14/02/2014
Les jours passent et la spirale de la violence ne semble pas vouloir s'enrayer en Centrafrique. Depuis le renversement du président François Bozizé en mars 2013 et le départ forcé de Michel Djotodia en janvier dernier, le pays est confronté à des violences intercommunautaires qui, depuis plusieurs jours, prennent de plus en plus l'allure d'un véritable génocide, à en croire les révélations de l’archevêque de Bangui.
Mgr Dieudonné Nzapalainga, s’est rendu récemment dans une localité du nom de Bodango, située à 192 km de Bangui, d’où tous les musulmans avaient disparu. Quand il a demandé aux membres de l’anti-Balaka (groupe de miliciens à dominante chrétienne) où ils étaient, il lui a été répondu que les musulmans avaient été expulsés. L’archevêque doute de cette version : « Il est impossible que plus de 200 musulmans, dont des enfants et des personnes âgées, aient parcouru 192 kilomètres. ».
Mgr Nzapalaigna a informé deux ministres qu’il avait « vu des choses faisant penser à un génocide », rapporte l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED) mais même les ministres lui ont répondu que les personnes en question avaient été déplacées. « S’il n’y a personne qui arrête cette main du diable, elle atteindra son but. Il y aura beaucoup de gens chassés et tués », a averti l’archevêque.
Ce qui se passe à Bohong rappelle à l’archevêque des souvenirs du génocide au Rwanda : « Quand je suis arrivé, une partie d’un quartier de la ville avait été complètement incendiée. J’ai vu que même des gens avaient été brûlés. On pouvait voir des os et des têtes humaines. Je n’avais vu de telles choses que dans des films sur le Rwanda, mais pas chez nous. Je pense que le Mal était là. Maintenant, le mal nous a touchés. Il se montre à travers le désir de tuer, de détruire. C’est le diable. »
Il a instamment demandé à l’ONU d’envoyer des soldats de la paix, et a regretté que la présence militaire actuelle ne soit pas suffisante, compte tenu de la taille du pays.
Amnesty International constate effectivement un exode musulman « sans précèdent » dans l’ouest du pays. le 12 février, l'organisation internationale a interpellé la communauté internationale pour « faire barrage au contrôle des milices anti-balaka et déployer des troupes en nombre suffisant dans les villes où les musulmans sont menacés ».
La présence des 1.600 militaires français de la force Sangaris et de 5.000 soldats africains de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) n'a pas permis de rompre le cycle violences qui a fait plus de 2.000 morts et un million de déplacés, soit un quart de la population. L'Union européenne s'est engagée à envoyer 500 hommes supplémentaires et la présidente centrafricaine par intérim Catherine Samba-Panza a demandé la transformation de la Misca en mission des Nations unies.
Sources: AED –