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Le redoublement d’une classe, même s’il se fait de plus en plus rare, reste une pratique française qui soulève régulièrement des questions. Depuis un décret de 2014, le redoublement est envisagé à titre exceptionnel, majoritairement dans les cas où l’enfant a manqué une grande partie de sa scolarité, par exemple pour des raisons de santé. A partir du CP, il peut parfois être conseillé à un enfant de redoubler sa classe, ceci étant plus fréquent au collège-lycée qu’au primaire. Le décret recommande un accompagnement pédagogique spécifique pour permettre la réussite de l’élève.
En effet, quand le corps enseignant envisage de proposer le redoublement d’une classe, il n’agit pas pour sanctionner, il s’agit d’une décision réfléchie orientée vers la réussite de l’élève. “Une élève, nouvelle en CE1, avait beaucoup consolidé la lecture, mais le reste du programme n’était pas vraiment acquis. Elle est passée en CE2, mais par la suite, avec ma collègue, nous avons beaucoup hésité à la faire passer en CM1”, partage Bénédicte, professeur des écoles en Normandie. “Bien que l’élève ait beaucoup progressé, redoubler lui permettait d’acquérir toutes les connaissances du cycle 2 (CE1 / CE2) avant la marche du CM1. Et les parents n’étaient pas opposés à un redoublement.” Le consentement et le soutien des parents sont importants pour que le redoublement se passe bien.
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L’aider à se faire de nouveaux amis
La première crainte de l’enfant concerne bien souvent les amis. En redoublant, l’enfant perd une partie de ses amis. Mais il s’en fait de nouveaux. Ceci peut être anxiogène voire représenter une vraie difficulté. Bénédicte poursuit: “L’élève était une enfant née en décembre, donc elle avait peu de décalage avec les enfants de sa nouvelle classe quand elle a redoublé. Elle était également de caractère très sociable et s’est facilement fait de nouveaux amis.” Les parents peuvent soutenir l’enfant pour qu’il tisse de nouveaux liens : par exemple inviter un ou deux nouveaux camarades le week-end permet de faire plus ample connaissance.
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Ne pas baisser les bras
“Cette petite fille était très volontaire, elle ne baissait pas les bras, nous avions confiance qu’elle réussirait un redoublement”, confie Bénédicte. Ce que partage l’institutrice est valable pour les parents : le redoublement d’une classe n’est pas là pour culpabiliser les parents. Il n’est plus temps de réécrire l’histoire mais d’avancer.
Ainsi Marie partage : “Mon fils est né prématuré, nous avons obtenu qu’il entre en classe selon sa date de naissance prévue et non selon sa date de naissance réelle. Quand il a eu des difficultés en 6ème et que la perspective d’un redoublement se profilait, nous étions inquiets : notre fils avait beau être né en décembre, en cas de redoublement il aurait presque deux ans d’écart avec ses camarades. Nous avons donc demandé de l’aide et changé sa façon de faire ses devoirs. Notre fils devait avant tout reprendre confiance en lui.”
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Faire preuve de précision et de réalisme
Il serait réducteur de dire qu’un enfant redouble par manque de travail. Pourquoi ne pas essayer de regarder avec lucidité ce qui a fonctionné, et ce qui devrait être modifié. Parfois un enfant préfère travailler avec l’aide d’un étudiant qui fait figure de grand frère plutôt que rester à l’étude. Un autre a besoin d’un sas de décompression et de faire du sport en sortant de l’école avant de se remettre au travail. Faire preuve de précision face à ce qui fonctionne ou pas, aide à ne pas retomber dans les mêmes travers.
Quelles sont les matières qui posent le plus de difficultés ? Est-ce plutôt à l’écrit ou à l’oral ? L’enfant comprend-il les textes qu’il étudie ? A-t-il suffisamment confiance en lui ou pense-t-il qu’il ne sera jamais bon dans telle matière ? Faire preuve de réalisme aide à faire évoluer les choses.
Apprendre à s’organiser, à planifier ses devoirs et ses révisions est une compétence à développer. Il est sage que l’enfant parvienne aussi à vérifier s’il sait vraiment ou s’il croit savoir. Les mind-map, fiches questions/réponses ou techniques de lecture peuvent l’aider à vérifier s’il arrive à retrouver dans sa mémoire les connaissances qu’il a étudiées en classe. Alors les informations s’imbriquent solidement.
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Maintenir un quotidien ordonné
Recommencer ne veut pas dire rater de nouveau. En revanche, pour ne pas recommencer les mêmes erreurs, il est bon de faire un peu de ménage dans ce qui n’a pas fonctionné. Les parents pourront veiller à ce que leur enfant dorme suffisamment, mange équilibré, fasse du sport, limite le temps passé devant les écrans. Jouer, discuter avec ses amis, prendre ses repas en famille en partageant les choses apprises dans la journée sont autant d’outils simples qui ordonnent le quotidien.
Lucie, professeur d’histoire au collège, encourage la lecture. “Un conseil : lire ! Peu importe quoi ! Romans, BD, journaux, livres sur la planète, les animaux, les étoiles, que sais-je ? Ce qui intéresse l’enfant. Les professeurs voient la différence entre un élève qui lit et un élève qui ne lit pas. Et si les parents peuvent être suffisamment patients pour écouter leur enfant partager ce qu’il a lu, c’est encore mieux, cela l’aide à organiser ses idées.” Pas facile de rester attentif aux digressions de son enfant ou aux mille détails du roman en cours ? Probablement, mais écouter et poser des questions à l’enfant portera du fruit.
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Partager des exemples réconfortants
D’autres élèves ont connu des difficultés et sont pourtant devenus de beaux exemples. L’enfant n’est pas isolé dans sa situation. Pourquoi ne pas rappeler que le saint Curé d’Ars n’a failli jamais être prêtre tant il était mauvais en latin ? Le célèbre saint manquait de mémoire et sa lenteur exaspérait ses éducateurs. Ou encore Léonie, la sœur de Thérèse de Lisieux. Autant ses sœurs étaient d’excellentes élèves, vives et spirituelles, autant la “pauvre Léonie” comme on l’appelait, n’arrivait pas à apprendre ses leçons ni à faire la moindre opération de calcul. Et pourtant, elle suit le chemin familial et sera peut-être prochainement déclarée vénérable.
Redoubler une classe peut donc être l’occasion de remettre sa confiance en Dieu. “Quel que soit votre travail, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour plaire à des hommes : vous savez bien qu’en retour vous recevrez du Seigneur votre héritage. C’est le Christ, le Seigneur, que vous servez.” dit saint Paul dans sa lettre aux Colossiens (Col 3, 23-24). Soutenir le redoublement de son enfant rappelle que, quel que soit le chemin, l’essentiel est de marcher vers le Seigneur.