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En direct de l’une des premières messes de l’histoire

APOTRES-MESSE-GODONG

Pascal Deloche / GODONG

Valdemar de Vaux - publié le 14/05/24

Durant les cinquante jours du temps pascal, la liturgie fait entendre le livre des Actes des apôtres. Certains passages ne sont pas lus néanmoins, dont un assez singulier qui évoque une des premières messes de l’histoire du christianisme. Récit de cette cérémonie fantasque.

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Aux premiers temps de l’Église, les sources historiques sont peu nombreuses. La principale d’entre elles est le livre des Actes des apôtres, dont la lecture occupe les cinquante jours du temps pascal. Pour les chrétiens d’aujourd’hui, il s’agit aussi d’un témoignage précieux sur les débuts de la liturgie. À quoi ressemblèrent les premières célébrations eucharistiques de l’histoire ? Le chapitre 20 des Actes en donne une idée, même si l’on imagine que ce ne fut pas la norme. 

Paul et ses compagnons, qui continuent leur périple au nord de la Méditerranée impériale, sont alors à Troas, en Turquie actuelle. “Le premier jour de la semaine” (Ac 20, 7), ayant rassemblé les chrétiens (ainsi sont nommés les sectateurs du Christ depuis le passage de l’Évangile à Antioche) pour ce qu’on appelle alors la “fraction du pain”, l’avorton de Dieu prêche : “[Il] s’entretenait avec ceux qui étaient là. Il continua de parler jusqu’au milieu de la nuit…” ; et l’auteur de préciser, parce que les soucis spirituels n’altèrent pas le sens pratique : “dans la salle du haut où nous étions rassemblés, il y avait suffisamment de lampes.” (Ac 20, 8).

Un prêche soporifique ?

L’ancien persécuteur est aujourd’hui reconnu comme un immense théologien et prédicateur. Il eut apparemment les défauts de nombre de ses successeurs. La causerie ne durant que trop, “un jeune garçon nommé Eutyque, assis sur le rebord de la fenêtre, fut gagné par un profond sommeil tandis que Paul prolongeait l’entretien” (Ac 20, 9). Le discours est, semble-t-il, si soporifique, que “pris par le sommeil, il tomba du troisième étage et, quand on le souleva, il était mort”. Drame !

L’apôtre, qui n’est pas seulement un grand intellectuel, “se précipita sur lui et le prit dans ses bras”. Il n’en demeure pas moins rempli de l’espérance du salut, lui qui a fait la rencontre du Ressuscité : “Ne vous agitez pas ainsi : le souffle de vie est en lui !” (Ac 20, 10). Le malheureux étant sauf, la liturgie eucharistique peut débuter : “[Paul] remonta, rompit le pain et mangea ; puis il conversa avec eux assez longtemps, jusqu’à l’aube ; ensuite il s’en alla. Quant au garçon, on l’emmena bien vivant, et ce fut un immense réconfort.” (Ac 20, 11-12).

Au-delà de la réalité – savoureuse – de l’événement, le récit est symbolique. Il évoque les figures prophétiques d’Élie et d’Élisée qui, dans les livres des rois, annoncent le salut et agissent au nom de Dieu. De même que Paul, les deux hommes font revivre des jeunes hommes morts (cf. 1 R 17, 17-24 et 2 R 4, 8-37). Dans le premier, comme pour Eutyque dans les Actes, l’Écriture parle du “souffle de vie”. Cette vie éternelle, acquise par le sang du Sauveur, dont la mort et la résurrection sont justement actualisées dans l’eucharistie célébrée, cette nuit-là et tant d’autres fois.

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