Aleteia a rencontré Thérèse Hargot, sexologue et thérapeute de couple, pour brosser le portrait intime de la mère et de la femme qu'elle est devenue. Elle se livre dans un entretien touchant et authentique.
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Du haut du 16e étage de son immeuble parisien, Thérèse Hargot contemple l’horizon. Au loin, on aperçoit le Sacré-Cœur qui surplombe Paris, sa ville d’adoption. Thérèse est une “déracinée”. Cette belle femme de 39 ans a ouvert à Aleteia les portes de son appartement, au cœur du frémissant 14e arrondissement. Thérèse a la voix haute, assurée et le regard droit mais la question la déstabilise : “Qui est Thérèse Hargot ?”. Elle hésite, se reprend et lance finalement : “une femme en quête de liberté… Quelque chose comme ça”.
Aleteia : Racontez-nous votre enfance, dans quelle famille avez-vous grandi ? Thérèse Hargot : Je suis née de parents belges catholiques, très pratiquants. Je suis la quatrième d’une famille de huit enfants, quatre filles et quatre garçons, qui compte aujourd’hui une vingtaine de neveux et nièces. Mes parents venaient d’un milieu très bourgeois qu’ils ont quitté pour aller s’installer volontairement dans une cité HLM, dans un quartier défavorisé de Bruxelles. Là, ils ont accueilli, dès avant la naissance de mon frère aîné et tout au long de mon enfance, des femmes enceintes en situation de détresse, des sans-abris, des hommes et des femmes en situation de dépression ou encore des enfants placés. Vu de l’extérieur, c’est très beau et charitable, mais je l’ai mal vécu. J’avais l’impression que mes parents étaient donnés à tous… sauf à nous.
Vous venez donc d’une famille catholique et pratiquante ? Oui, et j’ai été marquée par le choix de vie radical de mes parents, en bien, comme en mal. Si j’en parle, c’est qu’on ne peut comprendre mon engagement aujourd’hui que si l’on peut comprendre mon enfance. Dans ma famille, la religion a toujours occupé une place centrale : nous vivions comme dans un petit monastère, avec la prière des laudes le matin et des complies le soir. Je portais une croix en bois au-dessus de mon pull. On n’écoutait pas la musique des jeunes de notre époque, ni les séries télé ou les films de notre génération. J’avais l’impression d’être coupée du monde. À 17 ans, j’ai quitté ma famille et je ne suis plus revenue.