Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
La souffrance fait partie de la vie. Durant ces moments difficiles, certains saints peuvent aider à mieux les appréhender et à les traverser. Le Père Jean-Marie Simar, ancien recteur du sanctuaire Louis-et-Zélie-Martin à Alençon, dévoile le secret des époux Martin pour tenir bon dans l’épreuve.
Faut-il souffrir pour être saint ?
Père Jean-Marie Simar : Non. Parce que, au Ciel, nous sommes saints sans souffrir. Mais sur la Terre, saint ou non, croyant ou non, que nous le voulions ou non, nous sommes tous confrontés à un moment ou à un autre à la souffrance. Le chrétien qui veut être saint accepte celle-ci et l’offre en union avec celle du Christ. Ainsi, il deviendra semblable au Christ.
En quoi la souffrance peut-elle être « rédemptrice » ?
Seules les souffrances de Jésus offertes par amour sont rédemptrices, Lui seul nous a sauvés. Mais Dieu a voulu nous associer à son plan de salut. C’est ce que dit saint Paul : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église» (Col 1, 24). On peut alors parler, comme l’a fait le saint pape Jean Paul II, de souffrance « corédemptrice ». Cela signifie que, telle la mère des douleurs, nous unissons toute notre souffrance, quelle qu’elle soit (maladie, peine…), à celle du Christ pour le salut des autres. Ainsi, notre souffrance revêt une valeur incommensurable et indicible. Pour ce faire, il suffit de dire à Jésus : « Je te l’offre pour la conversion des autres, pour la paix du monde…”
Sainte Zélie Martin parlait beaucoup de résignation. Faut-il être résigné face au mal ou, au contraire, se battre ?
Dieu ne veut pas la souffrance, Il ne l’a jamais voulue, tout comme Il n’a jamais voulu sa cause : le péché. Ce n’est pas Lui qui nous envoie la souffrance pour nous punir, comme on peut le penser parfois. C’est pourquoi on peut tout faire pour empêcher, soulager ou guérir la souffrance. C’est bien ce que Zélie a fait, elle a prié pour sa guérison, jusqu’à aller à Lourdes… Mais, d’un autre côté, elle ne s’est pas révoltée contre Dieu, elle a tout accepté et a abandonné sa vie entre les mains de Dieu, comme elle l’écrit à sa belle-sœur : « Le mieux est de remettre toutes choses entre les mains du Bon Dieu et d’attendre les événements dans le calme et l’abandon à sa volonté. C’est ce que je vais m’efforcer de faire » (Correspondance familiale 45). Ainsi, sa bataille consistait à s’abandonner à la volonté de Dieu et non à lutter pour échapper coûte que coûte à la souffrance.
La souffrance peut porter à la révolte contre Dieu. Pas une once de révolte chez les Martin ?
Louis et Zélie, par leur vie de prière et sacramentelle, par leur engagement à vivre selon l’Évangile, ont vu leur amour pour Dieu tellement grandir qu’il n’y avait plus aucune place pour la révolte. Au contraire, ils étaient pleins de compassion pour toutes les souffrances que Jésus et la mère des douleurs ont endurées par amour pour nous. Ils étaient conscients que souffrir en union avec eux était une grâce. Cette compassion envers le Crucifié les a conduits à aimer davantage le prochain, et les pauvres en particulier.
Y a-t-il une « recette Martin » pour traverser les épreuves ?
En regardant le Crucifié et sa mère douloureuse, les époux Martin ont compris la valeur rédemptrice de la souffrance portée et offerte par amour. C’est pourquoi, sans se poser de question, sans se rebeller contre Dieu, ils ont accepté la croix de chaque jour, la plus petite comme la plus lourde. Ils ont puisé la force pour cela dans la sainte eucharistie et dans la communion quotidienne, car ils allaient chaque jour à la messe. Ainsi, la souffrance est devenue pour eux et pour leurs enfants une bénédiction. Zélie, alors atteinte du cancer, disait un jour : « S’il ne fallait que le sacrifice de ma vie pour que Léonie devienne une sainte, je le ferais de bon cœur » (Correspondance familiale 184).
Propos recueillis par Luc Adrian