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Revenir de mission, et après ?

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MEP

La rédaction d'Aleteia - publié le 10/06/24

Si la mission attire, nombreux sont ceux qui n’osent pas s’engager par peur du retour, ce temps parfois difficile qui nécessite de se réajuster à la vie quotidienne, loin de l’exaltation de la mission. Caroline et Cyrille, anciens volontaires des Missions Étrangères de Paris, témoignent.

Ils sont nombreux, ceux qui appréhendent le retour en France, cette période de flottement qui sépare la fin de la mission du retour à la vie normale, dans ce qu’elle a de joyeux, mais aussi parfois, de monotone. Loin de ces pays du bout du monde, où la vie exaltante file à cent à l’heure, loin de ces écoles, hôpitaux ou villages où l’on se sent utile, en étant venu servir ceux qui en avaient besoin, le retour en France est parfois difficile. Caroline et Cyrille, deux anciens volontaires, témoignent pour Aleteia.

Se réhabituer à sa vie en France

Caroline a 25 ans. Partir avec les Missions Étrangères de Paris (MEP) en Thaïlande, c’était un peu, pour elle, le prolongement d’une mission qu’elle vit déjà en France, elle qui travaille dans une structure qui emploie des personnes en situation de handicap cognitif et mental. Durant sa mission d’un an, elle a rejoint un village karen, au nord du pays. Cyrille, lui, est un ingénieur en mathématiques toulonnais de 27 ans. Sa mission, il l’a passée aux Philippines, à Sapang, il y a six ans, où il a revêtu la fonction d’éducateur auprès de jeunes adolescents. Caroline rêvait de cette mission depuis longtemps. Son diplôme en poche, elle quitte la France et rejoint l’Asie, tout en gardant en tête l’idée de chercher un travail à son retour. “Je savais avant de partir que mon année serait hyper formatrice et que ce ne serait pas un frein pour chercher mon premier emploi. C’est vrai qu’on ne peut pas vraiment savoir à l’avance comment on sera au bout d’une telle année, mais j’étais certaine que la mission me ferait grandir”. Cyrille, lui, a profité d’une année de césure au milieu de ses études pour partir. “Le décalage entre ce monde occidental régi, en partie, par le temps et l’argent et toutes les valeurs reçues de nos amis là-bas” lui a demandé à son retour un temps d’adaptation pour se réhabituer à sa vie, ici.

Lors des weekends organisés au retour de mission des volontaires, ceux-ci peuvent, s’ils le souhaitent, rencontrer un psychologue mandaté par les MEP lors d’un entretien d’une trentaine de minutes. Stéphane Guyoton, psychologue clinicien, a l’habitude d’accompagner les volontaires sur le sujet précis de leur retour de mission. Pour lui, l’enjeu est avant tout d’ordre relationnel et affectif. “Ce qui vient en premier, c’est l’angoisse de séparation que ressentent les volontaires qui ont tissé des liens en mission. On quitte un monde pour revenir à l’ancien monde qui a changé.” C’est d’ailleurs pour répondre à ce besoin que les MEP accompagnent les volontaires dans ce moment de réadaptation, comme le souligne Claudia Udala, chargée animation et réseau qui s’occupe des anciens volontaires. “À leur retour de mission, ils rejoignent les AluMEP, le grand réseau des anciens volontaires. Ainsi, pour aider les volontaires à leur retour de mission, le Volontariat des Missions étrangères de Paris (MEP), a mis en place un système d’accompagnement pour aider dans les défis du retour et permettre que leur volontariat soit un tremplin pour leur vie”, détaille-t-elle. “De plus, certains volontaires ont besoin d’un coup de pouce sur le plan professionnel, ils peuvent bénéficier de l’aide d’un réseau de coachs professionnels certifiés quels que soient leurs besoins ou les thématiques. L’expérience de volontariat n’est pas un frein à l’embauche au retour, la mission est une expérience de plus en plus appréciée par les recruteurs.”

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C’est grâce à l’accompagnement dont elle a bénéficié que Caroline a pu vivre paisiblement son retour de mission. “Avec les MEP, on est suivi par un chargé de mission dès qu’on reçoit son pays de mission et tout au long de son volontariat. Peu avant mon retour, mon chargé de mission m’a briefée sur l’atterrissage et m’a donné des conseils pour bien gérer cette période de transition.” Avec le sourire, Caroline se souvient : “Pour le retour on rejoint le réseau des AluMEP et on participe à l’un des week-ends dédiés à l’après-mission. Pour moi, c’était seulement trois semaines après avoir atterri.” Un accompagnement qui lui a permis de traverser sans encombre ces semaines qui ont suivi son retour en France : “En mission, le quotidien était radicalement différent de celui auquel j’étais accoutumée en France… Les seuls liens que j’arrive à conserver avec la mission sont ceux que j’entretiens avec les autres volontaires, ces liens sont tellement précieux.” 

