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Aux États-Unis, plus de 2% des enfants ont été conçus à l’aide de techniques de procréation médicalement assistée (PMA). Selon le National Committee for Monitoring Assisted Reproductive Technologies, rapporte le New York Times, plus de 12 millions d’enfants sont nés à travers le monde suite à une fécondation in vitro (FIV), la technique de PMA “la plus courante” depuis 1978. Alors que ces techniques ont été développées dans le but affiché de permettre à des couples infertiles de devenir parents, certains y ont recours directement, sans même essayer d’avoir un enfant “naturellement”.
Quand le temps semble manquer…
Le Dr Alan Copperman, directeur général du centre de fertilité RMA à New York, constate que “de plus en plus de couples, bien conscients des difficultés à concevoir et à porter à terme un bébé en bonne santé, renoncent aux rapports sexuels et passent directement à la fécondation in vitro“. Ces couples sont généralement aisés — la FIV coûte cher, et âgés de 30 à 40 ans. À 35 ans, les chances de concevoir un enfant sont de 15% chaque mois selon le Collège américain des obstétriciens et gynécologues. Un chiffre qui tombe à 5% à 40 ans. Certains couples évoquent des questions de “logistique”. “J’ai de nombreux patients qui travaillent dans le conseil ou qui ont une entreprise, et qui voyagent beaucoup pour leur travail”, explique le Dr Denis Vaughan, endocrinologue de la reproduction au Boston I.V.F. “Ils peuvent me dire qu’ils essaient depuis six mois, mais ils n’ont vraiment été ensemble au bon moment que pendant deux ou trois mois.”
Certains couples recourent à la fécondation pour dépister des “mutations génétiques nocives” et ne pas donner naissance à un enfant qui en serait porteur.
Pourtant la FIV est loin d’être une garantie. Selon les Centers for Disease Control and Prevention, les femmes de moins de 35 ans ont près de 50% de chances de donner naissance à un enfant vivant après un cycle de FIV. Pour celles ayant dépassé les 40 ans et qui utilisent leurs propres gamètes, ce taux est de 7%.
… ou des naissances par “objectifs”
Certains couples recourent à la fécondation pour dépister des “mutations génétiques nocives” et ne pas donner naissance à un enfant qui en serait porteur. Sarafina El-Badry Nance, une astrophysicienne de 30 ans à Berkeley, est porteuse d’une mutation du gène BRCA qui augmente le risque pour une femme de développer un cancer du sein ou de l’ovaire : elle a décidé de recourir à une technique de procréation qui aurait empêché sa propre naissance. Les embryons sont déjà congelés, prêts à être implantés “dans les prochaines années”, lorsqu’elle et son mari “seront prêts à avoir un enfant”.
D’autres veulent choisir le sexe de leur progéniture. Faith Hartley, 35 ans, et son mari, Neil Robertson, 49 ans, ont conçu leur premier enfant “rapidement”, en juillet 2019. Mais pour leur deuxième enfant, ils ont voulu recourir à la FIV “afin de pouvoir garantir le sexe”. “Nous voulions vraiment avoir une deuxième fille”, explique Faith, qui ajoute : “Il s’agit toutefois de la chose la plus difficile que j’ai jamais faite, physiquement parlant.”
Dès lors, des entreprises investissent le marché pour proposer des tests, toujours plus larges, toujours moins en lien avec des questions de santé. Ainsi, Femtech Insider signale le lancement par la société BillionToOne de BabyPeek, un test prénatal non invasif qui permet de connaître “les caractéristiques non médicales” des bébés à naître. Pour 99 dollars, BabyPeek promet aux futurs parents de découvrir par exemple la “couleur probable” des yeux et des cheveux de leur futur enfant “dès la dixième semaine de grossesse”. Un test qui contribue à l’«orientation des décisions tout au long de la grossesse”, selon l’entreprise. “Demain, les enfants seront conçus au laboratoire et le sexe sera réservé au plaisir”, prédisait le biologiste Jacques Testart en 2017. Demain, c’est désormais aujourd’hui.