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Les prêtres français, apôtres du catholicisme américain

ATTENTAT NAPOLÉON

Ann Ronan Picture Library / Photo12 via AFP

La rédaction d'Aleteia - publié le 14/04/24

Parmi les prêtres français venus épauler Mgr John Caroll, le premier évêque des États-Unis, un chouan français : Joseph de Limoëlan, qui devint vicaire à Charleston et directeur d’un collège de filles. Auteur d’une biographie de ce chevalier devenu prêtre, René d’Ambrières retrace les débuts mouvementés du catholicisme américain.

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L’histoire du catholicisme aux États-Unis commence réellement avec la consécration épiscopale en 1790 de Mgr John Carroll (1735-1815), qui fut le premier et unique évêque américain jusqu’en 1808. Issu d’une famille irlandaise immigrée au Maryland depuis trois générations, John Carroll fit ses études en Europe dans un collège catholique à Saint-Omer et entra au noviciat des jésuites. Après la suppression de l’ordre de 1773, il revint aux États-Unis. Les prêtres américains, qui n’étaient alors qu’une trentaine, l’élisent évêque en 1789 et proposèrent leur choix au pape Pie VI. Ce dernier eut l’intelligence de ratifier, certes à titre exceptionnel, cette « nomination démocratique », si peu habituelle dans les usages de l’Église. En 1808, lors de la création des autres diocèses américains, Baltimore, siège épiscopal initial, devint un archevêché. 

Le rôle des sulpiciens 

John Carroll fit éclore l’Église américaine, encore inexistante lors de l’indépendance et la conduisit avec dynamisme et bienveillance. L’une de ses premières décisions particulièrement éclairée fut de créer un séminaire. Juste après son ordination épiscopale en Angleterre, l’abbé François-Charles Nagot, assistant du supérieur général de la compagnie des prêtres de Saint Sulpice, le convainquit de confier son séminaire aux sulpiciens français. Carroll, à défaut de moyens, ne manquait pas d’audace. Les sulpiciens prirent une part majeure dans le développement du catholicisme américain. Dans la première moitié du XIXe siècle, Mgr de Cheverus  et huit sulpiciens français se virent confier un diocèse américain, et l’un d’eux, Mgr Ambroise Maréchal devint même l’archevêque de Baltimore. Un Français accéda ainsi au sommet de l’Église américaine. Quant au séminaire de l’archidiocèse, c’est toujours l’un des plus importants des États-Unis. 

Mgr Carroll prit une autre décision majeure : avant même que Washington ne devienne la capitale, il créa à proximité le collège de Georgetown, qui sera le point de départ de la célèbre université catholique toujours réputée de nos jours. Carroll ne disposant comme pro-cathédrale que d’une modeste église à Baltimore, sans même un clocher, lança la construction d’une grande cathédrale néoclassique dont le style évoque le Panthéon. L’un des plus récents biographes de Mgr Carroll, le frère xavérien Spalding n’hésite pas à comparer son œuvre dans la sphère catholique à celle de George Washington pour la société civile.

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Joseph de Limoëlan

L’abbé de Limoëlan et le multiculturalisme américain

Les débuts du catholicisme américain, peu connus en France, mériteraient de l’être bien davantage en raison de la place qu’y tinrent les prêtres français. Parmi eux, le fameux Joseph de Limoëlan, qui fut d’abord l’un des cerveaux de l’attentat de la rue Saint-Nicaise contre Bonaparte le 3 nivôse an IX (24 décembre 1800), avant de trouver refuge aux États-Unis. Ordonné prêtre, il fut pendant presque vingt ans, de 1808 à sa mort en 1826, membre du clergé de Mgr Carroll.

Après son ordination, Joseph est nommé vicaire à Charleston, où il est immédiatement confronté au multiculturalisme des premières communautés catholiques. Dans le Sud en effet, les paroisses catholiques regroupent des Irlandais et des francophones réfugiés de Saint-Domingue. Il leur est difficile de construire ensemble une vie paroissiale. Joseph se consacre beaucoup aux francophones. Le curé est irlandais. C’est un bon prédicateur et il est soutenu par un groupe d’anciens compatriotes, au fond assez peu pratiquants, mais qui contrôlent la paroisse par le biais des trustees. Dans ce contexte, un différend s’établit bientôt entre le curé et son vicaire. Ces dissensions entraînent un quasi-schisme à Charleston que les paroissiens irlandais firent remonter au Saint-Siège sans solliciter l’arbitrage de l’évêque. Heureusement tout finit par s’apaiser, mais ce premier ministère montre amplement quelles difficultés Carroll et ses successeurs durent surmonter pour construire l’Église américaine.

Le premier collège catholique

Après cette expérience pastorale compliquée, une nouvelle responsabilité est confiée à Joseph. Il est nommé directeur du couvent de la Visitation de Georgetown. Ce couvent abrite aussi un collège de filles, le premier collège catholique de cette importance dans ce pays. Directeur, cela veut un peu tout dire : représentant de l’évêque, père spirituel, conseiller pour le temporel, etc. Joseph s’implique considérablement dans le développement de l’établissement et y contribue de ses deniers. Ce collège attire toujours de nombreux élèves. Au XIXe siècle, les fondations éducatives féminines se multiplièrent sur tout le territoire américain et jouèrent un rôle essentiel pour le développement du catholicisme en multipliant le nombre des familles catholiques, grâce à la transmission par les femmes.

Le catholicisme se répandit ainsi continument et sans conflit au milieu de ce monde protestant au point de compter aujourd’hui près de 75 millions de fidèles et plus de 150 diocèses.

En librairie :

René d’Ambrières, Le Fulgurant Destin du chevalier de Limoëlan, éditions Via Romana, août 2023, 400 pages, 24€

Tags:
CatholiquesÉtats-UnisÉvangélisationHistoireMissionnaire
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