Tous les baptisés sont appelés à partir en mission et à témoigner de la vie dans l’Esprit. Aucun chrétien ne peut prétexter de son manque de formation pour se dérober à cet envoi. Cependant, il est compréhensible que certains chrétiens reculent devant le défi extraordinaire de parler de Jésus et de la Trinité dans un monde indifférent à la religion, quand il ne la brocarde pas ouvertement.
La concurrence fait rage sur le marché religieux
Dans ces conditions difficiles, comment procéder ? Hors de question d’asséner un cours de catéchisme à nos interlocuteurs ! Notre époque est allergique aux dogmes, sauf à ceux que la bien-pensance diffuse à longueur de journée dans les médias. De plus, l’individualisme de notre époque s’accommode mal des grands corpus théologiques. Aux édifices théoriques bien charpentés de jadis, l’homme postmoderne préfère le bricolage religieux, la religion “à la carte”. De nos jours, la spiritualité, c’est “Brico Marché” : un zeste de bouddhisme, une once d’hindouisme remasterisé, dénué de contraintes et d’ascèse, une pincée de développement personnel et pour finir, pour prouver sa tolérance et son ouverture, un fin nappage de soufisme. Dans ce contexte, comment parler de Jésus ?
La saveur de Dieu
Et si la bonne méthode consistait à aborder l’angle missionnaire par le goût que donne la foi à nos existences ? Car vivre de Dieu et avec Dieu-Trinité, ce n’est pas d’abord obéir à une loi extérieure mais plutôt accueillir en nous la saveur de Dieu, le sel de sa Parole et de ses dons. La foi est d’abord une affaire de goût. Dans ce domaine, la nécessité n’est pas contradictoire avec la joie. De même que manger est une affaire vitale mais aussi une activité qui procure du plaisir, de même prier Dieu et vivre avec Lui n’est pas seulement une affaire de justice et de salut, mais aussi une cause de joie et d’épanouissement.
Un désir toujours croissant de Dieu
Par exemple, dans l’écoute de la Parole de Dieu, l’âme trouve une saveur à nulle autre égale — la saveur même de Dieu. Saint Augustin affirmait que la grâce de Dieu ne se contente pas de nous nourrir, de dilater nos facultés et nous donner la joie, mais de plus cette joie divine véhicule en nous le désir de la grâce. Le goût de Dieu fait que nous redemandions encore de la grâce, comme on se ressert une part d’un plat délicieux ! Plus on s’approche de Dieu, plus grandit notre désir de Lui.
Dans l’écoute de la Parole de Dieu, l’âme trouve une saveur à nulle autre égale — la saveur même de Dieu.
C’est sur ce plan de la saveur, du goût de Dieu, que les chrétiens devraient insister pour exciter la curiosité de leurs contemporains auxquels ils sont envoyés. “Goûtez et voyez : le Seigneur est bon”, dit le psaume (Ps 33, 9). Dieu n’est ni ennuyeux ni insipide. Que les missionnaires laissent parler leurs expériences gustatives de la Parole ! Alors, leur éloquence touchera les cœurs et les esprits !