Comme s’il suffisait de dire que quelque chose est enterré et abandonné pour que ce soit vrai… Par un tour de passe-passe comme seule la communication politique et l’accord tacite des médias le permettent, l’expérimentation controversée sur l’égalité des sexes ne sera donc pas reconduite, tout en étant en fait… généralisée ! En effet, les ministres de l’Éducation et des Droits des femmes, Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem, ont annoncé ce matin, 30 juin, leur « plan d’action » pour remplacer le dispositif expérimental des ABCD de l’égalité.
Pour remplacer le dispositif expérimental des ABCD de l’égalité, le gouvernement prévoit ainsi qu’une « mallette pédagogique » soit mise à disposition des 320 000 enseignants pour les aider dans leur apprentissage de la lutte contre les inégalités. « Dès la rentrée (…), la formation initiale de tous les professeurs s’enrichira d’un module consacré à l’égalité entre les sexes », a ainsi déclaré Benoît Hamon au Parisien, afin de rassurer ceux qui voient cette initiative comme un « pas en arrière ». « Pour les enseignants déjà en exercice, nous l’intègrerons dans la formation continue, ce qui pourrait représenter potentiellement 330 000 enseignants du premier degré », a-t-il ensuite ajouté. Moralité : un module obligatoire remplace l’expérimentation dans 175 écoles. Et quand il s’agit d’inculquer une idéologie dans les esprits des enfants, on trouve toujours des moyens…
Clairement, l’annonce faite aujourd’hui est, pour être poli, une duperie. Cette pseudo « mallette pédagogique », si le gouvernement la présente comme une nouvelle avancée vers l’égalité des sexes, se révèle finalement n’être que la généralisation de l’expérimentation de l’ABCD de l’égalité. Bref, si le terme change, l’idée reste : tous les enseignants seront formés à ces prétendues « avancées sociales », ces théories scolaires d’un nouveau genre.
Libertépolitique.com n’hésite pas à parler de "fuite" du gouvernement : « Monsieur Hamon l’avait bien dit, le passage en force ne passe pas, il faut employer la ‘méthode douce’ ». La mallette pédagogique, si l’on en change la dénomination, s’inscrit en effet dans la totale continuité de la réforme du genre. De plus, le gouvernement semble encore et toujours avoir « oublié » un pilier fondamental dans la formation des enfants. Car les grands absents de cette réforme sont encore et toujours les parents. Mais, après tout, l’une de ses collègues n’avait-elle pas affirmé que les enfants n’appartenaient pas à leur parents, mais à la République ? Si la volonté de Benoît Hamon était vraiment de renforcer l’égalité par un élargissement de la lutte contre les stéréotypes sexistes, pas question de critiquer cette volonté plus que louable sur le principe. Mais cette nouvelle pédagogie va en fait bien plus loin que la simple parité, et ne peut faire taire les inquiétudes légitimes des parents, qui n’ont jamais été consultés sur ce sujet.
Pour faire baisser les armes aux opposants à ces réformes, le gouvernement ne manque pas d’imagination et parle d’avancées sociales, de progrès, d’égalité, de lutte contre les préjugés… Confronté à la fronde des JRE (Journées de Retrait de l’Ecole), et à la perte d’une partie de l’électorat socialiste lors des dernières élections municipales notamment du fait de cet ABCD de l’égalité, Benoît Hamon tente tant bien que mal de rassurer les parents : « Certains ont cru que l’école allait mettre en cause l’identité des enfants, comme si le fait que filles et garçons soient différents remettait en cause le fait qu’ils soient égaux. Il faut démystifier ce que certains ont raconté et qui n’a strictement rien à voir avec ce qui s’est passé dans les classes », a affirmé le ministre de l’Éducation. Alors, enterrés, les ABCD de l’Egalité ? Au contraire, juste généralisés après abandon du nom. Comme si arracher l’étiquette d’une bouteille de poison suffisait pour la rendre moins dangereuse…