Retrouver du sens après la mission

Sans trop y penser, ou sans vouloir y penser, Cyrille vit paisiblement sa mission auprès des jeunes de Sapang. Au loin, la perspective du retour le trouble tout de même un peu : “Deux choses me paraissaient difficiles. La première, c’était de retourner sur les bancs de mon école et m’ennuyer, loin de l’agitation frénétique que je vivais là-bas. La seconde, c’était de parvenir à trouver un sens à ma vie en France, d’un point de vue professionnel, déjà, mais humain, surtout.” Pris par l’intensité de la mission, ce n’est pas à l’autre bout du monde que les volontaires ont l’esprit suffisamment libre pour anticiper leur retour. 

“Sur place, estime Caroline, j’avais du mal à y penser, pourtant l’année est passée à une vitesse folle et il a bien fallu que je me rende à l’évidence. Je pensais que j’allais très vite reprendre mes habitudes et oublier mon année passée auprès des Karens.” Loin des siens et sans réseau, à l’autre bout du monde, la jeune femme s’attend à ressentir un décalage avec les proches qu’elle a laissés et qu’elle retrouve au bout d’un an. “Je m’attendais à être un peu à côté de la plaque en rentrant mais finalement, les retrouvailles se sont faites très naturellement.” “Il faut revenir à cette réalité, passé le temps des retrouvailles, pour se réinstaller dans sa vie ici”, estime Stéphane Guyoton. Pour le psychologue, il est important de partager ses appréhensions à l’approche du retour, ou une fois rentré en France. “C’est normal d’appréhender ce moment, mais il ne faut pas rester seul dans ses angoisses. Il faut aussi avoir conscience que cette période va demander quelques ajustements, mais c’est tout à fait naturel, et passager.” 

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Des conseils précieux pour retrouver sa vie, ici

Pour Caroline, le retour a aussi constitué une épreuve, physiquement : “C’est vraiment propre à chacun, mais j’étais très fatiguée en rentrant. C’est tout bête, mais il a fallu que je me réadapte à la nourriture par exemple.” Pour se réhabituer à sa vie en France, la jeune femme se crée un sas de décompression et passe quelques semaines chez ses parents, à la campagne : “J’avais besoin d’être tranquille ces premiers temps. J’ai retrouvé ma famille proche puis ensuite seulement mes amis.” Pour Caroline, si on ne revient pas “transformé” de mission, “on ne peut pas nier que certaines choses changent et revenir de mission, ça se prépare. Ca permet d’ailleurs d’avoir l’esprit tranquille sur ce qu’il va se passer à l’instant où l’on sort de l’avion et d’être serein pendant ces dernières semaines de mission pour en profiter jusqu’au bout”. 

Cyrille, lui, a trouvé un véritable soutien dans ses échanges avec d’autres anciens volontaires MEP : “Ce sont eux qui comprennent vraiment la mission, dans ses joies et ses difficultés, car eux-mêmes ont vécu la même chose.” Les deux anciens volontaires s’accordent pour dire que la mission, elle, n’est pas un livre qui s’écrit au loin et qui se ferme au retour en France. C’est ici qu’elle se prolonge. “Témoigner, conclut Cyrille, c’est aussi ce qui permet de raviver ce qu’on a vécu là-bas pour en tirer sans cesse de nouveaux enseignements”, c’est faire porter du fruit à cet arbre qui a germé en mission dans un pays du bout du monde. 

Pratique

Les MEP envoient des jeunes entre 20 et 35 ans, étudiants, jeunes pro, professionnels confirmés, célibataires ou couples mariés, pour des missions de 3 mois à 2 ans. Différents types de missions sont proposés : enseignement, soin, gestion de projet ou encore animation. Prochaines dates de formation : du 24 au 30 juin 2024 ; du 21 au 27 octobre 2024 ; du 27 janvier au 2 février 2025 ; du 7 au 13 avril 2025 et du 23 au 29 juin 2025.

Plus d’informations sur volontairemep.com ou contacter Jean-Louis à jeanlouisghazal@volontairemep.com ou au +33 6 09 23 94 13

En partenariat avec Volontaire MEP

Tags:
humanitaireMissionMissions étrangères de Paris
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