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Les six grades que le Vatican accorde désormais aux apparitions

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Une procession des bougies au Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, Portugal.

La rédaction d'Aleteia - avec I.Media - publié le 17/05/24

Le Vatican a publié le 17 mai 2024 de nouvelles règles concernant les phénomènes surnaturels dans l’Église catholique, comme les apparitions, afin d'éviter d’éventuels scandales et toute forme de confusion chez les fidèles. Parmi ces règles, la possibilité donnée aux évêques de fixer un statut à ces phénomènes selon une grille d'évaluation. Ils sont au nombre de six et permettent d'en graduer le sérieux et la portée.

Dans une note d’une quinzaine de pages dévoilée ce 17 mai et signée du préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernandez, le Vatican donne aux évêques du monde entier une procédure stricte pour discerner désormais sur les phénomènes mystiques qui se produiraient dans leur diocèse. Jusqu’à présent, l’ancienne procédure, qui datait de 1978, ne donnait lieu à aucune déclaration publique du Saint-Siège sur les phénomènes surnaturels, laissant souvent les fidèles dans la confusion et les évêques sans orientation claire.

Désormais, les évêques seront tenus de faire remonter à Rome leur avis sur les phénomènes surnaturels présumés survenus dans leur diocèse. Si le phénomène reste circoncis, l’évêque se bornera à observer “une vigilance”. Mais si une forme de dévotion se développe, il devra ouvrir une enquête canonique, instituant une commission d’enquête constituée au moins d’un théologien, d’un canoniste et d’un expert. L’enquête comprendra l’interrogatoire des témoins de ces phénomènes, l’examen des éventuels objets concernés (lacrimations d’images sacrées, sueurs, saignements, transformation d’hosties consacrées, etc.) et des tests en laboratoire.

Des critères et un statut

Pour mener ces enquêtes, le Saint-Siège donne des critères de discernement positifs et négatifs pour évaluer ces phénomènes. Les quatre points “positifs” à considérer sont “la crédibilité et la bonne réputation des personnes” concernées, “l’orthodoxie doctrinale” du message diffusé, “l’imprévisibilité” du phénomène et ses “fruits de vie chrétienne”. Les six points négatifs seraient “une erreur manifeste sur le fait”, des “erreurs doctrinales”, le constat d’un “esprit sectaire”, ou d’une “recherche de profit, de pouvoir, de célébrité, de notoriété sociale, d’intérêt personnel étroitement liée aux faits”, des “actes gravement immoraux accomplis au moment ou à l’occasion des faits” et enfin des “altérations psychiques ou des tendances psychopathiques chez le sujet, […] ou une psychose, une hystérie collective ou d’autres éléments relevant d’un horizon pathologique”.

Au terme de l’enquête préliminaire, l’évêque rédigera un rapport avec un avis personnel et transmettra au dicastère tous les actes et son jugement. Il reviendra à Rome de donner “l’approbation finale”, insiste le document du dicastère qui disposera, lui, de “la faculté d’intervenir […] en tout temps et en toute situation de discernement concernant les phénomènes surnaturels présumés”. Mais en définitive, la note publiée par le dicastère donne surtout une grille d’évaluation aux évêques qui leur permettra de proposer six conclusions possibles à des phénomènes surnaturels. Ce sera au dicastère pour la Doctrine de la foi de réexaminer l’ensemble du dossier et de procèder “à la confirmation ou au rejet de la détermination proposée par l’évêque”.

Voici les six conclusions auxquelles un évêque pourrait parvenir et soutenir auprès du Vatican :


Nihil obstat

C’est le degré le plus élevé dans l’échelle de discernement des phénomènes surnaturels. Mais le Vatican reste prudent : “aucune certitude n’est exprimée quant à l’authenticité surnaturelle du phénomène”, précise-t-il d’emblée. Rome reconnaît “de nombreux signes d’une action de l’Esprit Saint” et “aucun aspect particulièrement critique ou risqué n’a été détecté”, poursuit la note qui prend le soin d’ajouter : “du moins jusqu’à présent”. Avec le Nihil obstat, l’évêque peut promouvoir la proposition spirituelle en restant attentif.


Prae oculis habeatur

Par cette réponse, Rome reconnaît “des signes positifs importants” dans le phénomène mais note aussi “des éléments de confusion ou des risques possibles”. Un “discernement attentif” et un dialogue de l’évêque avec les “destinataires” de l’expérience spirituelle sont requis. Une “clarification doctrinale” peut être nécessaire s’il y a eu des messages. 


Curatur

Le dicastère a relevé plusieurs éléments critiques ou significatifs « mais en même temps il y a déjà une large diffusion du phénomène » et des « fruits spirituels » vérifiables. « Une interdiction qui pourrait indisposer le Peuple de Dieu est déconseillée », explique la note qui invite l’évêque à ne « pas encourager ce phénomène », à « rechercher d’autres expressions de dévotion » et éventuellement à « en réorienter le profil spirituel et pastoral ». 

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Sub mandato

Dans ce cas, Rome ne conteste pas le phénomène lui-même mais « une personne, une famille ou un groupe de personnes qui en font un usage abusif » et en tirent par exemple un « avantage financier ». Dans ce cas, la direction du lieu est confiée à l’évêque ou une personne déléguée par le Saint-Siège. 


Prohibetur et obstruatur

« Les points critiques et les risques semblent sérieux » et pour éviter toute confusions ou scandales, « le dicastère demande à l’évêque diocésain de déclarer publiquement que l’adhésion à ce phénomène n’est pas permise », d’en expliquer les raisons aux fidèles touchés et de « réorienter » leurs préoccupations spirituelles.


Declaratio de non supernaturalitate

Rome autorise l’évêque à déclarer que le phénomène est reconnu comme « non surnaturel ». La décision est prise sur la base de preuves. Par exemple, détaille la note, lorsqu’un voyant présumé affirme avoir menti, ou lorsque des témoins crédibles fournissent des éléments de jugement qui permettent de découvrir la falsification du phénomène, l’intention erronée ou la mythomanie.

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ApparitionsMiracleVaticanVierge Marie
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