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Cette Église qui attire, dans ses faiblesses et sa radicalité

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P.RAZZO/CIRIC

Benoist de Sinety - publié le 19/05/24

Si les chrétiens de tous âges et de toutes sensibilités sont de plus en plus nombreux à participer aux grands rassemblements de la foi observe le père Benoist de Sinety, comme en ce moment vers Chartres ou bien au Frat de Jambville, ce n’est pas en raison des vertus de l’Église, mais plutôt de ses faiblesses où se révèle la grâce de Dieu, dans sa radicalité.

« Ne ralentissez pas votre élan ! » (Rm 12,11) : l’encouragement de l’Apôtre à demeurer « dans la ferveur de l’Esprit » résonnera en ce week-end de Pentecôte pour les quelques 11.000 jeunes Franciliens de quatrième et troisième présents au Frat à Jambville. Pour rappel, ils étaient 7.800 en 2022, au sortir des confinements… Comme pour les 18.000 pèlerins qui se dirigeront vers Chartres, de tous âges et de tout le pays, au même moment, les chiffres donnent un peu le tournis. 

C’est sans doute une des raisons pour laquelle la Bible se montre aussi méfiante sur toute comptabilité : soit elle plonge dans le désespoir soit elle suscite l’orgueil. Comme si le nombre dépendait de notre génie, de notre marketing, ou même de notre foi. Les parents le savent bien, eux qui voient parfois certains de leurs enfants s’éloigner de l’Église et d’autres s’y investir, fervents. Alors qu’ils ont reçu la même éducation et bénéficié des mêmes encouragements. Il est toujours préférable de compter sur Dieu que de compter sur soi ou de se compter, soi !

N’empêche, la recrudescence interroge. Comme l’été dernier pour les JMJ à Lisbonne, ou à Pâques pour la célébration des baptêmes d’adultes dans les paroisses : dans un pays qui compte de moins en moins de baptisés, ils sont de plus en plus nombreux à participer aux grands rassemblements de la foi, de toutes sensibilités et traditions, et encore plus nombreux à se présenter aux portes de cette foi pour y être initié.

À force d’enterrer en France le catholicisme, on n’en finit plus de voir ce qu’on croyait arraché, parvenir tout de même à s’enraciner et à trouver la vie. Ce n’est pas la première fois dans notre histoire : Bernard Lecomte raconte admirablement dans son dernier ouvrage (France-Vatican : deux siècles de guerre secrète, Perrin 2024) comment le Directoire en 1798, après avoir envoyé Bonaparte conquérir l’Italie, décida de déporter le pape Pie VI en France, afin de « libérer » Rome. Il y mourut à Valence et son corps fut jeté à la fosse commune. Pendant des mois, auparavant, le malheureux avait été conduit dans une bétaillère de prison en prison, traité d’une manière indigne. 

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Messe d’ouverture des JMJ à Lisbonne, en août 2023.

Les foules à genoux

Sur le passage de la voiture dans laquelle il était séquestré, les foules de paysans accouraient pour se mettre à genoux et recevoir sa bénédiction, pendant qu’à Paris, on s’étranglait de rage de ne pouvoir empêcher cela. Certains pensaient en avoir fini avec « l’obscurantisme religieux » : la ringardisation avait fait son œuvre, bien encouragée par les frasques de certains clercs et les guerres picrocholines de quelques-uns. Et voilà que des foules se pressent vers ce qu’on croyait mort, pour y chercher une lumière !

À travers ses faiblesses

FRAT Jambville
Frat de Jambville, 2022

Avant de crier « victoire » et de nous attribuer le mérite de ce miracle, nous devrions prendre le temps du silence humble. Car, vraiment, ce n’est ni par son visage institutionnel ni par sa pureté évangélique que l’Église attire. Mais sans doute parce qu’à travers les méandres de ses faiblesses, elle manifeste qu’elle ne trouve sa raison d’être que par la grâce de Dieu. C’est ce corps à terre vers lequel avance de plus en plus d’hommes et de femmes d’une diversité remarquable. Non parce qu’ils le trouvent séduisant mais parce qu’ils y voient comme le reflet de l’espérance de leurs propres vies, dans cette capacité que Dieu a de faire toute chose nouvelle. C’est quand elle accepte de s’offrir ainsi au regard sans se cacher derrière ses ors et ses fumées, que l’Église est capable de révéler le trésor qu’elle porte, dans une vraie radicalité. Comme pour la marche vers Chartres d’une foule qui communiera dans l’inconfort à l’appel que le Christ lance à le suivre sans avoir de pierre où reposer la tête. Comme dans la joie de milliers d’adolescents qui choisiront ensemble de se reconnaître membres d’une Église qui, par certains de ses membres, les a tant violentés.

Il nous faut contempler ce mystère au jour où nous avons à ouvrir nos êtres au feu du Paraclet. Contempler l’œuvre de celui qui vient fortifier nos corps dans leurs faiblesses et donner sa vigueur éternelle. Contempler celui qui vient révéler ainsi le visage du Très-Haut et celui du Fils en les rassemblant. Et nous laisser entraîner par lui à chanter notre reconnaissance.

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