par exemple.”
Lorsqu’on lui demande pourquoi il a choisi de croire et de suivre Jésus, Augustin répond, comme une évidence : “Parce que je ne peut pas aimer Dieu autrement”. Lui qui a tant cherché vit maintenant pleinement sa vie de nouveau baptisé. Avec un seul objectif : “Imiter Jésus, au maximum !”
*À la demande de l’intéressé, il s’agit d’un prénom d’emprunt.