29/05/2014
La première audience du procès en appel d’Asia Bibi, mère de 5 enfants et condamnée à mort pour « blasphème » (rappel des faits ici), devait avoir lieu le 27 mai dernier. Sans véritable motif, l’audience a été reportée. Depuis février, le procès a subi quatre renvois pour divers motifs, souvent ambigus.
C’est une attente interminable pour la jeune femme et sa famille, et les renvois continuels du procès sont difficilement justifiables. L’avocat chrétien Sardar Mushtag Gill, responsable de l’ONG LEAD – Legal Evangelical Association Development – qui suit le cas d’Asia Bibi, a confié à l’Agence Fides que les magistrats « ne veulent pas se prononcer sur le cas d’Asia Bibi. Ils évitent de décider quoi faire dans un cas aussi délicat, notamment par crainte de rétorsions et de vengeances de la part des intégristes. Tel est le motif des renvois continuels dans le cadre du procès en appel ».
Sardar Mushtag Gill dénonce à Fides cette situation très préoccupante : « De nombreuses victimes innocentes languissent dans les prisons seulement à cause de leur foi. Parmi elles se trouvent Asia Bibi et Sawan Masih [chrétien condamné à mort en avril dernier]. Entre temps, la foule des extrémistes qui a incendié des maisons et des églises de chrétiens demeure impunie ».
« La loi sur le blasphème est devenue un instrument de persécution y compris de ceux qui défendent les accusés. Le Pakistan est devenu un pays très dangereux pour les minorités » dénonce Maître Gill. « Nous vivons actuellement l’un des pires moments de l’histoire du pays. Nous constatons des niveaux de marginalisation et de violence sans précédent à l’égard des minorités religieuses. Comment pouvons-nous parler de liberté religieuse, de liberté de pensée et d’expression si la loi ne constitue pas une garantie pour tous, s’il n’existe pas de procès équitable et si une injuste détention est répandue se basant seulement sur la différence de credo religieux ? » déplore-t-il.
Pour Asia Bibi, l’insupportable attente pour être fixée sur son sort continue. La première audience de son procès en appel a été reportée sans même qu’une autre date soit prévue. L’affaire, très médiatisée, a ému et mobilisé le monde entier. Le cas de la jeune femme est le fruit d’une loi introduite en 1986 et qui punit de mort le "blasphème", dont beaucoup demande l’abrogation.