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[REPORTAGE] L’épanouissement des jeunes autistes, la belle ambition de Vivre et Devenir

Autisme, handicap, Fondation Notre Dame

Gil Fornet / FND

Tancrède et Ivan entourent Nadine, médiatrice artistique, au cours d'un atelier destiné à développer leurs cinq sens.

Cécile Séveirac - publié le 23/05/24

Dans le 15e arrondissement de Paris, le pôle Autisme de l’association Vivre et Devenir prend en charge des jeunes autistes et met tout en œuvre pour leur permettre épanouissement et intégration dans la société. Reportage au cœur de l’une de leurs structures, l’Institut médico-éducatif Saint-Michel.

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À l’entrée d’une porte bleue, des chaussures aux pointures différentes, laissées en vrac. “Il faudrait aussi retirer les vôtres pour entrer”. On s’exécute, et une fois les souliers retirés, la porte s’ouvre sur une scène peu commune. Au sol et sur les murs, des bâches sont tendues, et partout, de l’argile : en bloc, étalée, en boules plus ou moins petites. Les regards se posent sur nous, interrogateurs ou indifférents, alertes ou absents. “Vous dites bonjour ?” Quelques sourires timides, un peu forcés. “C’est impressionnant pour eux”, concède Héloïse, psychomotricienne. Dans le 15e arrondissement de Paris, l’association Vivre et Devenir prend en charge quelque 130 enfants autistes, répartis entre l’Institut médico-éducatif Saint-Michel et un  Service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD). Créé en 2017, le pôle autisme de l’association propose des solutions afin d’accompagner tout-petits, adolescents et jeunes adultes à vivre avec leur handicap. “L’objectif, c’est de leur permettre de développer pleinement leurs capacités et de favoriser une meilleure autonomie”, explique Héloïse à Aleteia.

Autisme, handicap, Fondation Notre Dame
Les ateliers financés par la Fondation Notre-Dame permettent aux jeunes autistes de développer leur sensorialité.

Pour cela, un accompagnement “sur-mesure” est mis en place par les structures du pôle autisme. Apprentissage scolaire, communication, soins médicaux, mais aussi éveil à la sensorialité et à la motricité… Rien n’est laissé au hasard. À l’IME Saint-Michel, ce sont 25 jeunes âgés de 12 à 20 ans qui sont pris en charge durant la journée, de 9h à 16h, avant de retourner à leur domicile. “Le matin est consacré à l’apprentissage scolaire et l’après-midi à des ateliers qui les ouvrent au monde”, détaille Stephen, éducateur spécialisé. “Cela peut être des activités sportives, culturelles, artistiques… Tout dépend du profil de l’enfant, auquel on s’adapte le plus possible.” Pour aider ces jeunes à apprivoiser leurs cinq sens, l’association met en place des ateliers d’art-thérapie, financés par la Fondation Notre-Dame. Depuis quelques semaines, c’est donc en manipulant la terre comme une sorte de pâte à modeler que les jeunes de l’IME explorent leurs propres sensations. “Il n’y a aucun objectif de production ni de résultat, l’idée est de leur permettre de s’exprimer librement, de découvrir”, précise Héloïse, qui établit les différents profils sensoriels des jeunes suivis. “Chaque être humain est déjà un mystère, mais ces jeunes-là ont vraiment leur particularité et sont des énigmes. Il y a un vrai travail pour essayer de les comprendre et voir l’épanouissement qui résulte de cela est extraordinaire”, sourit avec tendresse la jeune femme de 25 ans. 

Autisme, handicap, Fondation Notre Dame
L’atelier terre mobilise le toucher, mais aussi l’odorat et l’ouïe.

Créer du lien

Elle est interrompue par des éclats de voix qui semblent s’apparenter à un chant. “C’est Tancrède qui vocalise. Il manifeste ainsi son mécontentement”, révèle Stephen. Contrairement à Ivan, quant à lui silencieux et très concentré sur la terre qu’il manie avec plaisir, Tancrède n’aime pas le désordre qui règne dans la pièce. Comme Ivan ou Mama, qui mordille un bavoir attaché autour du coup, Tancrède est autiste non-verbal. “On est chanceux, il n’a pas arraché les bâches ce matin ! Chaque petite chose qui n’est pas à sa place initiale le stresse, alors il veut tout ranger.” À côté de lui, Nadine, médiatrice artistique. Elle ne prononce pas un mot, semblant établir un dialogue silencieux avec ses jeunes élèves. Elle se laisse prendre par la main, les fait changer de place dans la pièce, modèle avec eux la terre qu’elle pose sur leurs mains, leurs pieds, danse avec Ivan. “Ils s’expriment à travers la matière, d’une façon très libre. L’atelier terre mobilise le toucher, mais aussi l’odorat, l’ouïe. C’est aussi un moyen de créer du lien social par une vraie interaction”, explique-t-elle. 

Autisme, handicap, Fondation Notre Dame
Ivan, jeune garçon autiste non-verbal.

D’autres moyens peuvent être utilisés pour explorer cette sensorialité. Le pôle autisme a déjà expérimenté certains d’entre eux grâce à la Fondation Notre Dame : musée du parfum, musée du chocolat, mais aussi danse dans l’eau. Armelle fait partie des 25 jeunes qui en ont bénéficié. “Chocolat !”, “parfum”, “ça sent bon !”, s’exclame-t-elle tout sourire pour exprimer sa satisfaction. À la piscine, on l’appelait même “la danseuse” tant elle virevoltait avec passion dans l’eau. “Interview… Star !” prononce-t-elle en regardant la caméra braquée sur elle. “Oui, tu es un peu une star”, rit Héloïse à ses côtés. “Nous avons financé neuf ateliers en 2023. Le choix de soutenir Vivre et Devenir est le résultat d’une analyse approfondie du projet et de l’association par l’équipe de la Fondation”,  explique Laurence de l’Estoile, chargée de développement à la Fondation Notre Dame. “Ce que nous souhaitons à la Fondation Notre Dame, c’est construire avec nos donateurs réunis autour d’une aspiration commune, celle d’un mieux pour les malheureux, pour ceux qui souffrent, pour faire grandir les enfants et les jeunes qui sont notre avenir et tout cela sous l’éclairage de la foi chrétienne.”

Autisme, handicap, Fondation Notre Dame
Armelle.

Selon la Haute Autorité de santé, environ 700.000 personnes sont atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA) en France, dont 100.000 jeunes âgés de moins de 20 ans. “Ici, c’est une vraie maison pour nos jeunes. On fait tout pour qu’ils s’y sentent bien et qu’ils puissent s’insérer autant que possible dans la société”, continue Héloïse. “On les voit changer, grandir, progresser. Leur évolution est notre meilleure récompense.”

En savoir plus : 

Grâce à son réseau de donateurs, la Fondation Notre Dame soutient et encourage de nombreux projets caritatifs dans les domaines de l’éducation, de la solidarité ou encore de la culture chrétienne. Pour faire un don, cliquez ici

En partenariat avec la Fondation Notre Dame

Tags:
AssociationautismeHandicapParis
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