Arrêtons-nous aujourd’hui sur une héroïne sanglante de la Bible… Judith. En 1598 Caravage peint ce Judith et Holopherne conservé au musée d’art ancien de Rome. Judith est une belle jeune veuve juive de l’Ancien Testament, qui sauva son peuple assiégé par le général assyrien Holopherne : elle l’enivra, puis le décapita dans sa tente. Elle rapportera ensuite dans son camp la tête d’Holopherne dans un sac, pour preuve de
sa victoire.
C’est une composition où le commanditaire voulait une scène à la fois sacrée et dramatique. Caravage crée une mise en scène, dans la nuit noire. Le peintre nous donne 4 détails pour le comprendre. Regardez bien! Premièrement, Judith décapite Holopherne dans son sommeil. Le sang jaillit de son cou tandis que ses yeux jettent un dernier regard. C’est la seconde même où se passe l’action qui est montrée.
Une Judith troublée
Un grand rideau rouge théâtralise ensuite la scène : en pleine lumière, Judith et sa servante surgissent de l’ombre, qui bientôt va les aspirer pour disparaître de devant nos yeux. Troisièmement, Judith est troublée : ses yeux sont ombrés, une ride marque son front, ses oreilles et son nez sont rougis d’émotion, son corps arqué vers l’arrière s’oppose aux bras tendus vers l’avant. Sa chemise révèle la sensualité de son anatomie. Caravage allie Eros, l’amour, et Thanatos, la mort.
Enfin, la vieille servante a le visage ridé et les yeux exorbités, qui contrastent avec la beauté pure de Judith. Elle concentre sur elle notre émotion, tandis que Judith expédie l’acte meurtrier. Caravage dépeint l’héroïsme d’une femme qui par son courage sauva son peuple de l’oppression. Sans brandir de glaive, demandons aujourd’hui à sainte Judith de nous
montrer comment secourir les opprimés!