18/04/2014
Malgré l’intervention de plus de 2000 militaires français et l’arrivée de 6000 soldats de la force panafricaine, la situation en Centrafrique reste très préoccupante. «C’est le chaos le plus total : on ne respecte plus rien ni personne», peut-on ainsi lire dans un témoignage pour Libération. Les actes de haine et de violence se multiplient entre communautés et une hausse de la criminalité inquiète les organisations.
Lors d’une visite en mars dernier dans le pays, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillav, avait déploré la situation dramatique en Centrafrique : « « Bien que les tueries à grande échelle qui ont eu lieu en décembre et janvier paraissent être arrêtées pour le moment, principalement en raison de la présence des forces africaine Misca et française “Sangaris”, des personnes continuent d’être tuées quotidiennement ». Les heurts interreligieux plongent le pays dans une situation catastrophique.
C’est dans ce contexte délicat que l’évêque de Bossangoa, Mgr Désiré Nestor Nongo Aziagbia, et trois prêtres ont été brièvement enlevés par des combattants de l’ex-rébellion Séléka dans le nord du pays. La Séléka est une coalition de forces rebelles opposées au président François Bozizé. Ce mouvement à dominante musulmane continue de semer la terreur dans tout le pays et se confronte aux chrétiens, qui constituent 80% de la population centrafricaine. Les persécutions religieuses sont nombreuses en Centrafrique. Face à la Séléka, les milices anti-balaka à majorité catholique sévissent elles-aussi dans le pays (cf Aleteia).
« Nous avons été informés par les habitants qu’ils ont été enlevés par des ex-Séléka, qui ont confisqué le véhicule à bord duquel ils se trouvaient. Après des recherches, nous avons découvert qu’ils étaient conduits sur la route de Kabo, vers la frontière tchadienne », a affirmé un officier de la force africaine à Bangui. « Aussitôt des contacts ont été établis et des négociations engagées dès hier dans la soirée. Elles ont repris tôt ce matin avec les responsables ex-Séléka qui ont fini par libérer l’évêque et les trois prêtres qui étaient avec lui » a-t-il précisé ce jeudi.
Dans le pays, les troubles politiques, interreligieux et sécuritaires ont entraîné une crise humanitaire sans précédent : sur 4,6 millions habitants, 2,3 millions sont en « situation d’assistance humanitaire » selon l’ONU. Le bureau de l’ONU de la coordination des affaires humanitaires dénombre plus de 400 000 déplacés internes et 68 000 réfugiés centrafricains dans les pays voisins, notamment en République démocratique du Congo.