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Honduras : “des communautés s’entretuaient, maintenant elles prient ensemble”

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ACN

Lucía Ballester - publié le 04/05/24

Gangs criminels, extrême pauvreté, faiblesse des vocations... Le quotidien des catholiques du Honduras est difficile. Mais les fruits de leur patient travail pastoral provoquent d'irrésistibles motifs d'espérance.

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Le Honduras figure sur le triste podium des pays les plus pauvres d’Amérique latine. 75% de sa population vit dans une grande pauvreté. Ajoutez à cette situation une grave crise énergétique, avec des pannes constantes pour rationner l’électricité, et, ces dernières années, des catastrophes climatiques qui ont infligé au Honduras des saisons de sécheresse succédant à des pluies torrentielles et des inondations massives, et vous aurez une idée des épreuves que ce pays endure. D’autant plus, qu’en sus de ces calamités, le pays souffre de la grande violence des “maras”, des gangs d’Amérique centrale qui opèrent sur le marché de la drogue. Le Honduras est une voie de transit pour le trafic vers l’Union européenne : “Les maras honduriens en contrôlent la quasi-totalité. Les familles ont des difficultés à maintenir leurs entreprises à flot, en raison de “l’impôt de guerre”, une taxe que les maras imposent aux citoyens et qu’il est souvent impossible de payer”, explique ainsi Veronica Katz, coordinatrice de projet pour l’Amérique centrale de l’AED, qui a récemment visité le pays. Elle a néanmoins relevé plusieurs motifs d’espérance.

Comment se porte l’Église hondurienne dans ce climat de violence ?
Veronica Katz : Lors de notre visite dans la capitale, nos hôtes nous ont expliqué que dans certaines zones, il est très difficile d’exercer un travail pastoral, surtout avec tous les conflits entre les maras, car les différents gangs se disputent le territoire. Nous avons ainsi visité une paroisse dans une partie de la ville contrôlée par ces gangs, ce qui rend le travail de l’Église extrêmement compliqué. La conférence épiscopale a d’ailleurs lancé un appel à la paix et a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour mettre fin à l’insécurité dans le pays. Tout cela rend le travail pastoral de l’Église catholique plus important que jamais.

Quels sont les défis auxquels l’Église est confrontée ?
Le manque de prêtres est un vrai problème. Au Honduras, les prêtres desservent quatre fois plus de personnes qu’en France, par exemple. De plus, le niveau d’éducation est faible, les transports en dehors des villes sont difficiles et il n’y a pratiquement pas de formation dans les paroisses. Les fidèles sont très pauvres et il y a un grand manque de matériel catéchétique. Ils voudraient du matériel de formation, mais ils n’ont pas les moyens de l’acheter. D’autre part, le gouvernement rend très difficile l’obtention de visas pour les religieux étrangers. Ils doivent remplir toutes sortes d’exigences et présenter de nombreux documents, ce qui rend difficile l’entrée et le séjour dans le pays.

Quels ont été les points marquants de votre voyage ?
Les Honduriens sont un peuple très croyant. Ils ont besoin de Dieu. Cependant, comme je l’ai dit, il n’y a pas assez de prêtres catholiques pour répondre aux besoins spirituels de tous. Les quelques prêtres qui existent ont déjà une charge de travail très lourde. Parmi les belles choses que j’ai entendu, l’histoire de ce prêtre qui m’a raconté qu’à son arrivée dans sa paroisse, il y avait un conflit virulent entre deux communautés. Il m’a dit que, grâce à une prière constante, Dieu était intervenu et que ces deux groupes s’étaient réconciliés. C’est difficile à comprendre mais ces communautés qui s’entretuaient, aujourd’hui prient ensemble. Si les Honduriens sont très ouverts au divin, et c’est une bonne chose, cela les rend également ouverts à toute personne désireuse de transmettre la spiritualité, ce qui en fait des proies faciles pour les sectes, qui se sont répandues dans tout le pays.

Quelles sont ces sectes ?
Le Honduras est le pays d’Amérique latine où le pourcentage de protestants est le plus élevé. Le nombre d’églises évangéliques a considérablement augmenté et les protestants sont actuellement plus nombreux que les catholiques. Beaucoup de ces sectes protestantes sont financées par des groupes américains, ce qui fait qu’il y a plus de pasteurs qui peuvent ainsi se rendre dans les régions mal desservies par les prêtres catholiques. Ceux qui sont catholiques par habitude, plutôt que par conviction, finissent par être attirés par ces sectes. L’Église catholique a fait un gros effort pour éduquer ses fidèles à mieux résister à cette invasion d’autres dénominations et sectes chrétiennes.

Quel est le degré d’engagement des fidèles, malgré tous ces défis ?
La plupart des catholiques sont profondément attachés à leur paroisse et y participent activement, en prenant part aux activités sociales. J’ai été surprise de voir comment des personnes qui travaillent sans relâche depuis l’aube, dans leurs champs de café ou de maïs, ou qui s’occupent de leur bétail, passent ensuite tout l’après-midi dans leur paroisse. Leurs calendriers sont remplis d’activités religieuses qui occupent entièrement leur temps libre. Nous avons trouvé des communautés pleines de vie et très bien organisées. Au lieu de vivre une foi individuelle, ils vivent leur foi ensemble, en tant que communauté, ce qui est très beau. Il y a des prêtres motivés, des laïcs engagés et une pastorale structurée. Lorsque vous avez cette combinaison, vous commencez vraiment à voir des résultats positifs et des fruits pastoraux.

Vous avez visité de nombreux projets soutenus par l’AED au Honduras. Quels sont-ils ?
Au cours des cinq dernières années, l’AED a financé 65 projets au Honduras, pour un montant de près d’un million d’euros. Près d’un tiers d’entre eux sont liés à la construction et à la rénovation de paroisses, de chapelles rurales et de salles paroissiales. Nous avons également soutenu la formation d’agents pastoraux et de séminaristes, en plus de fournir une aide à la subsistance pour ces religieux. Enfin, l’achat de matériel catéchétique et de véhicules pour les missions font parties des projets financés.

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