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On vit une époque formidable, au deux sens du mot, épatante et effrayante. Les deux se mêlent quand on apprend que la Ville de Paris fait retirer les affiches promouvant un livre qu’elle juge “transphobe”. Oui, il y a quelque chose d’épatant. Car la sidération produit une forme d’admiration. “Voilà des gens capables de tout”, lâche-t-on dans un soupir. Rien ne les arrête et c’est ce qui les rend dangereux, et donc effrayants. Une forme d’extrémisme décomplexé se répand. On censure une campagne d’affichage sans autre forme de procès, sans même imaginer que cette attitude produira l’effet inverse de celui que l’on recherche. Qui regardait l’affiche de Transmania avant qu’elle fût retirée ?
Ce sont toujours “mes” valeurs contre les vôtres. En l’espèce, cette attitude bafoue l’image d’une métropole comme Paris qui demeure le sanctuaire de personnes persécutées à travers le monde.
Maintenant, Dora Moutot et Marguerite Stern, non seulement se réjouissent de leur succès en librairie, mais peuvent remercier Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la ville, de leur avoir donné raison. Car être ainsi rejetées, c’est pouvoir dire, comme elles l’affirment, que “l’idéologie transgenre s’infiltre dans toutes les sphères de la société”, et donc y compris au sommet de la mairie de Paris. La municipalité doit subir une drôle de pression de la part des associations transactivistes pour prendre une décision si irrationnelle et contre-productive.
Le cache-sexe du sectarisme
L’affiche avait-elle quelque chose de choquant ? Manifestement non puisque l’opérateur JCDecaux, qui doit passer ses campagnes au crible de plusieurs vetos, n’avait rien vu. En tout cas rien qui soit contraire au droit, et c’est cela qui compte. La rhétorique d’Emmanuel Grégoire est digne des plus plats éléments de langage. Le mode incantatoire trahit la faiblesse du propos. Il invoque les “valeurs portées par la Ville de Paris”.