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Une après-midi par semaine, ce curé devient “frère Truck”

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Capture d'écran Facebook/ Frère Truck

Frère Truck a fait sa première sortie aux Trois-Cités, un quartier populaire du sud de Poitiers.

Anne-Sophie Retailleau - publié le 15/04/24

Matthieu Le Merrer, curé de paroisse à Poitiers a lancé Frère Truck, une crêperie ambulante qui sillonne les rues de la ville. Ce projet solidaire se veut d'abord une œuvre d'évangélisation par la rencontre.

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Un camion et des crêpes pour le Christ. C’est l’idée peu banale du père Matthieu Le Merrer, curé de la paroisse Sainte-Agnès à Poitiers. Ce Breton d’origine vient de lancer Frère Truck, une crêperie ambulante et solidaire qui regroupe aujourd’hui une dizaine de bénévoles. À bord d’une petite caravane, ils partent à la rencontre des habitants des quartiers populaires de Poitiers, le temps d’une après-midi par semaine. Frère Truck vient évidemment du nom de “Frère Tuck”, ce célèbre moine bon vivant et tourné vers les pauvres de la légende de Robin des Bois. Voilà donc résumé tout le programme de Frère Truck. “Le premier objectif est d’aller à la rencontre des gens, de prendre le temps de les écouter de façon simple et directe”, explique d’une voix douce le père Matthieu Le Merrer. “Il y a des quartiers avec des réalités sociales difficiles, ou des quartiers où les personnes voient peu de monde.” C’est lorsqu’il célèbre ses 10 ans de sacerdoce, en 2022, que le prêtre de 39 ans imagine le projet. “Je me suis demandé comment je voyais mon ministère de prêtre pour les années qui viennent”, ajoute-t-il. “Frère Truck est né du désir de ne pas enfermer mon ministère dans la pratique du culte, mais aussi d’aller à la rencontre des gens, sans barrière. Une rencontre à partir de laquelle on peut échanger sur les grands sujets de la vie, de la foi.” 

Du temps et de la fidélité

Pour le père Matthieu, le moyen de cette rencontre était tout trouvé : une spécialité bretonne simple, les crêpes. “C’est la seule chose que je sache faire”, sourit-il. Je ne pense pas être le roi de la crêpe, mais je crois que les miennes ne sont pas mal !” Bon marché, elles se prêtent bien à une ambiance conviviale. “L’idée est que tout le monde puisse en avoir, on pratique le système de la crêpe suspendue. Les gens peuvent avancer le prix d’une crêpe pour une personne qui n’en n’a pas les moyens.” Comptez 50 centimes pour une beurre sucre, ou 1 euro pour la version caramel, confiture ou chocolat. Le camion de Frère Truck est entièrement équipé, notamment de l’indispensable crêpière bretonne, qui ne chôme pas pendant les excursions.

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Le père Matthieu Le Merrer et des bénévoles, le jour de la première sortie de Frère Truck, le 8 avril.

L’aventure en est encore à ses débuts : la première tournée s’est faite le dimanche 8 avril, dans le quartier des Trois-Cités, au sud de la ville. “Il y avait toujours du passage, et des rendez-vous ont été pris pour la semaine d’après”, note le père Matthieu. “Les gens sont dans l’observation pour le moment, ils n’y a pas eu de questions sur la dimension spirituelle.” Mais le jeune prêtre n’est pas pressé. “Pour se rencontrer il faut du temps et de la fidélité, remarque-t-il. Cela ne se fait pas en deux minutes, il faut s’apprivoiser. Et c’est tant mieux, car la fidélité est une belle réalité de notre foi.” Car derrière les crêpes, les bénévoles de Frère Truck se sont avant tout lancés dans une aventure d’évangélisation. “Le premier acte de l’évangélisation, c’est l’écoute et la rencontre de l’autre, des grands saints ont déjà mentionné cela, assure le père Matthieu. L’enjeu pour moi, ce n’est pas de réciter le credo quand quelqu’un arrive devant le camion, mais de faire une rencontre avec une personne, et au fur et à mesure de nos échanges, en fonction de ce que l’on se dit de nos vies, on peut parler de la foi.”

Le but de ma vie de prêtre n’est pas que je me mette en avant, mais que je mette Quelqu’un d’autre en avant.

Devant sa crêpière, le père Matthieu a troqué le col romain pour un tablier orange vif. Seule sa croix en bois, bien en évidence sur sa poitrine, donne au passant un indice sur sa vocation. “Si je mets très vite en avant que je suis prêtre, je peux susciter une forme d’originalité : c’est intéressant mais finalement pas très profond”, estime-t-il. “Le but de ma vie de prêtre n’est pas que je me mette en avant, mais que je mette Quelqu’un d’autre en avant.” Le temps et la patience, toujours. “Il y a des petits indices qui sont glissés dans le camion et qui peuvent susciter une discussion, mais pas forcément la première fois, note encore le prêtre. J’aime assez cette attitude qui consiste à se laisse happer par la rencontre. Dans l’Évangile, Jésus ne part pas le matin en disant “Aujourd’hui on va faire des guérisons” ! Il chemine, et il voit des gens qui l’interpellent, des aveugles ou encore une femme qui touche son manteau.”

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Comptez 50 centimes pour une beurre sucre, ou 1 euro pour la version caramel, confiture ou chocolat.

Frère Truck sera de sortie les 17 et 24 avril dans le quartier des Trois-Cités. Une sortie par semaine est prévue en mai, avant une pause estivale. Mais il reste encore à faire avant de reprendre la route : hormis les détails techniques, l’épineuse question reste la gestion des stocks, assure le père Matthieu en riant. “On ‘était à la crêpe près dimanche !” Peut-être l’annonce d’un beau succès. Désormais, il ne reste plus à la caravane qu’à revêtir la peinture flamboyante de Frère Truck, avant d’être officiellement bénie, en juin prochain.

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ÉvangélisationPrêtre
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