Haïm Korsia a été élu grand rabbin de France ce dimanche 22 juin par 131 voix contre 97, pour une période de sept ans. À 51 ans, l’ancien aumônier général israélite des armées représente un judaïsme ouvert au dialogue avec les autres religions, attaché à la République française. Il regrette dans ce contexte un climat d’indifférence, voire de rejet contre les juifs de France, qui pousse une partie d’entre eux à partir pour Israël. Il a ainsi expliqué pour le Nouvelobs.com que « Les "aliyah" [retour en Terre sainte] réussies sont celles qui viennent d’un choix construit, pas celles qui se fondent sur une amertume envers la France, parce qu’elle ne serait plus la même »
Dans la même interview, il a fait part de son inquiétude devant les remises en cause, par l’Europe, de la circoncision et de l’abattage rituel. Mais son plus gros chantier sera certainement la remise en route de l’école rabbinique de Paris, qui ne compte plus, toutes sections confondues, que neuf élèves : « Il faut refaire de l’école rabbinique un pôle de pensée juive, comme il le fut par le passé ». Très attendu aussi sur la question de la place de la femme, il souhaite par exemple harmoniser la cérémonie de Bat Mitva, et mettre en place un cursus d’études pour les jeunes filles.
Le personnage ne manque pas d’influence, comme le révèle une affaire révélée par Mediapart : pour permettre à des étudiants juifs pratiquants de passer un examen qui tombait le jour de la Pâques juive, jour chômé, il est parvenu à obtenir un dispositif spécial, grâce à l’intercession de Nicolas Sarkozy. L’anecdote vient d’ailleurs nuancer son portrait de « libéral », dans la mesure où cette mesure d’exception a été obtenue pour des étudiants juifs orthodoxes.
Enfin, Haïm Korsia a été membre du comité consultatif d’éthique jusqu’en 2009 et a notamment écrit Bioéthique : L’homme démultiplié, une réflexion juive sur l’humanité à venir (Oxus, 2009). Les questions du mariage pour tous, de la GPA et PMA lui sont bien connues, mais on ignore s’il défendra des positions aussi fermes que son prédécesseur, Gilles Bernheim, qui avait finalement dû quitter son poste pour une affaire de plagiat et de faux diplôme, qui n’aurait peut-être pas été soulevée et aussi médiatisée sans ses prises de position fermes contre la loi Taubira. Le nouveau grand rabbin de France affirme quant à lui qu’il était opposé au projet de loi relatif au mariage homosexuel, mais estime que le sujet est maintenant dépassé que la loi est votée, et qu’il faut par conséquent cesser ce combat.