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La France passe pour être la championne d’Europe en matière de protection sociale. À juste titre. En 2022, l’Hexagone a consacré près de 850 milliards d’euros à ces dépenses, soit 32,2% de son produit intérieur brut. Pourtant, nombreux sont ceux privés de couverture sociale, qu’elle soit totale ou partielle, et ce même si l’affiliation à la Sécurité sociale est obligatoire. À cela, il faut ajouter l’isolement des campagnes où les déserts médicaux s’étendent. Manque de médecins, hôpitaux situés trop loin du lieu d’habitation, manque de transports… Exclues du système de santé, de nombreuses personnes peinent à être prises en charge et se retrouvent dans une situation de misère médicale, à laquelle l’Ordre de Malte France s’efforce de pallier.
Dès 2017, la délégation de Haute-Vienne a ainsi monté une antenne médicale pour remédier à cette précarité qui ne dit pas son nom, avec la mise en place du centre de soins Saint-Martial. “Entre 30 et 40% de nos patients n’ont pas de couverture sociale, y compris des personnes de nationalité française. Lorsqu’elles en ont une, il arrive très régulièrement qu’elles n’aient pas les moyens de faire face au reste à charge car elles n’ont pas de mutuelle”, explique à Aleteia Alain Bourion, délégué de l’Ordre de Malte France pour la Haute-Vienne. Objectif ? Leur apporter des soins dans les domaines médicaux où ce reste à charge est élevé. Soins dentaires, ophtalmologiques ou dermatologiques : depuis l’ouverture du centre à Limoges, ce sont plus de 5.000 consultations qui ont été réalisées pour plus d’un millier de patients différents, par une trentaine de bénévoles. Pour venir consulter, il faut être référé par une assistante sociale ou la caisse primaire d’assurance maladie.
Mais il arrive que le centre de soins ne suffise pas à combler tous les manques. “Nous avons décidé de monter une antenne médicale mobile qui devrait bientôt débuter ses tournées”, déclare Alain Bourion. “Le désert médical est une réalité, et il y a aussi beaucoup de personnes qui ne peuvent pas se déplacer : pas de voiture ou plus de permis, essence trop chère et pas de transports… En pleine campagne, beaucoup sont isolés. Si on ne va pas à leur rencontre, ils ne peuvent pas se soigner.” Deux véhicules dotés d’équipements ophtalmologiques et dentaires sillonnent donc les routes de Haute-Vienne, mais aussi de Corrèze et de Creuse depuis la fin du mois de mai.
Le mal de l’isolement
Même constat dans l’Eure, où règne une misère cachée, déplore Joseph Jouffre, délégué. Depuis janvier 2024, son antenne a elle aussi lancé un dispensaire mobile. Il suit les distributions alimentaires organisées pendant la semaine. Pour le faire tourner, trois médecins généralistes et une infirmière se relaient deux jours par semaine. En une journée, le véhicule a assuré douze consultations et parcouru 250 kilomètres. “On assure des consultations de médecine générale et on renouvelle de plus en plus d’ordonnances : rendez-vous compte, les gens sont obligés d’attendre sept mois juste pour demander ce renouvellement chez un généraliste…”, soupire Joseph Jouffre. Mi-mai, l’antenne médicale mobile a pu détecter une tumeur cancéreuse chez un patient de 70 ans atteint du syndrome de Diogène. Pris en charge in-extremis par un ORL, il n’avait aucune couverture sociale. Personnes âgées, seules, sous emprise de la drogue… L’antenne médicale mobile fait face à toutes les situations. Et devient aussi le lieu de toutes les confidences. “En général dans les campagnes, on se confesse à son curé et à son toubib. Alors on ne confesse pas, bien-sûr, rit Joseph Jouffre, mais il y a aussi un besoin de s’épancher auquel on répond”.
Dans les villes, la détresse prend des formes plus visibles, et nécessite autant de réponses. À Nice et à Antibes, l’Ordre de Malte France a commencé par ouvrir une antenne médicale mobile, en 2021. “On se cale sur les distributions alimentaires en nous rendant à deux endroits différents de la ville, deux fois par semaine. Environ 250 personnes sont servies et viennent ensuite au véhicule médical pour consulter en médecine générale”, explique à Aleteia Éric Odienne, délégué de l’Ordre de Malte France dans les Alpes-Maritimes. “85% des personnes concernées n’ont pas de couverture sociale ou une couverture partielle. Les 15% restants sont des gens complètement désorientés dans le parcours de soins.” En janvier 2023, pour compléter l’action du dispensaire itinérant, un centre de soins fixe a été ouvert à Nice. Psychologie, pédiatrie, psychiatrie, gynécologie ou encore kinésithérapie : les patients peuvent consulter tous les professionnels de santé en une seule fois sur rendez-vous.
Derrière ces initiatives, un seul désir : celui de servir, rappelle Joseph Jouffre : “Quand on se penche sur un malade, c’est sur le Christ qu’on se penche. “Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites” : c’est ça, le charisme de Malte.”
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En partenariat avec l’Ordre de Malte France