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Ce tabou qui se lève sur les effets collatéraux des séparations de couple

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Alejandro J. Vivas | Shutterstock

Jeanne Larghero - publié le 19/04/24

Plus nous subissons la séparation de ceux qui nous sont proches, plus nous évitons de nous attacher, alerte la philosophe Jeanne Larghero. Cette violence souterraine est une injustice pour tous : elle désapprend à aimer.

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La psychiatre et psychothérapeute Marie-France Hirigoyen publie un nouvel essai, Séparations avec enfants (La Découverte), ayant trait à la situation des enfants de parents séparés. Elle rappelle qu’un couple marié sur deux divorce, elle rappelle également qu’en 2023, 63% des enfants sont nés hors mariage. Ces chiffres ne tiennent pas compte du grand nombre de couples non mariés qui finissent par se séparer après des années de vie commune. C’est un phénomène de société massif. 

Victimes collatérales

Il est un tabou qui se lève, celui des effets délétères de ces séparations : plus le désir d’enfant est investi, plus celui-ci devient un enjeu de conflit lors des séparations, plus il devient l’objet de manipulations déguisées, et plus il souffre. C’est un tabou qui se lève, car il a été longtemps admis de minimiser la souffrance des enfants de parents séparés, pour éviter de culpabiliser les parents, qui eux aussi doivent par ailleurs affronter leur lot de souffrance et de déception. Mais la réalité est que ces enfants témoins et objets de conflits vont mal ; les professionnels de l’éducation le voient tous les jours, mais que peuvent-ils dire ? 

Et que peuvent dire les victimes collatérales de ces séparations, ceux qui se croient au second plan, ceux qui n’ont rien demandé non plus et qui du jour au lendemain se voient séparés d’une belle-fille, d’un beau-frère, d’un oncle ou d’une tante parfois très aimés, séparés du jour au lendemain des personnes écartées des réunions familiales, ou des soirées entre amis… De ceux-ci il n’est jamais question, comme si un couple était une molécule dans l’air, un vaisseau hors-sol, comme si des liens profonds ne s’étaient pas tissés avec tous ceux qui les ont côtoyés, aimés et accueillis. 

Éviter de s’attacher

Les effets de ces séparations sont silencieux mais importants. Il s’agit d’une séparation aussi pour tous les autres, puisqu’est « sorti » de la famille quelqu’un qu’on s’était donné la peine d’accueillir, à qui l’on s’était attaché ; et qui s’intéresse à vous qui avez perdu ce lien ? Généralement personne, car vous n’êtes pas en première ligne, et même pas vous-même qui pensez n’être pas le plus affecté. Mais on sait depuis longtemps, et notamment depuis les travaux de John Bowlby et Mary Ainsworth dans les années soixante, à quel point les séparations, d’abord celles de l’enfance, sont un facteur d’insécurité affective, et nuisent à l’attachement. Plus nous subissons de séparations de ceux qui nous sont proches, plus nous éviterons de nous attacher. 

C’est une injustice pour tous, car ultimement tout le monde désapprend à aimer. 

C’est un mécanisme assez observable et simple à comprendre : si on veut éviter de souffrir une nouvelle fois de la perte d’un lien, de la fin d’une relation, le moyen apparemment le plus simple est d’éviter de s’attacher à nouveau, et même de s’empêcher d’aimer. Voilà la violence souterraine produite par ces séparations de couples : autour d’eux, on veut éviter de souffrir à nouveau, on veut éviter d’investir de l’énergie et du sentiment « pour rien ». Pour se protéger, on se désengage. C’est violent, car les nouveaux couples qui se constituent après que l’un ou l’autre ait vécu une première séparation, et qui ne cherchent qu’à aimer et à être aimés subiront eux aussi cette réalité : celle d’être accueillis par des gens qui, on le sait, retiendront inconsciemment leur affection. C’est une injustice pour tous, car ultimement tout le monde désapprend à aimer. 

Une affaire de charité

C’est pourquoi le soutien porté aux couples qui vont bien comme aux couples qui tanguent est une affaire de charité envers eux, et envers tous. Les séparations peuvent mettre fin à une vie de couple tumultueuse, elles arrêtent le conflit, elles n’éteignent pas les crises et souvent en annoncent d’autres. Que ce tabou levé sur les effets des séparations nous incite à moins d’individualisme, et renforce notre désir d’éduquer à la réalité de l’amour : patience, fidélité, courage, don de soi s’apprennent dès l’enfance et sont le terreau des vies amoureuses qui durent. 

Pratique

Séparations avec enfants : Conflits, violences, manipulations, Marie-France Hirigoyen, La Découverte, 2024, 224 pages, 20 euros.

Tags:
CoupleEnfantsSéparation
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