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Ce n’est pas la première fois qu’est annoncée la reconstruction, à l’identique, de la flèche de la basilique cathédrale de Saint-Denis telle qu’elle était en 1845. Jamais, pourtant, le projet n’était allé si loin. Voilà plus de 150 ans que la flèche de Saint-Denis, qui surplombait du haut de ses 90 mètres le ciel de Saint-Denis au nord de Paris, n’est plus. D’ici à 2029, elle devrait enfin retrouver ses gargouilles, ses pinacles et ses clochetons de pierre pour redessiner la silhouette gothique de la nécropole des rois de France.
Un chantier immersif
Plus qu’un vaste chantier, c’est tout un projet qui a été pensé. Une partie de celui-ci sera ainsi accessible au grand public, qui pourra également déambuler au sein d’un parcours muséal immersif – où la dimension religieuse ne sera abordée que par le prisme historique – et d’un espace de réalité augmentée. Inspiré du chantier de Guédelon, un village-chantier fera également partie de ce nouvel espace : des artisans, tailleurs de pierres, forgerons, maîtres verriers ou sculpteurs sur bois devraient également présenter leur travail aux visiteurs. Reconstruite à l’identique, la tour sera ainsi restituée selon le savoir-faire traditionnel, aidé par les technologies modernes pour faciliter le travail des artisans sans en dénaturer l’ouvrage.
C’est en juin 1837 que la tour nord de la basilique Saint-Denis est fragilisée par un éclair qui la foudroie une première fois. L’architecte qui mène les travaux de restauration, François Debret, décide alors de la démonter par mesure de précaution. Remontée entre 1842 et 1845, les intempéries la mettent de nouveau à mal alors que la tornade de Montville, venue de Rouen, abat sur son passage maints clochers dans l’ouest du pays durant l’été 1845. Après la “trombe”, la France compte ses morts et ses débris. Lorsqu’elle est démontée une seconde fois en 1846, la flèche doit être bientôt reconstruite, en témoignent les relevés des pierres exécutés sous les directives de Debret. L’année suivante, c’est Viollet-le-Duc qui prend la succession de l’architecte et qui en achève le démontage : ce qui devait n’être que provisoire devient pérenne et l’attente, elle, se fait interminable.
Sans dimension religieuse
Plusieurs tentatives ont été annoncées depuis, mais sont restées sans succès, jusqu’à la création de l’association Suivez la flèche en 2016 qui initie aussitôt un financement participatif pour porter le projet, avant d’en devenir le maître d’ouvrage deux ans plus tard. L’incendie de Notre-Dame, en 2019, a ravivé l’attachement des Français pour le patrimoine religieux et a donné un nouveau souffle au projet. Depuis, le Fonds de solidarité interdépartemental d’Ile-de-France (FS2I) a annoncé une large participation à ce projet estimé à plus de 37 millions d’euros. Ce lundi 29 avril, l’association Suivez la flèche a annoncé être parvenue à mobiliser une large partie de ce budget annoncé, grâce à la participation de la Région Ile-de-France, de la Métropole du Grand Paris et d’investisseurs privés. La Fondation du patrimoine, qui soutient le projet, a également annoncé mettre en place une cagnotte participative reposant sur le principe de parrainage des pierres de la flèche bientôt reconstruite moyennant un investissement (déductible des impôt) débutant à partir de 15 euros.
Si l’intérêt patrimonial est manifeste et louable, on déplore cependant qu’il soit privé de ce supplément d’âme propre aux édifices religieux. Ici, la cathédrale semble n’être considérée qu’en tant qu’objet patrimonial sans grande dimension spirituelle.