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La tapisserie de l’Apocalypse et ses fragments inédits visibles pour la première fois

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Domaine national du Château d'Angers

Morgane Afif - publié le 16/05/24

Pour la Nuit européenne des musées qui se tient cette année, le samedi 18 mai dans toute l'Europe, des fragments de la célèbre tapisserie de l'Apocalypse d’Angers seront exposés pour la première fois au grand public. Miraculeusement parvenue jusqu’à nous, cette tenture offre un puissant message spirituel à celui qui la contemple.

Il faut, pour découvrir ce chef-d’œuvre médiéval, s’avancer dans cette salle obscure qui suit les tours de la forteresse d’Angers. C’est au cœur de ce château, qui trône fièrement sur la Maine et son cours paisible, que se cache le plus grand ensemble de tapisseries médiévales conservées au monde : l’éblouissante Tapisserie de l’Apocalypse. Commandée en 1375 par le duc Louis Ier d’Anjou, cette tapisserie monumentale constituée initialement de six pièces textiles de 23 mètres de long pour 6 mètres de haut est tissée en seulement sept ans.

Une oeuvre religieuse et politique

Pour concevoir la tenture, les artisans les plus renommés sont convoqués. Jean de Bruges, peintre du roi de France, réalise les modèles, tandis que la tapisserie est, elle, probablement réalisée dans les ateliers de Robert Poinçon, à Paris, qui la tisse en fils de laine et de soie couverte d’or aux couleurs vives, d’où prédominant le bleu et le rouge qui manifestent l’union du pouvoir céleste et du pouvoir terrestre. L’histoire, figurative, se lit de gauche à droite et de haut en bas et suivent le fil du récit de l’Apocalypse selon saint Jean. Ce livre qui clôt le Nouveau Testament illustre les révélations reçues par l’apôtre saint Jean en exil sur l’île de Patmos, au cœur de la mer Égée. Là, l’évangéliste détaille la lutte finale qui opposera Satan à Dieu, jusqu’à Sa victoire définitive le triomphe de la Jérusalem Céleste, qui marquera la fin des temps et le salut final de l’Humanité.

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Fragments retrouvés

L’annonce religieuse de la tapisserie se double d’un message politique alors que le royaume de France fait face à son ennemi anglais en pleine guerre de Cent Ans. Louis Ier d’Anjou affirme par cette œuvre éblouissante et prestigieuse sa propre ambition au sein de la maison de Valois-Anjou face à son frère aîné, Charles V, roi de France. Des symboles discrets associent les hérauts de Dieu à la maison d’Anjou qui, ainsi mise en scène, guide ses troupes contre le Mal, les Plantagenêt : là, Édouard de Woodstock, prince de Galles dit “Le Prince Noir”, ennemi juré de Louis Ier d’Anjou ; ici, son père, Édouard III, roi d’Angleterre.

Témoin de l’Histoire et du temps qui passe

Léguée à la cathédrale d’Angers au XVe siècle, la tapisserie subit au cours des siècles qui ont suivi les dommages de l’Histoire et du temps qui passe : de ses 140 mètres de long sur 6 mètres de hauteur d’origine, seuls 100 mètres sur 4,5 mètres nous sont parvenus. Mutilée et découpée en plusieurs pièces destinées à un usage bien moins prestigieux que ce pour quoi elle avait été conçue, l’ouvrage perd de son éclat jusqu’à servir, dans les écuries, de couverture pour les chevaux. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’elle retrouve son état de grâce pour réintégrer finalement, dans les années 1950, les galeries sombres du château dans une salle monumentale aménagée pour en devenir l’écrin.

Tout récemment, c’est encore pendant le confinement de 2020 que des fragments que l’on croyait perdus ont été redécouverts dans la galerie parisienne médiéviste du quai Voltaire, Ratton & Ladrière. Elle porte ainsi en elle la marque de cette époque contemporaine qui fut le témoin de la restitution de fragments disparus, mais aussi de son inscription, en mai 2023,  au registre international Mémoire du monde de l’Unesco, au même titre que l’Appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle ou que la Tapisserie de Bayeux.

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Fragment retrouvé

Conservés dans les réserves du château, ces fragments n’ont encore jamais été présentés au grand public : ils le seront, pour la toute première fois, à l’occasion de la nuit des musées, le samedi 18 mai 2024, et la journée du lendemain. L’occasion, elle, est unique : préservés de la lumière qui abîme les textiles, ces morceaux témoignent d’un état de conservation éblouissant qui restitue, presque intactes, les couleurs originelles ; bleus, orangés et verts profonds cousus de fils d’or. Admirer la Tapisserie de l’Apocalypse, c’est aussi considérer le texte biblique, celui de cette Révélation que Dieu fait à ses enfants pour annoncer le temps béni où, au Ciel, dans la communion des saints, “Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé.” (Ap 21, 4).

Pratique

Découvrir la Tapisserie de l’Apocalypse : Domaine national du château d’Angers, 2, promenade du Bout du Monde 49100 Angers
Samedi 18 mai 2024 de 19h à minuit (gratuit)
Dimanche 19 mai 2024 de 10h à 18h15

Tags:
AngersApocalypseArt sacréPatrimoine
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