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Demandeurs d’asile : un prêtre convoqué au tribunal de police

père Gérard Riffard

DR / diocèse de St Etienne

p&egrave;re <strong>G&eacute;rard Riffard</strong>

Mathilde Dehestru - publié le 10/06/14

Le père Gérard Riffard héberge des demandeurs d’asile au sein de l'annexe de sa paroisse. Il est convoqué le 11 juin prochain.

Le père Gérard Riffard, président de l’association Anticyclone, passera devant le tribunal de police le 11 juin prochain. Il héberge depuis plusieurs années des demandeurs d’asile dans les locaux de son église Sainte-Claire, alors qu’un arrêté pris par la municipalité de Saint-Étienne a interdit en 2013 tout hébergement dans ces locaux pour raisons de sécurité.

Les locaux de cette annexe de l’Église ont des allures de logements improvisés : un espace d’environ 50 m2, des dizaines de matelas alignés à même le sol, un petit coin cuisine et des toilettes. Alors qu’ils risquaient de se retrouver à la rue, une cinquantaine de personnes, dont 11 enfants, ont été secourues par le père Riffard et ont ainsi trouvé une maison de fortune. « Évidemment, les conditions sont difficiles. Mais nous n’avons pas le choix. Mieux vaut ça qu’être dehors », a confié une jeune congolaise qui bénéficie de ce local à l’Essor affiches.

Si en France, une personne qui dépose une demande d’asile peut bénéficier d’un logement d’urgence dans l’attente d’une décision, la ville de Saint-Étienne ne peut plus proposer de logements et ne peut répondre aux besoins des demandeurs d’asile. Le père Riffard estime alors que, malgré la signature de l’arrêt de fermeture des locaux en 2013, considérant que ces locaux n’étaient pas aux normes de sécurité, il est de son devoir d’accueillir les demandeurs d’asile.

Le prêtre a reçu un grand nombre de soutiens, dont celui l’évêque de Saint-Étienne, Mgr Dominique Lebrun. « Que doit faire un prêtre, un chrétien : laisser des personnes à l’insécurité de la rue ou bien leur ouvrir sa modeste porte ? (…) Notre société dit qu’elle ne peut pas prendre en charge toute la misère du monde. Doit-elle, pour autant, interdir de faire du bien ? « Tu aimeras ton prochain comme toi-même… et moi, je vous le dis, aimez vos ennemis » : ce sont deux paroles de Jésus qui constituent la loi suprême que nous proposons à la société, et que nous voulons essayer de vivre », a t-il rappelé dans un communiquéle 28 mai dernier. Yves Scanu, président du Réseau éducation sans frontière de Loire, a estimé quant à lui que « passer devant la justice parce qu’on fait le bien, on tombe vraiment sur la tête ».

Le père Gérard Riffard ne perd pas espoir. Il se rendra devant la justice le 11 juin prochain pour dénoncer l’injustice d’une société aveugle aux inégalités : une invraisemblance qui ne déroute pas le prêtre. Il espère que sa condamnation sera utile et vecteur de changements pour les demandeurs d’asile. Le père Riffard risque une amende et une peine privative ou restrictive de droit. L’évêque de Saint-Étienne l’a soutenu en déclarant : « l’accueil est précaire, très précaire, mais pas dans nos cœur ».

L’association Anticyclone, dont le père Gérard Riffard est le président, est née en 2010. « Chasser la dépression pour garder le ciel bleu même par temps froid », son slogan est révélateur de la détermination de l’homme d’église charismatique et présent auprès des plus nécessiteux. Retrouvez le portrait de l’association ici.

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